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ILTVSW guest stars : Eric Benzekri et Jean-Baptiste Delafon #BaronNoir

21 Fév

FRA/ENGLISH

Eric Benzekri et Jean-Baptiste Delafon signent la première série politique française. Les créateurs de Baron Noir ont accepté l’invitation de ILTVSW. De Philippe Rickwaert dépressif à Philippe Rickwaert flamboyant en passant par leur nostalgie d’un certain mâle dominant à la française, les deux auteurs se livrent dans une interview fleuve.

To my readers, exceptionally ILTVSW will only be French speaking this week. Eric Benzekri & Jean-Baptiste Delafon, the French writers & producers of the first French political drama Baron Noir for Canal Plus are the guest stars of the blog today. But as soon as next week things will be back to normal meaning French & English.

 

© Canal Plus

 

ILTVSW. Baron Noir n’est pas la série que vous aviez initialement en tête. Comment et pourquoi a-t-elle évoluée ?
Jean-Baptiste Delafon. Le projet initial était beaucoup plus existentiel. C’était une chronique portrait d’un homme politique qui n’était pas forcément flamboyant. Avec ses moments de creux. Son 15 août sinistre. On était dans quelque chose de beaucoup plus dépressif. Le personnage était déjà Rickwaert mais en plus bizarre. Il en reste beaucoup de ce personnage, d’ailleurs. Mais Canal Plus n’a pas suivi sur cette ligne-là. On nous a dit que le personnage tel qu’il existait dans la première version du pilote était assez minable, comme on peut dire que Soprano est minable, mais pour Baron Noir ce n’était pas un compliment. C’était quelque chose que la chaîne n’était pas prête à faire. Et à mon avis, ils ont eu raison. Ils ont dit : « C’est difficile de faire venir des gens sur la politique. Si en plus on fait une série politique existentielle avec une dramaturgie assez flottante, on ne passera pas. » Les chiffres montrent qu’il y a presque la moitié moins de gens qui viennent que sur Braquo parce que Baron Noir est une série politique. Malgré le casting. Canal Plus a voulu limiter le risque. Je les comprends. La politique plus la dépression, cela faisait beaucoup.

 

Nous avons passé un accord avec Canal Plus, OK on fait de la pure politique mais on surdramatise. 

 

ILTVSW. Comment travaillez-vous ensuite ?
Jean-Baptiste Delafon. La chaîne nous a demandé d’explorer une autre piste. Et si Joël ne s’était pas suicidé ? Nous avons joué le jeu et mis au coeur du récit un enjeu de mystère policier. Cela a été une catastrophe. Cela tenait en un ou deux épisodes. Et puis des tiroirs ne fermaient pas, on avait des casseroles et plus d’espace pour traiter ce que nous avions vraiment envie de traiter. Cela devenait du policier dans un milieu politique. Avec une histoire assez peu intéressante et crédible car on ne tue pas physiquement en politique aujourd’hui en France.

ILTVSW. Comment êtes-vous sortis de cette mauvaise piste ?
Jean-Baptiste Delafon. Le moment où nous nous sommes fait retoquer notre première version existentielle et minable a été très dur. Nous étions furieux. Nous voulions tout arrêter. Nous nous sommes même dit que nous allions faire autre chose. L’orgueil de l’auteur (rires). A Canal Plus, ils nous ont parlé avec beaucoup de douceur. Mais c’est vrai que ce mot minable, qui qualifiait seulement le personnage, on l’a d’abord un peu pris pour notre travail. Finalement, nous nous sommes remotivés pour l’exploration de la deuxième piste. Très vite, les plaques d’immatriculation et les caméras de surveillance nous ont déprimé, nous avons décidé d’être honnêtes et de dire qu’on ne pourrait pas écrire Baron Noir comme ça. Cela a été évident pour les équipes de Canal Plus aussi. Nous avons passé un accord : « OK, on fait de la pure politique mais on surdramatise ». On crame nos vaisseaux. Et Fabrice de la Patellière (directeur de la fiction de Canal Plus, NDLR) a évoqué la possibilité de faire une mini série. Je ne sais pas si c’était volontaire mais cela a été une manière de nous obliger à tout donner. Il y a eu une première phase d’écriture en mode mini série dans laquelle on a musclé considérablement la dramaturgie tout en restant dans une pure série politique. La politique conduisait le récit. Cela a permis de libérer le développement et nous a permis d’avancer assez vite.

 

© Canal Plus

 

 

ILTVSW. Et puis, finalement, lors du lancement de la série certains vous présentent comme le House of Cards française. Ce que n’est vraiment pas Baron Noir
Jean-Baptiste Delafon. Effectivement il n’y a pas grand chose de commun. Ni dans le traitement, ni dans la vision de la politique. Baron Noir est une série dans laquelle le militantisme existe vraiment. C’est très différent d’une partie d’échecs dans les hautes sphères. Nous, on a les pieds dans la gadoue. Nous racontons des histoires très spécifiques à la gauche française à un moment donné de l’histoire de France. Underwood est un psychopathe. Et House of Cards dans la jouissance du cynisme. Il n’y a aucun enjeu de bien public dans cette série. Le bien public est au coeur de Baron Noir. Si Philippe Rickwaert se voyait tel qu’il est réellement, il s’effondrerait. Il est mégalo dans le service du bien public, de l’intérêt collectif, du pays.

ILTVSW. Borgen est beaucoup plus proche… (Eric Benzekri se joint à l’entretien)
Jean-Baptiste Delafon. Nous n’avons jamais parlé de Borgen pendant l’écriture. D’ailleurs, pour être honnête, je n’ai vu que les trois ou quatre premiers d’épisodes et je ne suis pas entré dedans.
Eric Benzekri. Le grand point commun avec Borgen c’est qu’on est ancré vraiment dans un pays. Baron Noir est aussi très locale. Les deux séries montrent qu’il est possible de parler d’un pays en le prenant par le biais politique. Borgen parle superbement du pays et de l’Europe. Nous on voulait parler de la France. Et on a cherché longtemps… Il y a évidemment aussi une parenté avec The West Wing.

J’ai dû voir cinq fois l’intégrale de The West Wing.

ILTVSW. Il y a même deux moments où l’on croit voir un hommage à The West Wing
Eric Benzekri. Il y a une scène dans les cuisines dans The West Wing et dans Baron Noir. C’est logique quand vous discutez de politique à 4 heures du matin, vous avez faim. Très honnêtement, l’hommage est inconscient mais cette série m’a tellement marqué… Nous sommes des éponges. J’ai dû voir cinq fois l’intégrale de The West Wing.
Jean-Baptiste Delafon. Il est impossible de ne pas faire de walk and talk quand on fait une série politique. Même si The West Wing n’avait pas existé, on en ferait. C’est plus un effet de coïncidence. D’ailleurs, aborder une scène en walk and talk est un choix de réalisation. Et Ziad Doueiri, le réalisateur, lui ne connaissait rien en séries. Il était totalement vierge. Il ne s’agit donc pas d’hommages conscients.

ILTVSW. Une bonne série naît d’abord du point de vue d’un auteur. Comment conjugue-t-on les désirs de deux cerveaux ?
Jean-Baptiste Delafon. Comme dans la vie, comme dans l’amour, il faut un peu de chance. Il y a le miracle de la rencontre. Il ne faut pas minimiser cet aspect-là. Nous sommes très amis mais nous nous sommes rencontrés professionnellement d’abord. Baron Noir est le fruit d’années de siphonage et d’émulation. Le troisième Rickwaert est le premier Rickwaert épuré dans un sens. C’est-à-dire délesté de sa dépression. Mais c’est le même.
Eric Benzekri. Exactement. Il a raison.
Jean-Baptiste Delafon. Nous avons conservé l’aspect dominateur, suractif, impactant.
Eric Benzekri. L’aspect viril et sexiste aussi est resté prononcé.

 

Eric est détenteur de l’énergie de Rickwaert.

 

ILTVSW. Comment se concrétise cette fusion intellectuelle ?
Eric Benzekri. Nous sommes ensemble de 9h30 à 18h30. Nous ne faisons que parler. Nous prenons des notes aussi mais elles restent très longtemps minimalistes.
Jean-Baptiste Delafon. Chaque épisode fait ensuite l’objet d’un document point par point de trois pages maximum avant de passer à l’étape du dialogué. Ensuite nous réécrivons énormément.
Eric Benzekri. Pour nous écrire, c’est réécrire.
Jean-Baptiste Delafon. Jusqu’à vingt versions d’un épisode. Il y a même eu des refontes totales pour les épisodes quatre et six. La méthode est celle-là. Le producteur apprend à lire ces documents qui sont très minimalistes. Il se prend la tête. C’est compliqué pour lui. Chaque scène en deux lignes. Il y a une quarantaine de points par épisode. Cela nous permet d’avoir un document très maléable.
Eric Benzekri. En fait, il y a discussion permanente sur tout. Nous sommes sur tous les fronts en même temps. Dans une journée, il peut nous arriver de rester bloqués entièrement sur un point précis de mécanique. Mais, très souvent, nous faisons de la mécanique, puis nous nous concentrons sur un personnage puis nous passons encore à autre chose…
Jean-Baptiste Delafon. Nous ne décidons de rien si nous ne sommes pas tous les deux convaincus. C’est une manière de travailler très fusionnelle et en même temps nous avons nos sensibilités et nos petits avantages comparatifs.

ILTVSW. Quels sont-ils ?
Jean-Baptiste Delafon. Eric est détenteur de l’énergie de Rickwaert. De son hyper violence. Mais je l’ai canibalisé aussi. Il amène ce personnage-là. Après, il y a quelque chose qui m’est plus spécifique c’est vraiment dans l’écriture elle-même. La musicalité que j’apporte de façon un peu plus spécifique à la base. Mais là encore, il m’a énormément siphonné cela. Eric était fasciné par ce style et moi par son apport à lui. Il y a donc un mélange d’un truc très anguleux sur le personnage et d’une tonalité dans l’écriture.
Eric Benzekri. En fait, je ne pourrais pas écrire le Baron Noir avec quelqu’un d’autre. On peut nous adjoindre des auteurs, on en a besoin. Moi j’ai besoin de Jean-Baptiste pour faire du Baron Noir. Nous, on aime dire que c’est une série d’auteurs. Dès que j’ai commencé à travailler avec Jean-Baptiste je l’ai aimé en tant qu’auteur. Souvent quand on travaille une scène, il y a de la compétition et c’est super excitant. Je ne peux pas envoyer une scène moyenne à Jean-Baptiste. Nous avons une volonté d’excellence d’abord parce que nous travaillons à deux.
Jean-Baptiste Delafon. Dans la saison 1, il y a quelques scènes qui illustrent parfaitement cette compète. La scène avec François Boudard dans l’épisode un. Elle est surboostée dans le langage. C’est très extrême ce qu’ils disent.
Eric Benzekri. Oui le « Il a un dossier gros comme ma bite »…
Jean-Baptiste Delafon. Tout cela survient en fin d’écriture. Nous savons très bien que si nous étions du matin au soir sur le mode, je la ramène, cela ne fonctionnerait pas. Cela nous est arrivé de nous le dire d’ailleurs.

 

© Canal Plus

 

ILTVSW. Baron Noir est une réussite mais la série repose tellement sur Rickwaert que si vous n’aviez pas bénéficié du bon Rickwaert, elle aurait pu être totalement loupée. En avez-vous eu conscience ?
Eric Benzekri. Tout le temps, tous les jours. A l’écriture et pendant le tournage. Cela dit assez vite, nous avons senti que le fait de nous appuyer sur un personnage était le point fort de la série.
Jean-Baptiste Delafon. Notre série précédente, La Présidentielle, qui n’a pas été mise en production, était une série à deux personnages qui étaient d’ailleurs un petit peu les deux faces de Rickwaert, c’est un truc qu’on s’est dit récemment. La politique, c’est compliqué, si en plus on part sur plusieurs personnages, en huit épisodes, c’est injouable… Finalement, un seul personnage central, c’était un moindre risque. L’idée, c’était un mec qui emporte tout.

ILTVSW. Est-ce l’impuissance en politique finalement votre sujet ?
Eric Benzekri. Oui. C’est de cela dont Baron Noir parle. Impuissance sur la question européenne, sur la réforme de l’éducation, des idéaux… Tout s’écroule tout le temps.
Jean-Baptiste Delafon. Ce qui demeure c’est la dimension initiatique de la politique comme apprentissage d’un regard sur le monde, émancipation intellectuelle. Mais, aujourd’hui, on est à l’image du pays.

 

Ce qui compte, ce n’est pas le réel, c’est la crédibilité. 

 

ILTVSW. Dans la série vous mettez un nom sur un parti politique, le PS, dans quelle mesure une série politique doit-elle coller au réel pour être bonne ?
Eric Benzekri. Ce qui compte, ce n’est pas le réel, c’est la crédibilité. Il est important de nommer les choses donc c’est le parti socialiste et c’est Mediapart. Cela comptait.
Jean-Baptiste Delafon. Je pense que cette dimension documentaire sur le monde est l’une des promesses de la série contemporaine. Cette strate est nécessaire. Nous travaillons à partir de cela. Nous tentons de transcender pour mieux dire le réel. Pour comprendre le monde dans lequel nous vivons.

ILTVSW. Dans quelle mesure avez-vous eu le final cut sur la série ?
Jean-Baptiste Delafon. Le final cut était collégial.
Eric Benzekri. Si on disait non, c’était non.
Jean-Baptiste Delafon. De même que si Ziad disait non.
Eric Benzekri. Si, sur une proposition de coupe, nous disions non droit dans les yeux en étant méchants, c’était non. En fait, tout était une question de négociations entre Thomas Bourguignon (NDLR, le producteur), Ziad et Canal Plus.
Jean-Baptiste Delafon. Cela faisait du monde. Il nous est arrivé de rester sur deux répliques pendants des heures.
Eric Benzekri. Mais Baron Noir est notre série. Nous en sommes hyper fiers. Et nous l’assumons à 100 %.

ILTVSW. La réalisation est moins forte que l’écriture de la série… Confier son bébé à un réalisateur, c’est forcément impressionnant ?
Jean-Baptiste Delafon. Moi, je trouve que Ziad a réussi des trucs incroyables.
Eric Benzekri. Le mec fait les huit épisodes.
Jean-Baptiste Delafon. Nous n’avions pas le pouvoir de direction artistique. Nous avons travaillé avec un réalisateur de cinéma qui a de l’autorité et de la maturité. Nous avons donc plus travaillé en mode auteurs-réalisateur à la française. Sauf qu’on était vraiment là, qu’on a mis des limites et qu’on l’a accompagné en permanence. Pas du point de vue esthétique mais sur le sens des choses.
Eric Benzekri. C’est difficile de confier sa série à un autre mais cela s’est très bien passé. Vraiment, nous avions très très peur au début.
Jean-Baptiste Delafon. Même de Ziad sur certains aspects parce que c’est un dingue dans le bon sens du terme.
Eric Benzekri. Dans un moment de tension, il y a eu cette formule. On a dit : « Ecoute Ziad, tout ce qui est le texte est à nous, tout le reste est à toi ». Il a répondu : « Attention, ce que tu dis là, c’est très grave. C’est beaucoup tout le reste. » Moi, je pense que le reste n’est rien. Car la série, c’est la primauté à la narration. Donc, quand tu as le texte et que tu en es garant tous les jours sur le plateau, en fait, tu peux trouver de bons compromis. Moi, je ne suis pas réalisateur. Jean-Baptiste l’est plus que moi et je pense que cette transmission du bébé au réalisateur est plus difficile pour lui. Cela va le devenir pour moi maintenant.
Jean-Baptiste Delafon. Il y a vraiment une donnée qu’il faut considérer par ailleurs. La production en France est de l’artisanat total. La création ne bénéficie pas d’un outil industriel qui s’est construit depuis des décennies comme aux Etats-Unis.
Eric Benzekri. Cela dit Baron Noir est plus que notre bébé. Nous avons tout donné. Tous nos talents sont dans la série. Nous sommes capables de faire une saison 2 et une saison 3.

 

Piccoli qui clope, c’est cela qu’on veut.

 

ILTVSW. Kad Merad est formidable dans la peau de Rickwaert mais il était loin d’être un choix évident… Aviez un droit de veto sur le casting ?
Jean-Baptiste Delafon. Kad a fait des essais. Et c’était plié. Il a passé deux scènes dont celle dans laquelle il arrive à convaincre Mehdi, le leader étudiant. Moi, j’ai eu des frissons en le voyant jouer. J’ai pensé à mon père, à plein de choses. Avec Eric, nous sommes des fans de Sautet. D’un certain cinéma des années 70. Du mâle dominant à l’ancienne mais à la Française.
Eric Benzekri. Piccoli qui clope, c’est cela qu’on veut nous.
Jean-Baptiste Delafon. J’étais très angoissé le matin des essais et très heureux le soir. J’ai senti cela traverser.

ILTVSW. C’est un phénomène très minoritaire mais certaines voix reprochent à la série en dépeignant ce qu’elle dépeint de prendre le risque de faire monter le FN…
Eric Benzekri. Il y a un danger à parler de politique tout le temps puisque le FN est haut. Face à cette situation, il y a deux choix. Soit on ne parle plus de politique et on laisse la place au FN. Et donc on va passer de 20 % à 30% de 30 % à 40 % et de 40 % à 51 %, voilà. Soit on parle de la politique, on dit ce qu’elle est et on donne les prises pour changer la vision qu’on en a. Nous pensons qu’avec Baron Noir nous ne faisons pas une série qui flingue la politique. Au contraire, c’est une série qui l’humanise. A partir de là, c’est une bonne clé pour les gens qui veulent combattre le FN. Mais, nous ne faisons pas de tract.
Jean-Baptiste Delafon. La plupart des gens pensent que les hommes politiques sont pourris. Nous, on affirme qu’ils sont pourris mais pas seulement. Infuser sur le pas seulement, c’est déjà cela. Dans ce pas seulement, il y a de la sincérité, de l’humanité, de la construction intellectuelle.
Eric Benzekri. Il n’y avait pas de série politique en France. La politique était réservée aux politiques et aux journalistes politiques. Cela crée un petit choc. Les citoyens, les auteurs, les artistes doivent s’en emparer. Sinon, ce n’est pas sain. Ce n’est pas citoyen. Baron Noir permet de s’interroger autrement. Nous ce qu’on aime dans l’écriture sérielle, c’est qu’elle donne à réfléchir.

ILTVSW. Vous êtes vous posé la question de la responsabilité dans un climat où la classe politique traditionnelle souffre d’un discrédit ?
Jean-Baptiste Delafon. Il y a évidemment plein de moments où nous nous sommes pris la tête, angoissés. Evidemment, la question de la responsabilité s’est posée dans la pratique de l’écriture. L’idée de casser les urnes, de taper du pognon dans une caisse, ce n’est pas par plaisir… Il n’était pas question de décrire un monde où on a le sentiment que la justice est aux ordres de la politique totalement. Ce n’est pas vrai. Certains magistrats sont sous influence mais d’autres non.
Eric Benzekri. En fait, ce que dit la série, c’est que nous sommes dans un état de droit. Ce qui est très important. Nous n’avons jamais cessé de nous poser cette question de la responsabilité. Nous ne sommes pas des pyromanes.

© 2016 ILTVSW – La reproduction partielle ou entière de cet entretien n’est pas légale sans l’accord préalable de ILTVSW.

La semaine prochaine dans ILTVSW … Oups, pas encore tranché, désolée.

In the mood for mood #1

31 Jan

FRA/ENGLISH

Cher lecteur,

Toi, oui, toi de l’autre côté de l’écran. Je sais ce que tu penses. Et tus as raison. Je suis nulle en référencement. Exactement comme si je voulais m’assurer que mes êtres aimés les plus chers ne soient jamais en mesure de découvrir des « trucs » sur moi. Et, avec le titre de ma dernière rubrique, oui, je me sens en sécurité. Ils ne se rendront jamais compte que j’ai passé mon dimanche matin à t’écrire en prétendant que je travaillais… Commençons donc ce In the mood for mood.

Les dictons sont très pratiques pour un critique TV qui n’a juste aucune envie de s’étendre sur un sujet. Il nous suffit de fermer les yeux, comme un vieux sage de 107 ans et de murmurer : « Ouais, enfin, bon, quoi, rien de nouveau sous le soleil ». Le gars en face de nous n’y comprendra pas grand chose. Mais comme nous sommes des critiques (cad des humains payés pour regarder la télé avec du vrai argent et donc secrètement haïs par leur BFF qui veut lui aussi faire ce soi-disant boulot et donc culpabilise et donc dépense son vrai argent chaque semaine sur le divan d’un psy pour surmonter tout ça) le gars en face de nous fera comme s’il comprenait. Et murmurera ensuite tête de biiip derrière notre dos.

Les dictons peuvent aussi être exacts. En France, par exemple, on dit : après la pluie vient le beau temps. En d’autres termes, moins poétiques, qu’une situation merdique ne peut pas être éternelle. Une affirmation susceptible de provoquer de violentes réactions chez quelqu’un qui exerce ma profession. Car, il arrive, de temps en temps, que nous méritions le qualificatif de forever shit watchers. Ce qui est moins glamour. Mais bien meilleur pour notre vie sociale.

Alors, pardonnez-moi, les amis. 2016 a à peine débuté et il fait déjà un soleil magnifique. A tel point qu’il m’a fallu d’urgence créer cette nouvelle rubrique pour exprimer combien le boulot est excitant. Jusqu’à dimanche, je vais passer un temps fou à penser à Corneille. Car, aussi dingue que cela puisse paraître, je vais devoir choisir entre deux séries françaises le week-end prochain. Chacune d’entre elles méritant son post sur ILTVSW pour des raisons différentes.

La première Baron Noir, est la dernière création de Canal Plus. La première série politique française un peu sérieuse à mes yeux. Une immersion dans le combat d’un député pour revenir du milieu de nulle part électoral où une affaire financière l’a relégué. Vu d’Angleterre, cela peut n’avoir rien de nouveau mais de France, c’est follement excitant à la Borgen. Plus exactement comme si Borgen était sous l’influence de Dark Vador. Un paradis pour critique TV.

La seconde Trepalium, et son pitch audacieux, est née sur Arte. 80 % de chômeurs vivent derrière un mur dans la pauvreté totale et de l’autre côté, 20 % d’actifs s’accrochent à leur boulot à tout prix. Hantés par l’idée d’être relégués dans le camp des zonards. Avec sa réalisation très stylisée, c’était sans doute la série la plus attendue de la saison télé française. Si les trois premiers épisodes sont effectivement très intrigants, les trois derniers échouent à tenir la promesse. Mais l’ensemble donne tant à écrire et à questionner, que là aussi c’est le paradis.

Rendez-vous la semaine prochaine sur ILTVSW, j’aurai tranché ; )

Baron Noir © Canal Plus

Dear reader,

Yes, you behind the screen, I know what you think. And you are right. I suck at SEO. Just as if I wanted to make sure that my closest loved ones would never be able to discover « stuff » about me. And with my latest column title, yes, I feel safe. They will never find out that I spent my Sunday morning with you pretending I was working… Anyway. So let’s start that in the mood for new thing.

Sayings are not only very convenient, you know, when you just don’t feel like doing the talking. Especially for TV critics. We can just close our eyes, wisely, like if we were 107 years old and say : « Yeah, same old same old. » The guy in front of us will not understand. But because we are critics (aka humans paid to watch TV with real money secretly hated by their BFF who want the so-called job and feel guilty about it and spend their real money each week on a shrink sofa trying to get over it) he will pretend he does and than whisper dickhead in our back.

Sayings are also sometimes true. In France, for example, we say that after the rain comes the sun. In others words that shit can’t be forever. A statement that can cause violent reactions from people like me. Because from time to time what we want to answer is that the truth is that we deserve to be called forever shit watchers. Which is less glamorous. But better for our social life.

Forgive me my friends. 2016 has just begun and it’s totally sunny. So sunny that I needed to create In the mood for mood to express how much the job was exciting. Next week is going to be very much about Corneille. Believe it or not I will have to choose between to French series. Both of them deserving its own post.

The first one is Baron Noir Canal Plus latest creation. A political series. A production that I consider to be the first serious French political TV show. The story of the fight of a congressman to comeback from the nowhere political land he is because of a financial case. View from Britain yes it seems same old same old but on French TV it is crazily exciting Borgen like. Except it is Dark Vadory Borgen like. Not perfect very interesting to watch and tons of things to analyze and write about. On French TV scale, a TV critic paradise.

The second one is Trepalium on Arte. And its audacious pitch. 80 % of the unemployed are living behind a wall in total poverty and on the other side 20 % of the guys who do have a job, try their best to keep it and to stay away from the losers who didn’t make it. Highly stylized the show was probably the most exciting promise of the whole French TV season. If the first three episodes are very intriguing the last three fail to keep the promise. But still there is so much to write about and to question that on French TV scale, it is a TV critic heaven.

See you next week in ILTVSW… I will have made up my mind ; )

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