Archive | septembre, 2014

ILTVSW pilot crush: Black-ish

28 Sep

FRA/ENGLISH

Tadaam! Aujourd’hui, au programme, des maths et de la chimie. Oui, c’est possible d’avoir été la pire des élèves en science (0,5/20 au bac à l’épreuve de maths) et d’avoir surmonté le choc post traumatique qui a suivi pour essayer un jour de faire quelque chose avec des chiffres et des formules. Évidemment, il faut qu’un contexte favorise un tel acte de bravoure. C’est le cas aujourd’hui. La rentrée séries TV bat son plein. Une période de vie ou de mort pour les nouveaux venus. Logiquement totalement obsédés par les audiences et les cibles significatives (vous avez entre 18 & 49 ans, eh bien, oui, c’est vous). Bref, les maths, quoi. C’est donc un chemin très dangereux que j’emprunte aujourd’hui. Je vais sagement me concentrer sur une seule équation.

Depuis que j’ai commencé à bloguer, le sujet de ILTVSW a toujours été l’exploration des sentiments durables. Qu’il s’agisse de l’amitié ou, oui disons le mot, l’aaaaamour. Mais, dès cette semaine, j’ai décidé de m’aventurer, de temps en temps, sur le territoire connu en calcul littéral comme X = N – 1. Ce qui traduit en français donne: que se passe-t-il juste avant le sentiment durable? Le crush, quoi. Un truc se passe, on ne sait pas trop quoi. On veut juste qu’il se passe encore. Et encore. Tout le sujet de mon nouveau type de posts ILTVSW pilot crush.

Grâce à la chaîne ABC, je peux me lancer avec un énorme crush. Son titre: Black-ish. Une sitcom qui nous raconte le quotidien d’une famille noire aisée en proie à « un questionnement d’ordre identitaire » résumerait un professeur au Collège de France ou sa « Blackitude » comme dirait le ministre de l’écologie. N’objectez pas qu’il y a trente ans déjà un talentueux artiste appelé Bill Cosby avait montré à la télévision qu’on pouvait être un médecin et une avocate mariés et élever une joyeuse et harmonieuse famille noire. A cette époque, c’était révolutionnaire. Et cela a, sans aucun doute, influencé l’imaginaire collectif américain.

 

Nous ne sommes pas un groupe monolithique 

 

The Cosby Show (*) ou la première étape d’une nouvelle normalité. Black-ish n’aura évidemment pas le même impact. Cependant, il repousse une nouvelle frontière. Il permet à un homme noir, Andre Johnson, de dire haut et fort en prime time à la TV: « Je veux trop que mes enfants soient noirs! » Culturellement noirs. Non, le poulet frit n’est pas du poulet rôti (**) Il ne faut pas rigoler avec les traditions. En s’autorisant cela, la série pose une question: qu’est-ce qu’être noir dans l’Amérique aujourd’hui? Cela suffit-il à définir un individu?

Le titre Black-ish est en anglais un adjectif et, dans le cas qui nous occupe, un début de réponse. Dans la série, les enfants n’ont pas à voir le monde en noir et blanc. C’est parfait aussi, s’ils veulent simplement voir des enfants. Prise de position sacrement audacieuse de Kenya Barris, son créateur. « Je ne souhaite pas que l’on soit fan de tout ce qui est noir parce que je ne le suis pas, dit-il dans une interview à un des blogs d’Indiewire croisant les doigts pour que son travail rencontre le public. Mais, j’ai la conviction qu’il est impératif de voir que nous ne sommes pas un groupe monolithique ».

Pour réussir, le scénariste a choisi d’utiliser tous les clichés. Les préjugés des Blancs comme ceux des Noirs. C’était ultra risqué. La beauté de Black-ish c’est que cela fonctionne sans être blessant mais, surtout, sans auto censure. Les auteurs se saisissent de tous les défis que doivent affronter les États-Unis pour essayer d’entrer, une fois pour toute, dans l’ère post raciale. Tout ça en 21 minutes de TV. Depuis près de 10 ans, j’écris sur la TV et je suis à peu près certaine, qu’une série comme celle-là ne naîtra pas demain en France. Ni le jour suivant, d’ailleurs. Oui Black-ish peut s’améliorer. En attendant profitons du crush. Qui sait, l’amour pourrait bien arriver …

(*) The Cosby Show a été diffusé entre 1984 et 1992 sur NBC soit un total de huit saisons et 201 épisodes.
(**) le poulet frit ou friend chicken est une spécialité culinaire du sud des Etats-Unis souvent vue comme un plat afro-américain

La semaine prochaine dans ILTVSW … Oups, pas encore tranché, désolée.

 

 

Black-ish (2014-   )
Créateur/Creator: Kenya Barris
Cast: Anthony Anderson (Andre Johnson), Tracee Ellis Ross (Rainbow Johnson), Laurence Fishburne (Pops)
Maths: 13 épisodes
Chaîne/Network: ABC

 

Tadaam! Today it’s all gonna be about mathematics and chemistry. Yes, it is possible to be the worst science student ever (0,5/20 end of high school maths exam grade) and yet not being traumatized enough to give up numbers and formulas when times require an act of bravery. These times have come. It’s Fall TV season. Aka life or death period for the newcomers. The kind of people totally obsessed by ratings, key demo and well, maths. This is not a path I can safely take. Obviously. So today I am going to be focusing to make things right with only one equation. 

Ever since I started blogging, ILTVSW has been about deep feelings weither they were long lasting friendship or, yes let’s say the word, looooove. But this week, from now on and time to time, I have decided to allow myself to explore the N – 1 territory. In others words : what occurs just before deep feelings. The Crush. Something happens and you just know you want that moment to happen again. And again. That’s the all point of my I Love TV so what pilot crush new type of posts.

Thanks to ABC, I can start with a huge crush. Its title: Black-ish. The sitcom tale of an upper middle class black familly struggling with what we would call in France its « blackitude » because of our environment secretary who has a thing with « itude ». Do not object that 30 years ago a brilliant man called Bill Cosby already showed on TV that you could be a doctor and a lawyer happily married and raising a beautiful & joyful black familly. Back then, it’s was revolutionary. And it has obviously impacted the American collective imagination. 

We are not a monolithic people 

 

The Cosby Show was the first step of a new normal. Black-ish will not be as equally important but is doing something crucial. It’s allows a black man, Andre Johnson, on prime time network television to say loud and clear: « God, I so want my kids to be black! » As in culturally black. As in fried chicken is not oven baked chicken. You do not want to mess with traditions. In doing so, it asks a question : what is it to be black in 2014 America? Does it still define an individual? 

The title of the show Black-ish is an adjective and also the beginning of the answer. In the show, kids do not have to see the world in black and white. It’s OK if they just want to see kids. This is a daring statement Kenya Barris, the show creator, is making. « I’m not for having to support everything that’s black, because I definitely don’t, he said in his Indiewire blog interview crossing fingers for the audience to turn up. But I do feel like it is imperative for us to see that we are not a monolithic people ». 

He chose to do so breaking down all the clichés. White people clichés about black people. And the other way around. It was not a safe move. The beauty of Black-ish is that it works without being offensive but also without self censorship. Writers seem to have decided to raise all the issues that America faces to step, for good, in the post racial era. In 21 minutes of television. I have been writing about TV for nearly the ten past years and I am pretty sure, this is not going to happen tomorrow in France. Or not even the day after. Yes, Black-ish can get better. But, let’s enjoy the crush. And hope that love will come around!

Next week in ILTVSW … Oups, not decided yet, sorry.

ILTVSW craque aussi pour/also loves … P’tit Quinquin

14 Sep

FRA/ENGLISH

OMG (Oh. Mon. Dieu). C’est considérable. Je suis toute émue. Ce dimanche, je m’apprête à confesser une inclinaison peu commune. Dans la vraie vie, c’est toujours un truc horrible à faire. Mais, les gens, nous sommes sur Internet, je ne vous entendrai donc pas hurler: « P (biiiiip), elle a perdu la tête! » Allez, soyons audacieuse. Oui, je suis amoureuse. Encore. Mais, cette fois-ci, je me consume pour une mini-série française. Pour mes lecteurs étrangers, par française j’entends provenant de ce petit pays proche de Londres ou de Rome où des choses dingues arrivent un peu chaque jour ces temps-ci. C’est pour cette raison que P’tit Quinquin, du surnom du héros adolescent de la série, est considérable.

Son créateur, le cinéaste Bruno Dumont (récompensé à deux reprises au Festival de Cannes) explore la comédie pour la première fois de sa carrière. Peut-être parce qu’il a longtemps attendu, il ne s’est fixé aucune limites. Le résultat est hilarant bien que jamais vulgaire et délicieusement poétique. En racontant l’histoire de deux flics lancés sur les traces d’un tueur en série qui a décidé de placer les morceaux de ses victimes dans « le cul des vaches » il rend hommage aux rois de la comédie en noir et blanc. Ce qui signifie qu’un descendant de Buster Keaton & Charlie Chaplin a micro ouvert en prime time à la télévision française. Vous, les Américains, ne vous inquiétez pas, la série est diffusée sur Arte, une chaîne culturelle. L’équivalent cathodique de The New Yorker, presque.

La marque de fabrique de Bruno Dumont est qu’il n’aime pas engager des acteurs professionnels et qu’il aime poser sa caméra dans le Nord de la France. Avec P’tit Quinquin, c’est encore le cas. Même si, de temps en temps, la série rappelle étonnamment une autre heureuse surprise True Detective. Comme une version terroir & burlesque du travail de Nic Pizzolatto. Parce que vraiment, dès les premières minutes, on comprend et on se fout du fait que P’tit Quinquin n’est pas une série policière. L’enquête est bien le dernier des soucis de Bruno Dumont. Il utilise le genre pour attirer les foules. Et puis laisse finalement la magie opérer. Réécrivant de manière un peu folle sa série une nouvelle fois en salle de montage avec tous les petits trésors que ces primo acteurs lui ont offerts sur le plateau.

P’tit Quinquin pourrait n’être qu’un exercice de style. Ce n’est pas le cas. Sans être donneuse de leçons, elle dit beaucoup sur la médiocrité quotidienne et les préjugés. Des trucs un peu utiles en France, aujourd’hui.

Série made in France. Hilarante et touchante. Potentiel BFFF : total. À regarder pour aimer, pour sourire, pour pleurer, pour réfléchir.

 

 

Titre/title: P’tit Quinquin (2014)
Créateur/Creator: Bruno Dumont
Maths: 1 saison/season – 4 épisodes/episodes
Chaîne/Network: Arte
A partir du 18 septembre à 20h50

 

OMG. This is huge. I am so emotional. This Sunday I am about to confess an unusual kind of love. IRL it is never an easy thing to do. But, guys, we are on the Internet so I will not hear you yell: « What the F (biiiiip)? » So let’s be straightforward. Yes, I am in love. Again. But this time with a French mini series. By French I mean coming from this little country not far from London or Rome where things are getting crazy every day these days. That’s why P’tit Quinquin, from the nickname of the teen hero of the show, is huge.

Its creator the filmmaker Bruno Dumont (twice awarded at the Cannes Film Festival) is exploring comedy for the first time of his career. Maybe because he has waited so long he has decided not to limit himself. The result is hilarious though never vulgar and exquisitely poetic. Telling the story of two cops chasing a serial killer who places pieces of his victims bodies in « the bottom (literally) of cows » he is paying tribute to black and white and silent comedy kings. Which means that a descendant of Buster Keaton & Charlie Chaplin has an open mike prime time on French TV. You, Americans, do not worry, it’s aired on Arte a cultural channel. The equivalent of The New Yorker, kinda.

Bruno Dumont’s trademark is that he doesn’t like to hire professional actors and that he likes to set his fictions in the North of France. Once again he did so with P’tit Quinquin which from time to time amazingly remembers True Detective. A French terroir and funny version of Nic Pizzolatto’s show. Because really after a few minutes, you both understand and don’t care that P’tit Quinquin is not a cop show. Bruno Dumont doesn’t give a damn about the investigation. He just uses the genre to attract the crowds. And to let the magic happen. Crazily writing his show again in the editing room with all the little treasures his first time actors gave him on the set.

P’tit Quinquin could only have been a stylistic exercise. It is not. Without being preachy it says a lot about prejudices and every day mediocrity. Useful stuff France can use these days.

Made in France TV show. Hilarious and powerful. BFFF potential : total. To watch to love, to laugh, to smile, to think, to cry.

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