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Ces héros qui ratent leur vie pour que tu réussisses la tienne

7 Mar

 

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Mon amour sans limites pour les séries devait bien finir par donner naissance à un bébé. Il s’agit d’un « presque » guide de développement personnel. Un objet littéraire non identifié.

Ces héros qui ratent leur vie pour que tu réussisses la tienne

Le 11 mars en librairie

My endless love for tv series had to become a book. It has.

Those heroes who screw up their life so that you can make it

March 11 in your on line bookstore

Résumé

Un chef psychopathe au bureau ? Un conseiller bancaire accro aux lettres de relance ? Une belle-mère qui envisage de se mettre à l’ecstasy ? Un pote serial lover dépressif ? Pour survivre à ça, il n’existe aucun mode d’emploi.

Heureusement pour nous, c’est le boulot des personnages de séries. Ils vivent nos cauchemars puissance mille. Et c’est pour ça qu’on les aime.

De Game of Thrones à Sex and The City en passant par Grey’s Anatomy, Marianne Levy, critique depuis quinze ans (c’est- à-dire scandaleusement rémunérée pour se vautrer sur un canapé et regarder la télé), s’adresse à ces héros qui nous veulent du bien.

Elle signe le premier livre de série-thérapie !

About the book

Dealing with a neurotic boss ? A bank advisor addicted angry emails ? A mother-in-law seriously considering ecstasy ? A depressed serial lover buddy ? Bad news ! There is no instruction manual to survive that. 

Good news ! This is the job of the characters in our fav’ TV series. They live our nightmares of thousand times more intensely. And that’s why we love them. 

From Game of Thrones to Sex and The City and Grey’s Anatomy, Marianne Levy (scandalously paid to live has a coach potato in front of her TV) writes letters to these heroes who only wish us the best.

The first series-therapy book !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Breaking Slow

9 Oct

FRA/ENGLISH

Cher lecteur,

La semaine dernière vers 16 heures, après 6 jours, 5 heures, 16 minutes et 3 secondes de mon habituelle procrastination, j’ai commencé à écrire un nouveau post. Je ne l’ai jamais terminé. Au lieu de cela, je me suis lancée dans une hasardeuse tentative d’auto analyse de mes dimanches. En gros, je vis deux sortes de dimanche. Les dimanches magiques où je suis comme une folle à l’idée d’écrire sur une nouvelle série et les dimanches normaux où je suis folle comme une séries junkie normale. Mais dimanche dernier était différent.

Différent niveau qui change la vie. J’expérimentais ce qui s’appelle une révélation. Mon esprit m’implorait de ralentir. Mon cerveau n’en pouvait plus. Mon coeur refusait l’émotion fast-food. Pleurer, sourire, rire, réfléchir. Pleurer encore, sourire encore, rire encore et ainsi de suite.

Westworld aurait dû me tenir à coeur. Elle le méritait amplement. Mais, en la regardant, j’ai souri, ri, hurlé comme ses personnages humanoïdes. Mécaniquement. C’est à cet instant que la révélation numéro 2 s’est produite. Je pouvais faire autrement. J’allais faire autrement. J’allais ralentir. J’adore la bouffe bio. Je veux de la TV bio. Et je refuse d’être une TV-holic. J’ai trop de respect pour l’effort des scénaristes pour bloguer sur leur travail machinalement. Je rêve de recommencer à avoir le temps de réfléchir et d’apprécier leur écriture, le jeu des acteurs et le talent des réalisateurs.

J’ai donc pris une grande décision. J’ai décidé que la magie est plus forte que tout. Plus forte que le Peak TV. Plus forte que le binging. C’est OK de ne pas tout voir. C’est OK aussi de ne regarder les nouveautés qu’un an après leur diffusion. Même vingt ans. Il suffit de (re) voir le pilot d’Ally McBeal pour s’en convaincre. C’est OK car la prochaine fois que je posterai sur ILTVSW, peut-être dimanche prochain ou peut-être pas, cela ne sera pas parce que six séries ont débuté dans la semaine mais parce que j’ai rencontré un nouveau BFFF (Personnage préféré pour toute la vie) qui compte vraiment profondément pour moi… Comme Ricky Jerret, dans Ballers, I really want to feel the looooove.

Bientôt sur ILTVSW… Oups, pas encore tranché, désolée.

 

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Dear reader,

Last week around 4 pm and after 6 days, 5 hours, 16 minutes et 3 seconds of my usual procrastination process, I started a new blog post… And never finished it. Instead I started to auto analyze my Sundays. Basically there are two kind of Sundays for me. Magical Sundays when I am crazily excited by the perspective of writing about a new show and regular Sundays when I am just excited like a normal TV show addict. But what happened last week was different. 

Different like life changing different. I was having a revelation. My mind was begging me to break slow. My brain couldn’t take it anymore. My heart couldn’t deal with fast-food emotions. Cry, smile, laugh, think. Cry again, smile again, laugh again and so on and so forth.

I should have deeply cared about Westworld, it deserved it but I smiled, laughed, screamed just like its humanoids characters. Revelation number 2 happened. I could do things differently. I was going to. Breaking slow was my new thing. I have a passion for organic food. I want organic TV. I do not want to be a TV-holic anymore. I have to much respect for the writers daily pain to blog about their work mechanically. I want to go back to a place where I have time to enjoy the writing and the acting and the directing. A place where Peak TV is the networks problem. Not mine. 

So I made a big decision. I decided that magic won. Magic was stronger. Stronger than Peak TV. Stronger than binging. It is OK not to see it all. It is OK and it is great to watch new shows a year after they first aired. Even twenty years. If you need a proof (re) watch the pilot of Ally McBeal… It is OK because next time I will post on ILTVSW, maybe next Sunday or maybe not, it won’t be because six new shows started during the week but because I met a new Best Fiction Friend Forever I truly and deeply care about… Like Ricky Jerret in Ballers, I really want to feel the looooove. 

Soon on ILTVSW… Oops, not decided yet, sorry.

In the mood for #3… real life

12 Juin

FRA/ENGLISH

Hello guys,

Les êtres humains ne sont pas des animaux. Pour différentes raisons. Des mains se lèvent déjà pour dire qu’ils sont « pires ». Je n’ai pas d’opinion sur le sujet. Même si, pendant mon absence, j’ai pu vérifier que la chute d’un petit garçon de trois ans dans l’enclos d’un gorille provoquait chez certains de la compassion pour le… gorille. Mais bon. Les êtres humains ne sont pas des animaux pour une autre raison. Quand tout va bien, ils ont besoin de prendre du recul, d’analyser ce bonheur qui les comble, de le questionner, d’interroger jusqu’à son principe. Bonheur existes-tu, je veux dire, pour de vrai ?

Comme je suis un être humain, et malgré toutes les vies que j’ai vécues par procuration grâce aux centaines d’interviewés qui ont accepté de considérer mon iPhone comme un divan (à propos merci, c’était énorme de discuter écriture avec vous), je n’ai pas résisté à la tentation d’aller vérifier IRL que la vie en vrai n’était pas plus puissante que l’existence que je mène depuis trois ans avec mes BFFFs (Personnages préférés pour toute la vie) ici même.

Il m’a semblé que New York était l’endroit rêvé pour éprouver ma capacité à m’épanouir dans la réalité. J’ai donc disparu pendant trois semaines dont une bonne partie passée à sillonner cette ville. Naïve, j’ai été. Je n’ai fait qu’y croiser mes BFFFs à tous les coins de rue…

Carrie et ses copines à la Magnolia Bakery. Hannah et les siennes du côté de Williamsburg où j’ai échappé de peu au marquage à vie en réalisant que, malgré toute ma bonne volonté, je ne deviendrai jamais une jeune femme blanche tatouée. A distance de sécurité, j’ai aperçu la silhouette inoubliable de Tony perdu dans Little Italy bien loin de ses terres du New Jersey. J’ai dit à Will combien j’aurais aimé l’aimer à Columbus Circle au pied de CNN où il passe parfois pour ressentir l’excitation de The Newsroom. J’ai écouté Zachary Levi chanter dans She Loves Me à Broadway avec Jane Krakowski mais je n’ai pas pu oublier Chuck et 30 Rock

Et tout à coup, j’ai réalisé que tout était lié. La fiction est fascinante parce que la vie est fascinante. Les séries sont puissantes parce qu’elles puisent dans l’expérience humaine. J’ai sérieusement songé à me mettre à la philo plus à la méditation plus au tai chi. Histoire de faire quelque chose d’un peu important de cette découverte. Et puis… j’ai fait le plein de cupcakes à emporter, je suis rentrée à la maison et j’ai allumé ma télé…

La semaine sur ILTVSW… Oups, pas encore tranché, désolée.

 

NYC

© ILTVSW

Hi guys,

We are not animals. There are several reasons for that. I can picture some of you guys thinking : « Yeah, that’s right, we are not animals because we are worst ». That’s not what I had in mind starting this post. But to be honest, I do not have a strong opinion about the human VS animals matter. Even though while not blogging, I had the occasion to realize that for some people the life of a three years old little boy fallen into a gorilla’s enclosure was less a subject of compassion than the life of the… gorilla.

In my opinion, we are not animals because unlike them, we need to make sure when everything is fine that it is true. That it is not a scam of some kind. We feel the need to step back and analyze. Wait, is this happiness ? I mean for real. Is there a better kind of happiness somewhere ? Are you sure ? Aren’t we missing something ?

Because I am a human being and despite all the lifes I had the chance to experience interviewing hundreds of talented people who where OK to talk in my iPhone as if it was their shrink’s sofa (BTW guys, thank you so much for your trust, it was a huge pleasure to discuss writing with you), I couldn’t resist the temptation to check IRL that life wasn’t more powerful than my blogging unilateral conversation with my BFFFs (Best fiction friends forever).

I thought to myself that NYC was the best place to go to do that. So I went. Off line for three weeks and half of it spent in the streets of The city. Well, I have to admit, I was naive. Because all I could see everywhere were my BFFFs.

Carrie and her friends at Magnolia Bakery. Hannah and hers in Williamsburg where I nearly made a big mistake before realizing I would never be able to be a white woman with a tattoo. From a safety distance, I saw Tony Soprano’s silhouette lost in Little Italy far away from his New Jersey. I told Will I would have loved to like him at Columbus Circle close to CNN where he hangs out with his friends to feel the excitation of a newsroom. I listened to Zachary Levi sing in She Loves Me on Broadway with Jane Krakowski but I could not forget Chuck & 30 Rock

Suddenly I realized it made perfect sense. Fiction is fascinating because life is fascinating. TV shows are powerful experiences because they are a reflection of our common emotional ground. I almost gave up my TV critic job to go back to college and study philosophy plus meditation plus tai chi. I wanted to do something great with my discovery. And then… I bought cupcakes to go, I came back home and turned on my TV…

Next week on ILTVSW… Oops, not decided yet, sorry.

ILTVSW great reading list

22 Mai

Chers séries addicts, ce mois-ci, pour fêter la saison télé sur I love TV so what ? j’ai décidé de vous offrir une liste magique !

Une liste constituée d’une sélection des meilleurs sites et blogs à suivre pour vivre totalement notre passion commune des séries.

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To my readers, exceptionally ILTVSW will only be French speaking this week. But as soon as next week things will be back to normal meaning French & English. English speaking bloggers feel free to contact me if you wish to guest post !

 

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For serious talking

I cannot sit still 
Crée par Yaële Simkovitch, spécialiste mondiale de Joss Whedon, le site est éclectique. Yaële y produit des textes, des playlists mais aussi un podcast Il Faut Qu’on Parle aka IFQP et co-animé par Dominique Montay pour de longues conversations avec des invités autour d’un thème.

Dialogue d’auteurs
Dans son podcast Dominique Montay, scénariste, donne longuement la parole aux auteurs français. Parmi ses derniers invités Fanny Herrero créatrice de Dix pour cent et Marc Herpoux, co-créateur des séries Les Oubliées, Pigalle la nuit et Les Témoins.

 

For serious reading

Festival Séries Mania

Serial Lovers par Marjolaine Jarry.

Sérierama par Pierre Langlais.

Daily Mars dont la rubrique séries est désormais dirigée par Guillaume Nicolas.

La loi des séries par Karin Tshidimba.

Scénario Buzz par Nathalie Lenoir totalement consacré à l’écriture.

My pen my friend par Clémence Lebatteux pour l’écriture et les analyses de séries.

Erwan Higuinen par Erwan Higuinen pour le ciné, les jeux vidéos et les séries.

 

For serious laughing

Les showrunners  
Julia et Sébastien sont ce que l’on appelle des youtubers géniaux. Ceux qui les regardent savent pourquoi. Ceux qui ne les regardent pas encore vont me chérir jusqu’à fin 2016 de leur avoir permis de faire connaissance avec eux.

For serious blogging

Le Sériel par Yann

Lubie en série par Lubiie

Season Zero par Jean-Maxime

Time of the season par Jérémy

Les plumiers asthmatiques par Stéphane

Sur nos écrans par Elodie et Arnaud

Ladyteruki par Ladyteruki

Small things collectif

Femmes de séries par Cécile

It’s TV news par Nicolas

My télé is rich par Livia

Séries addict so what ? par Astiera

 

La semaine prochaine sur ILTVSW… Oups, pas encore tranché, désolée.

ILTVSW guest star (VF) : Paul Abbott créateur de #NoOffence

6 Mar

Paul Abbott, le créateur de Shameless, Hit & Miss et No Offence, était en France en septembre dernier à l’occasion du Festival de la fiction de La Rochelle.

ILTVSW a eu la chance de le rencontrer et d’évoquer l’écriture et la peur avec lui.

© Channel 4

 

ILTVSW. Au sujet de No Offence, vous avez dit que vous vouliez que la série soit drôle mais ne soit pas une comédie. Qu’entendez-vous par là ?
Paul Abbott. Lorsque nous avons créé la série, nous avons écrit de multiples versions. Elles étaient très drôles mais vulgaires. Elles n’existaient que par les gags. La comédie est un acte très conscient de lui-même. Nous avons essayé de gommer cette dimension (rires)… C’est là que réside la différence, selon moi.

ILTVSW. Vous considérez que trop de gags est mauvais pour l’écriture ?
Paul Abbott. Oui, s’ils sont forcés. Et cela arrive. Mais je ne crois pas que les gags rendent une scène drôle alors que les blagues, oui. Tout est dans la clarté de l’attitude. Nous avons coupé des tonnes de gags. Ils faisaient de la série un objet trop comédie. Cela l’empêchait d’être suffisamment réaliste pour être drôle. La vie est bien plus puissante que les gags. Nous avons essayé d’introduire l’humour dans la nature du comportement de nos personnages et pas dans leur vocabulaire.

 

Vous ne pouvez pas apprendre aux gens à entendre les autres.

 

ILTVSW. Donc, vous passez beaucoup de temps à vous promener en observant les autres ?
Paul Abbott. Apparemment car j’ai l’impression d’absorber beaucoup. Il ne s’agit pas de reproduire littéralement des choses vues dans la vraie vie mais d’essayer de définir quelque chose que l’on a aperçu sur le visage de quelqu’un dans le bus, par exemple. Je me dis : « Allez, essaye d’écrire cela. Ecrire quoi ? Il ne s’est rien passé. Mais allez, écris-le. Fais-le sortir de tes doigts comme tu l’as imaginé. » C’est difficile. Mais je m’entraîne tout le temps.

ILTVSW. Vous écrivez depuis trente ans, êtes-vous devenu meilleur ?
Paul Abbott. J’ai peur tout le temps. Vous pouvez toujours vous planter. Et puis sans la peur, vous n’êtes pas suffisamment courageux. Ecrire me terrifie toujours car, en principe, quand je commence un nouveau projet, je l’ai déjà vendu. Pour affronter cette peur, il faut chérir le moment. Et je crois que je sais très bien faire cela aujourd’hui. Il faut constamment se nourrir et ne pas être incorrect avec les gens, avec votre public. Cela nécessite de l’entraînement. Je crois que c’est dans ma nature. Je suis issu d’une famille nombreuse. Je n’étais pas très brillant. Mais j’étais le plus brillant (rires). Cela force à garder les choses pour soi. Et garder les choses pour moi m’a fait exploser. Une fois que j’ai appris à écrire, cela été comme brûler du carburant, c’était génial. Et plus j’étais honnête dans ma démarche, plus j’étais inspiré car cela aide à devenir meilleur auteur. Je ne parle pas ici de l’architecture du storytelling que tout le monde peut apprendre. Mais tout le monde ne peut pas apprendre le dialogue. Vous ne pouvez pas apprendre aux gens à entendre les autres. Et à synthétiser cela pour un autre. Une chose est d’entendre un truc drôle et une autre est d’arriver à l’écrire pour le raconter. C’est ce qu’il y a de plus difficile pour devenir un bon auteur.

ILTVSW. Il y a les bons jours et les mauvais… Comment y faites-vous face ?
Paul Abbott. Il m’arrive de ne pas avoir envie d’écrire. Mais comme j’ai déjà été payé, je dois le faire (rires). Cela dit, je crois que j’ai écrit chaque jour depuis l’âge de quinze ans. D’une manière ou d’une autre. Des histoires, des sketchs ou des trucs pour moi. J’ai eu la chance de vendre beaucoup de projets et de les voir se monter. 80 % de ce qu’écrivent les auteurs ne voit jamais le jour. Je suis extrêmement chanceux.

 

Si vous pouvez couper un tiers, vous pouvez couper un tiers supplémentaire. 

 

ILTVSW. Etes-vous le genre d’auteur qui écrit beaucoup et jette beaucoup ? 
Paul Abbott. Il y a deux jours, j’ai écrit dix pages en une seule journée. Je me suis dit : « Wow, dix pages ! » Mais, seules cinq d’entre elles étaient bonnes au maximum. De nombreux auteurs auraient gardé les dix. Pourtant, il faut couper. Resserrer sa voix. Si vous pouvez couper un tiers, vous pouvez couper un tiers supplémentaire. Il faut tailler. Il y a une mélodie que l’on essaye de communiquer au public. Elle est meilleure guide que les mots. Vous pouvez sentir quand les choses se passent bien. L’autre jour, j’écrivais une scène et j’ai lancé : « Wow, c’est fantastique ! » Je n’aurais pas pu avoir l’air plus vantard. Mais je ne m’adressais à personne. J’étais tout seul. Et je n’arrêtais pas de répéter : « Good boy, good boy ! » Il s’agissait d’une scène ennuyeuse que je devais écrire et c’est devenue l’une de mes scènes préférées. Pour le premier épisode de No Offence, j’ai écrit dix versions. Nous n’arrivions pas à trouver la bonne.

ILTVSW. Comment savez-vous que vous n’avez pas terminé ?
Paul Abbott. Parce que cela ne sent pas bon. Et que vous ne faites pas confiance à votre travail. Donc vous poussez jusqu’à une dixième version. C’est une version de trop et vous faites marche arrière. C’est une excellente discipline. J’écris dix versions de chaque scène. D’une manière ou d’une autre. En ce moment, je modifie tout le début de la deuxième saison. J’ai pris un mauvais départ et je n’arrive pas à trouver de solution car il est profondément brodé dans la série. Je me suis demandé : « Et si je coupais simplement les vingt premières pages pour regarder ce qui se passe ? » Cela m’a libéré. Et permis de voir ce que je pouvais inventer d’autre. Je suis bon à l’invention. Mais je pense que les auteurs qui éditent leur propre travail sont trop peu nombreux. J’ai évidemment besoin d’éditeurs. Je leur confierais mon coeur. Mais il faut toujours éditer soi-même avant de confier son travail. Sinon, techniquement ils deviennent les auteurs. Car ils effectuent le travail prémonitoire de sélection. Il y a beaucoup d’auteurs paresseux qui rendent des scripts de 100 pages et demandent à un autre de trouver des solutions. C’est à eux d’en trouver. Aux Etats-Unis, un truc pareil est inconcevable. L’agent d’un auteur même réputé n’enverra jamais un script de plus de 120 pages. Cela me plaît assez. J’aime le processus d’édition. Et je n’aime pas qu’on me dise quoi faire même quand c’est moi qui le dit. Les gens qui travaillent à mes côtés demandent souvent que l’on m’enlève le clavier. Ils essayent de me rassurer en disant que le boulot est terminé, que je dois rendre le script.

 

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ILTVSW. En vous retournant sur votre carrière, vous pensez que vous auriez pu faire du meilleur boulot ?
Paul Abbott. Ouais. Même si de manière étonnante, une partie importante du travail tient encore debout. Si l’écriture est honnête du point de vue humain, elle résiste au temps. Cela dit, ouais, il y a des tonnes de choses que j’aurais pu écrire différemment. Vous apprenez de vos propres erreurs.

ILTVSW. Qu’est-ce l’honnêteté dans le processus d’écriture ?
Paul Abbott. Donner les meilleures répliques à son ennemi car cela pousse à écrire à sa hauteur et donc à être honnête. Beaucoup d’auteurs raconteront l’histoire d’une femme victime d’un accouchement de son point de vue à elle, par exemple. Pourquoi n’essayent-t-ils pas de le raconter du point de vue de la sage-femme ? Soyez la sage-femme. Donnez-lui le meilleur texte. Ensuite, vous serez obligé d’écrire à sa hauteur. Et vous serez surpris de constater combien vous pouvez être honnête sans même en avoir conscience. Il y a un truc à faire. Ecrivez la pire des choses que l’on peut dire à votre sujet et mettez-là dans la bouche de la personne dont vous aimeriez le moins qu’elle soit au courant de cette information. Vous n’avez bien sûr besoin de montrer cela à personne. Faites-vous peur. Mettez le document de côté pendant un mois. Puis écrivez lui en réponse. Vous apprendrez ainsi à utiliser la peur comme un carburant. Quand vous approchez de cet état, vous tremblez d’excitation. Je teste ce de quoi je suis fait tout le temps. Tout le temps. Je me suis effrayé avec des choses que des gens ont dit à mon sujet. Leur répondre, se hisser à la hauteur, nécessite de se forger des muscles que l’on ne peut pas perdre. Une fois que vous l’avez fait, vous êtes accro et vous recommencez. Trop peu d’auteurs le font.

ILTVSW. Est-ce la raison pour laquelle vous n’êtes pas un auteur de genre ?
Paul Abbott. Ouais. Vous pouvez choisir d’écrire le truc d’après ou c’est lui qui vous choisit. Quand vous travaillez beaucoup, vous n’avez pas à choisir ce que vous allez écrire après. Je ne sais pas à quoi cela ressemblerait de ne pas pas le savoir car j’ai beaucoup trop d’idées. Je pense que l’énergie que vous mettez à être un autre dans un drama fait de vous quelqu’un de meilleur. Si vous faites preuve de clémence pour la personne que vous aimez le moins dans l’histoire, vous devez l’écrire encore mieux. Quand je disais que l’on sait quand les choses vont bien, j’adore quand je m’effraie un peu et que j’écris ensuite avec une absolue endurance.  Peut-être que je détesterais ces pages cinq jours plus tard mais je me suis emparé de mes peurs personnelles pour les utiliser comme des outils pour raconter mon histoire. Sans ces peurs, il n’y a pas de bonne scène. Cela ne signifie pas que je me terrifie tout le temps. Mais il est indispensable d’avoir respectueusement peur de quelque chose. J’ai mis longtemps mais aujourd’hui j’ai respectueusement peur des histoires. Rien n’est donné. Je n’ai pas de hobbies. J’écris tout le temps.

Titre : No Offence (2015 –    )
Créateur : Paul Abbott
Cast : Joanna Scanlan, Elaine Cassidy, Alexandra Roach
Chaînes : Channel 4, France 2 (France)

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La semaine prochaine dans ILTVSW… Oups, pas encore tranché, désolée.