Parce que c’est l’un des derniers endroits qui nous rassemble. Parce que nous avons plus que jamais besoin d’être ensemble. Et parce que… nous allons passer beaucoup de temps sur le canapé, voici « Ta série, toi et nous ».
À partir d’aujourd’hui, je recevrai ici un (e) invité (e) dont j’aime l’écriture, la voix et/ou le regard à partager sa relation avec l’héroïne ou le héros de sa vie. Merci infiniment à Hyam Zaytoun d’avoir accepté d’être ma première invitée.
Hyam Zaytoun, comédienne et auteure
– Dernier roman paru « Vigile » éditions Le Tripode –
– Qui est le seul personnage qui peut quelque chose pour toi ?
Claire Fisher, dans Six Feet Under. Ce n’est sûrement pas la seule, mais je pense souvent à elle… Son côté écorché, son audace, et sa quête permanente, je trouve que c’est un des personnage d’ados les plus réussis qui soit. Elle paraît ultra mature parfois, et d’autre fois juste bête. Son apparent manque d’empathie, cette espèce de froideur…. au bout de 68 épisode je l’aimais comme une sœur. A travers elle, je reprenais une bouffée d’adolescence, celle que j’ai à peine osée faire, j’étais très sage, tout a explosé bien après…
– D’accord elle a changé ta vie mais comment ?
J’étais enceinte de ma fille et je regardais cette série de façon addictive. C’était étrange d’être à ce point portée sur la mort, alors que je portais la vie, c’était bizarre et nécessaire, un genre d’épreuve de réalité par la fiction. Au dernier épisode, je pleurais toutes les larmes de mon corps, comme si j’avais fait partie de cette famille. Et j’écoute toujours en boucle la chanson de Sia, Breath me…
– Et elle pourrait quoi pour la nôtre ?
Déjà voir cette série. Une des rares pour moi, qui fait sens jusqu’au bout. Il y a du brio dans cette construction, qui est répétitive sans jamais l’être, avec des variations superbes. C’est comme si on approfondissait continuellement les thèmes, les personnages. Je crois que celui de Claire nous rappelle qu’on ne peut pas plaire à tout le monde, que c’est ça être libre et vivant. Et puis elle nous parle de la place de l’artiste, instable, dérangeante, nécessaire. Affirmer sa propre vision, c’est parfois au détriment des autres, mais aussi pour les autres, c’est un drôle de mélange de générosité et d’égoïsme…