Archive | novembre, 2014

ILTVSW pilot LOL: Marco Polo

30 Nov

FRA/ENGLISH

Allô, je voudrais parler à monsieur Underwood ! C’est une urgence ! Sauriez-vous à tout hasard comment joindre ce Shakespeare à qui vous me faites tellement penser ? Non, vous ne savez pas ou non, il n’est pas joignable ? Oh, je vois. C’est vraiment dommage. Parce qu’il pourrait vraiment faire quelque chose pour aider un p’tit gars italien que je viens de rencontrer. Voyez-vous Frank Underwood même si vous n’avez pas été aussi tranchant dans la saison 2 de votre série House of cards, vous demeurez un méchant génial. Un méchant pour adultes. Capable de nourrir une ambition sophistiquée et de négocier subtilement la vie comme une partie de poker. Deux trucs très divertissants à regarder. Et tout à coup, votre boss Netflix qui était également pointu dans le genre comédie – clin d’œil aux filles d’Orange is the new black – donne naissance à Marco Polo (sortie mondiale le 12 décembre). Une série historique supposée jouer dans la même catégorie que la plébiscitée Game of thrones.

Problème, ce pauvre Marco Polo semble perdu dans un océan de scènes bourrées de clichés. Pour résumer scientifiquement l’ampleur des dégâts voir l’équation suivante. Les guerriers aiment le sang => les bons guerriers sont cruels => les très bons guerriers ont besoin de récré => les femmes sont une récréation idéale => les femmes aiment cela sauf celle que l’on veut épouser et qui lance un regard prude mais insistant pour vous faire comprendre qu’elle aussi, elle aime cela, mais pas assez pour accepter ce que les femmes de la récré des très bons guerriers acceptent. O. M. G.

Sin, Sex & Khan

Comment est-il possible avec un budget presque sans limite et une liberté totale de produire une série dans laquelle un guerrier aveugle teste son agilité face à un cobra en colère (ceci n’est pas une métaphore) alors que ses copains qui ne sont pas aveugles s’adonnent au sexe collectif à demi dissimulés derrière des voiles judicieusement traversés par des courants d’air ? Sin, Sex & Khan. Telle pourrait être le slogan de cette série à 90 millions de dollars.

Le but de la série est de ne pas avoir de but et surtout pas celui de questionner le destin asiatique du grand aventurier Marco Polo ou le choc culturel constitué par sa rencontre avec Khan. En fait, ne pas avoir de point de vue paraît être le principal objectif. L’existence d’une intention artistique semble jugée dangereuse pour une série qui, si manifestement, a pour ambition de séduire la frange la plus large possible du public mondial. Un parti pris risqué, finalement. Car Marco Polo ne rappelle pas Game of Thrones mais Rome, une autre série HBO à 100 millions dollars, celle-là. Sauf qu’au terme d’un épisode son héros Lucius Vorenus comptait déjà beaucoup pour moi. Vous auriez énormément à apprendre de lui, Marco. D’accord, il portait la jupette et puisque c’était Rome avant JC, il était beaucoup question de sexe. Mais Rome disait des choses sur les affaires de famille et sur l’amitié. Jetez y un coup d’œil et découvrez comment éviter d’être si terriblement barbant.

Marco Polo (2014 –       )
Créateur/creator: John Fusco
Cast: Lorenzo Richelmy (Marco Polo), Benedict Wong (Kublai Khan)
Maths: 10 épisodes
Chaîne/Network: Netflix

© Netflix – The Weinstein Company

Hello, I need to speak to Mister Underwood ! This is an emergency ! Do you by any chance have the number of that Shakespeare you make me think of ? No, you don’t or no he isn’t reachable ? Oh, I see. That’s too bad. Because he could really do something to help a poor Italian fellow I just met. See, Frank Underwood even though you were not as sharp in season 2, your show House of Cards, you remain a great villain. A grown up designed villain. Which means you had a sophisticated agenda and a subtle way of playing poker with your life. Both things which were very entertaining to watch. And suddenly your boss Netflix which also was edgy in the comedy genre – wink at the great girls of Orange is the new black – gives birth to Marco Polo (worldwide release 12/12/2014).

An historical show supposed to be playing in the same category than the acclaimed Game of thrones. Problem that Marco Polo guy seems lost in an ocean of scenes full of clichés. To put it scientifically : warriors like blood => good warriors are cruel => great warriors need recreation => women are recreation => women like it except the one you marry who will only give you a prudish but insisting look to make you understand she also does but not enough to accept what the great warriors’ women accept to do. O. M. G.

Sin, Sex & Khan

How is it possible with a nearly no limit budget and 100% freedom to produce a show in which a blind warrior is improving his skills against an angry cobra (this it not a metaphor) while his not blind buddies are having collective sex half hidden behind veils moved by a delicate air stream. Sin, Sex and Khan. This could be the tag line of this 90 millions dollars TV show.

The all point of the show is not to have a point of view about the great Marco Polo journey in Asia or the culture shock that resulted from his meeting with Khan. Or any kind of point of view. And I guess the reason for that is that a point of view is considered dangerous for a show that is so obviously seeking for a wide worldwide audience. But at the end of the day not having a point of view seems to be the risky move. See, you do no not make me think of Game of Thrones but of Rome the 100 millions dollars HBO show. Except that after one episode, I already cared about its hero Lucius Vorenus. There is so much you, Marco, could learn from him. OK, he wore a skirt and because it was Rome before JC there was sex (a lot). But the show said a big deal about family business and friendship. Take a glimpse and try to learn how not to be so terribly boring.

ILTVSW guest star: Greg Poehler (VF)

2 Nov

FRANÇAIS

Greg Poehler, le créateur et showrunner deWelcome to Sweden était à Fontainebleau, en juillet dernier, invité par le festival des scénaristes français Série series. ILTVSW a eu la chance de le rencontrer et de discuter avec lui de comédie, d’écriture, de coproduction et de comédies romantiques.

Alors qu’Arte diffuse en ce moment Lilyhammer, une autre série qui raconte le quotidien d’un autre Américain qui a déménagé dans le Nord de l’Europe, il nous a semblé intéressant d’explorer les défis artistiques que représente une aventure de ce genre.

 

 

 

ILTVSW. Dans quelle mesure une comédie doit-elle trouver sa source dans une expérience personnelle pour bien fonctionner?
Greg Poehler. Je ne sais pas si une comédie a besoin d’être personnelle pour fonctionner. Je pense que l’on peut écrire une bonne comédie sur un sujet qui n’a rien à voir avec sa propre vie ou expérience. Cela dit, je pense que c’est plus facile quand c’est un sujet que l’on connaît. Je fais de la stand up comedy en Suède et aux Etats-Unis et en tant que comédien, on apprend rapidement que plus on est authentique, plus on s’inspire de sa propre vie, plus on est apprécié par le public parce que l’on est plus drôle. Je pense également que lorsqu’il s’agit de soi, on est plus concerné et cela rend ce que l’on écrit meilleur à long terme car on est plus vigilant que si l’on écrivait juste une histoire parmi d’autres.

ILTVSW. L’authenticité est donc le facteur le plus important?
Greg Poehler. Je ne sais pas si c’est le facteur clé. Je sais que je voulais créer une série qui donnait une impression de réalité. Quand je regarde la télévision en général, et les comédies en particulier, l’une des choses que je n’aime pas, c’est lorsque l’on sacrifie l’authenticité au profit du rire. Je décroche. Je ne suis pas adepte du style blague après blague. J’apprécie lorsqu’au contraire, on privilégie la réalité, on freine un peu sur la comédie, même si c’est moins drôle, parce que la vie n’est pas une succession de blagues. On peut espérer cependant qu’à long terme, les téléspectateurs s’attachent plus à une série comme ça. Dans les sitcoms classiques, il y a peu de possibilités d’attachement émotionnel, on peut louper un épisode. C’est un autre type de séries et d’expérience pour les téléspectateurs.

 

Le plus souvent, votre série n’existera pas si ce n’est pas vous qui l’écrivez

 

ILTVSW. La plupart des bonnes comédies à la TV sont créées par des comédiens-auteurs, cela apporte-t-il quelque chose de plus?
Greg Poehler. Je suis convaincu que si vous écrivez pour vous même, vous connaissez vos points forts et donc vous écrivez quelque chose qui sera plus drôle pour vous car de la manière dont vous l’interpréterez réellement. Il est quelque fois difficile quand l’on raconte les blagues de quelque d’autre de le faire de manière authentique. De ce point de vue, c’est un considérable avantage de revendiquer un dialogue et de le trouver drôle. Mais cela peut aussi très bien fonctionner avec un scénario très bien écrit par des auteurs très drôles. Peut-être un peu moins bien, quand même (sourire).

ILTVSW. Vous connaissez vos points forts mais également vos faiblesses et peut-être que vous refuserez de vous aventurer sur ce terrain et que cela sera dommage …
Greg Poehler. Effectivement, je ne suis pas certain que l’on ait envie de cela devant la caméra. Le danger serait de ne pas écrire quelque chose qui repousse nos limites. Cela serait peut-être le seul point négatif, effectivement.

ILTVSW. Comment expliquez-vous le fait qu’il y ait autant de comédiens-auteurs dans le domaine de la comédie et si peu dans le domaine du drama?
Greg Poehler. Les gens qui sont dans la comédie ont tendance à être des auteurs qu’il s’agisse de sketchs ou de stand up. Cela va ensemble. Je pense que le plus souvent, et certainement dans mon cas, votre série ne verra pas le jour si vous ne l’écrivez pas. Et vous ne jouerez pas dedans si vous ne l’écrivez pas. Du coup, on voit de plus en plus de gens qui écrivent leurs trucs pour se voir donner une chance. C’est d’ailleurs, le conseil que je donne à quelqu’un qui voudrait se lancer. Ne comptez pas sur les autres. C’est très rare que quelqu’un écrive le rôle parfait pour vous. En plus, quand on a écrit quelque chose dans lequel on veut aussi jouer, c’est plus difficile de nous dire non. Il faut vraiment être très mauvais pour que l’on nous dise non. (rires).

ILTVSW. La comédie n’est pas un genre facile parce que l’humour est quelque chose d’assez subjectif, comment avez-vous surmonté cela dans Welcome to Sweden
Greg Poehler. Nous avions des scénaristes suédois dans la writing room. Les blagues devaient être jugées drôles par nous tous avant de sortir de la pièce.  Cela dit je ne crois pas que l’on puisse trouver une blague ou une série qui fonctionne partout. Il y a peut-être quelques exceptions à cette règle. Au mieux 70% des gens vont l’aimer. 20% la détester. Et 10% dire qu’elle est OK.  C’est le pronostic le plus optimiste. Nous avons essayé d’écrire des trucs drôles qui fonctionnaient sur les Suédois et les Américains de la pièce en espérant que cela marcherait aussi dans d’autres pays.

ILTVSW. Il semble essentiel de savoir jeter des éléments qui nous sont chers pour écrire une bonne comédie, l’avez-vous fait?
Greg Poehler. Je l’ai fait. Mais, il y en avait peu dans cette première saison. Je voulais surtout qu’elle se termine d’une certaine manière mais j’étais le seul. Je me suis battu dans ce sens aussi longtemps que j’ai pu, et puis, il y arrive un moment où il faut se rendre à l’évidence, j’étais seul contre 12 personnes qui disaient toutes que c’était une mauvaise idée. C’est la limite de la confiance en soi et de la fierté, il faut admettre que peut-être les autres ont raison. Je ne sais pas, je pense toujours que j’avais une meilleure idée (rires)! Je voulais finir sur un cliffhanger. Je ne voulais pas que l’intrigue soit résolue. Pour que les téléspectateurs attendent la saison 2. C’est douloureux. Même à 12 contre 1, je me demanderai toujours si mon plan n’était pas le meilleur.

 

 

ILTVSW. Est-il possible que le processus d’écriture collectif tue de temps en temps la créativité à cause d’une règle de majorité?
Greg Poehler. Cela peut être mauvais. Regardez la bonne télévision américaine de ces dernières années. 30 Rock est vraiment la vision de Tina Fey. Louie est l’unique série contrôlée totalement par une seule personne. Et même Breaking Bad de Vince Gilligan entre dans cette catégorie. Ce sont des formats dans lesquels le contrôle du créateur qui est le seul en charge rend les séries meilleures au bout du compte. Il faut bien entendu que cette personne sache ce qu’elle fait et qu’elle ait du talent. Je dois dire que pour quelqu’un qui n’avait rien fait avant, j’ai eu plus de contrôle qu’aucun auteur dans l’histoire de la télé donc je ne peux pas me plaindre de n’avoir eu que 95% de contrôle. Si vous faites confiance aux gens avec qui vous travaillez et qu’ils disent tous la même chose, il faut prendre du recul, réévaluer et comprendre pour quelle raison ils disent non. Cela ne signifie pas que vous aimiez cela mais vous devez l’accepter. Cependant, c’est vrai, le risque existe. Plus il y a de gens impliqués, plus le risque existe. Particulièrement quand il s’agit d’une coproduction entre les Etats-Unis et la Suède. Quand différents pays sont impliqués, vous recevez de nombreuses notes contradictoires. Il faut se faire confiance et rester aussi fidèle que possible à sa vision originale. Je tenais particulièrement, par exemple, à un certain rythme pour la série. Je voulais qu’elle soit subtile. Cela n’a pas été facile mais je crois que nous y sommes parvenus.

ILTVSW. Vous avez choisi le chemin difficile de la comédie romantique …
Greg Poehler. J’ai toujours secrètement aimé les comédies romantiques. Je les regarde souvent tout au fond dans les avions quand personne ne me voit. Je suis souvent frustré, je parle de cinéma, car elles emploient toujours une formule, on voit tout de suite où elles veulent en venir. Donc, j’ai voulu créer une série qui serait une comédie romantique drôle mais qui permettrait aussi de se sentir concerné par les personnages. Cela m’a toujours guidé dans le processus créatif. Je voulais que la série soit tendre. Je suis vraiment beaucoup plus sensible que Mindy Kaling (rires)!

Titre: Welcome to Sweden (2014- )
Créateur: Greg Poehler
Cast: Greg Poehler, Josephine Bornebusch, Lena Olin, Amy Poehler
Chaînes: TV4 (Sweden)/ NBC (USA)

© 2014 ILTVSW

La semaine prochaine dans ILTVSW …  Oups, pas encore tranché, désolée.

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