Archive | Sourire/Smile RSS feed for this section

ILTVSW great reading list

22 Mai

Chers séries addicts, ce mois-ci, pour fêter la saison télé sur I love TV so what ? j’ai décidé de vous offrir une liste magique !

Une liste constituée d’une sélection des meilleurs sites et blogs à suivre pour vivre totalement notre passion commune des séries.

***

To my readers, exceptionally ILTVSW will only be French speaking this week. But as soon as next week things will be back to normal meaning French & English. English speaking bloggers feel free to contact me if you wish to guest post !

 

IMG_0135

 

 

For serious talking

I cannot sit still 
Crée par Yaële Simkovitch, spécialiste mondiale de Joss Whedon, le site est éclectique. Yaële y produit des textes, des playlists mais aussi un podcast Il Faut Qu’on Parle aka IFQP et co-animé par Dominique Montay pour de longues conversations avec des invités autour d’un thème.

Dialogue d’auteurs
Dans son podcast Dominique Montay, scénariste, donne longuement la parole aux auteurs français. Parmi ses derniers invités Fanny Herrero créatrice de Dix pour cent et Marc Herpoux, co-créateur des séries Les Oubliées, Pigalle la nuit et Les Témoins.

 

For serious reading

Festival Séries Mania

Serial Lovers par Marjolaine Jarry.

Sérierama par Pierre Langlais.

Daily Mars dont la rubrique séries est désormais dirigée par Guillaume Nicolas.

La loi des séries par Karin Tshidimba.

Scénario Buzz par Nathalie Lenoir totalement consacré à l’écriture.

My pen my friend par Clémence Lebatteux pour l’écriture et les analyses de séries.

Erwan Higuinen par Erwan Higuinen pour le ciné, les jeux vidéos et les séries.

 

For serious laughing

Les showrunners  
Julia et Sébastien sont ce que l’on appelle des youtubers géniaux. Ceux qui les regardent savent pourquoi. Ceux qui ne les regardent pas encore vont me chérir jusqu’à fin 2016 de leur avoir permis de faire connaissance avec eux.

For serious blogging

Le Sériel par Yann

Lubie en série par Lubiie

Season Zero par Jean-Maxime

Time of the season par Jérémy

Les plumiers asthmatiques par Stéphane

Sur nos écrans par Elodie et Arnaud

Ladyteruki par Ladyteruki

Small things collectif

Femmes de séries par Cécile

It’s TV news par Nicolas

My télé is rich par Livia

Séries addict so what ? par Astiera

 

La semaine prochaine sur ILTVSW… Oups, pas encore tranché, désolée.

After #Togetherness comes loneliness

17 Avr

FRA/ENGLISH

Etre adulte devant la télé en 2016, c’est être revenu de tout. Ou presque. Depuis un bail, le petit écran est le paradis des auteurs et même Woody Allen n’a pas résisté. Mais il y a un truc auquel même les plus endurcis ne sont jamais prêts, c’est le moment des adieux. Bien sûr, on le sait, on va devoir dire au revoir… un jour. On dit oui au psy qui nous demande si on est d’accord pour accepter que ces gens, ceux que l’on appelle nos gens, n’existent pas pour de vrai. Mais dans notre moi profond, on rigole en pensant qu’il déconne à bloc, le psy.

Moi, je n’étais pas prête pour votre départ les gars. Après Togetherness donc la solitude. Je ne fais pas allusion ici aux après-midis télé & Nutella, combo classique du déprimé basique. Je parle d’un truc sérieux. Il m’arrive de l’être. J’ai adoré les deux saisons passées avec vous. Pas seulement parce que le casting était parfait et les comédiens géniaux. Mais parce que la mélancolie tricotée dans la vie quotidienne est rare à la TV. Cela a été formidable de vous regarder vous les anti super héros vous débattre pour ne pas sombrer.

Grâce à vous, j’ai appris que l’échec est OK. La tristesse est OK aussi. Pas grave non plus de dire non à l’adulte que nous sommes devenus pour trouver refuge dans une part d’enfance que l’on croit avoir adorée car la mémoire a le pouvoir magique de la télé réalité. La vie en pire ou en mieux. Selon les versions. Dans Togetherness même une ex reine de beauté doit se livrer à la chasse aux spermatozoïdes pour oublier le bruit assourdissant de son horloge biologique et laisser la magie de Tinder prendre soin de son avenir. Au bout du compte, la seule façon de vivre avec tout ça, est d’être ensemble et de partager.

C’est exactement ce que nous faisions avec vous de l’autre côté de l’écran. Et c’était très intense car vos émotions étaient les miennes. Après Togetherness, la solitude, c’est encore plus dur. Bref, ça craint.

 

IMG_9847

Amanda Peet & Steve Zissis © HBO

 

Titre/Title : Togetherness (2015-2016)
Créateurs/creators: Jay Duplass & Mark Duplass & Steve Zissis
Cast : Amanda Peet, Melanie Lynskey, Mark Duplass, Steve Zissis
Maths : 16 épisodes/episodes
Chaîne/Network : HBO, OCS en France

 

When you are a grown-up watching TV in 2016, you are pretty much ready for anything. And if it is not delivered you have a back to the eighties feeling. Small screen has been paradise land for writers for a while now and even Woody Allen couldn’t resist its appeal. But what you never get use to is THE farewell moment. You know you have to say good bye at some point. You say yes to the shrink who asks you if you are ready to accept that this guys, the ones you call your guys, are not for real. But deep in your heart your inner self whispers Bull***t.

For you guys departure, I wasn’t ready. After Togetherness comes loneliness. Not talking here about Nutella and day time TV shots loneliness. I am being serious. Sometimes I can be. I just loved my two seasons being with you. Not just because the whole cast at the top of its game. But because melancholia and every day real life together are rare on TV. I loved the fact that you were adressing those issues in an anti super heroes way.

Thanks to you, I have understood failure is OK. Sadness is OK. It is OK sometimes just to say no to adulthood and act like the child we think we have loved to be because memory erases the shitty parts. In Togetherness even an ex beauty queen has to go on a spermatozoids hunt and through the Tinder magic. But at the end of day, the only way to make things right is to get together and share.

That’s what we were doing behind the screen. Sharing your emotions and it was so intense because your emotions were mine… Not happy to say bye. After Togetherness comes loneliness. It sucks.

ILTVSW guest star (VF) : Paul Abbott créateur de #NoOffence

6 Mar

Paul Abbott, le créateur de Shameless, Hit & Miss et No Offence, était en France en septembre dernier à l’occasion du Festival de la fiction de La Rochelle.

ILTVSW a eu la chance de le rencontrer et d’évoquer l’écriture et la peur avec lui.

© Channel 4

 

ILTVSW. Au sujet de No Offence, vous avez dit que vous vouliez que la série soit drôle mais ne soit pas une comédie. Qu’entendez-vous par là ?
Paul Abbott. Lorsque nous avons créé la série, nous avons écrit de multiples versions. Elles étaient très drôles mais vulgaires. Elles n’existaient que par les gags. La comédie est un acte très conscient de lui-même. Nous avons essayé de gommer cette dimension (rires)… C’est là que réside la différence, selon moi.

ILTVSW. Vous considérez que trop de gags est mauvais pour l’écriture ?
Paul Abbott. Oui, s’ils sont forcés. Et cela arrive. Mais je ne crois pas que les gags rendent une scène drôle alors que les blagues, oui. Tout est dans la clarté de l’attitude. Nous avons coupé des tonnes de gags. Ils faisaient de la série un objet trop comédie. Cela l’empêchait d’être suffisamment réaliste pour être drôle. La vie est bien plus puissante que les gags. Nous avons essayé d’introduire l’humour dans la nature du comportement de nos personnages et pas dans leur vocabulaire.

 

Vous ne pouvez pas apprendre aux gens à entendre les autres.

 

ILTVSW. Donc, vous passez beaucoup de temps à vous promener en observant les autres ?
Paul Abbott. Apparemment car j’ai l’impression d’absorber beaucoup. Il ne s’agit pas de reproduire littéralement des choses vues dans la vraie vie mais d’essayer de définir quelque chose que l’on a aperçu sur le visage de quelqu’un dans le bus, par exemple. Je me dis : « Allez, essaye d’écrire cela. Ecrire quoi ? Il ne s’est rien passé. Mais allez, écris-le. Fais-le sortir de tes doigts comme tu l’as imaginé. » C’est difficile. Mais je m’entraîne tout le temps.

ILTVSW. Vous écrivez depuis trente ans, êtes-vous devenu meilleur ?
Paul Abbott. J’ai peur tout le temps. Vous pouvez toujours vous planter. Et puis sans la peur, vous n’êtes pas suffisamment courageux. Ecrire me terrifie toujours car, en principe, quand je commence un nouveau projet, je l’ai déjà vendu. Pour affronter cette peur, il faut chérir le moment. Et je crois que je sais très bien faire cela aujourd’hui. Il faut constamment se nourrir et ne pas être incorrect avec les gens, avec votre public. Cela nécessite de l’entraînement. Je crois que c’est dans ma nature. Je suis issu d’une famille nombreuse. Je n’étais pas très brillant. Mais j’étais le plus brillant (rires). Cela force à garder les choses pour soi. Et garder les choses pour moi m’a fait exploser. Une fois que j’ai appris à écrire, cela été comme brûler du carburant, c’était génial. Et plus j’étais honnête dans ma démarche, plus j’étais inspiré car cela aide à devenir meilleur auteur. Je ne parle pas ici de l’architecture du storytelling que tout le monde peut apprendre. Mais tout le monde ne peut pas apprendre le dialogue. Vous ne pouvez pas apprendre aux gens à entendre les autres. Et à synthétiser cela pour un autre. Une chose est d’entendre un truc drôle et une autre est d’arriver à l’écrire pour le raconter. C’est ce qu’il y a de plus difficile pour devenir un bon auteur.

ILTVSW. Il y a les bons jours et les mauvais… Comment y faites-vous face ?
Paul Abbott. Il m’arrive de ne pas avoir envie d’écrire. Mais comme j’ai déjà été payé, je dois le faire (rires). Cela dit, je crois que j’ai écrit chaque jour depuis l’âge de quinze ans. D’une manière ou d’une autre. Des histoires, des sketchs ou des trucs pour moi. J’ai eu la chance de vendre beaucoup de projets et de les voir se monter. 80 % de ce qu’écrivent les auteurs ne voit jamais le jour. Je suis extrêmement chanceux.

 

Si vous pouvez couper un tiers, vous pouvez couper un tiers supplémentaire. 

 

ILTVSW. Etes-vous le genre d’auteur qui écrit beaucoup et jette beaucoup ? 
Paul Abbott. Il y a deux jours, j’ai écrit dix pages en une seule journée. Je me suis dit : « Wow, dix pages ! » Mais, seules cinq d’entre elles étaient bonnes au maximum. De nombreux auteurs auraient gardé les dix. Pourtant, il faut couper. Resserrer sa voix. Si vous pouvez couper un tiers, vous pouvez couper un tiers supplémentaire. Il faut tailler. Il y a une mélodie que l’on essaye de communiquer au public. Elle est meilleure guide que les mots. Vous pouvez sentir quand les choses se passent bien. L’autre jour, j’écrivais une scène et j’ai lancé : « Wow, c’est fantastique ! » Je n’aurais pas pu avoir l’air plus vantard. Mais je ne m’adressais à personne. J’étais tout seul. Et je n’arrêtais pas de répéter : « Good boy, good boy ! » Il s’agissait d’une scène ennuyeuse que je devais écrire et c’est devenue l’une de mes scènes préférées. Pour le premier épisode de No Offence, j’ai écrit dix versions. Nous n’arrivions pas à trouver la bonne.

ILTVSW. Comment savez-vous que vous n’avez pas terminé ?
Paul Abbott. Parce que cela ne sent pas bon. Et que vous ne faites pas confiance à votre travail. Donc vous poussez jusqu’à une dixième version. C’est une version de trop et vous faites marche arrière. C’est une excellente discipline. J’écris dix versions de chaque scène. D’une manière ou d’une autre. En ce moment, je modifie tout le début de la deuxième saison. J’ai pris un mauvais départ et je n’arrive pas à trouver de solution car il est profondément brodé dans la série. Je me suis demandé : « Et si je coupais simplement les vingt premières pages pour regarder ce qui se passe ? » Cela m’a libéré. Et permis de voir ce que je pouvais inventer d’autre. Je suis bon à l’invention. Mais je pense que les auteurs qui éditent leur propre travail sont trop peu nombreux. J’ai évidemment besoin d’éditeurs. Je leur confierais mon coeur. Mais il faut toujours éditer soi-même avant de confier son travail. Sinon, techniquement ils deviennent les auteurs. Car ils effectuent le travail prémonitoire de sélection. Il y a beaucoup d’auteurs paresseux qui rendent des scripts de 100 pages et demandent à un autre de trouver des solutions. C’est à eux d’en trouver. Aux Etats-Unis, un truc pareil est inconcevable. L’agent d’un auteur même réputé n’enverra jamais un script de plus de 120 pages. Cela me plaît assez. J’aime le processus d’édition. Et je n’aime pas qu’on me dise quoi faire même quand c’est moi qui le dit. Les gens qui travaillent à mes côtés demandent souvent que l’on m’enlève le clavier. Ils essayent de me rassurer en disant que le boulot est terminé, que je dois rendre le script.

 

IMG_9588

 

ILTVSW. En vous retournant sur votre carrière, vous pensez que vous auriez pu faire du meilleur boulot ?
Paul Abbott. Ouais. Même si de manière étonnante, une partie importante du travail tient encore debout. Si l’écriture est honnête du point de vue humain, elle résiste au temps. Cela dit, ouais, il y a des tonnes de choses que j’aurais pu écrire différemment. Vous apprenez de vos propres erreurs.

ILTVSW. Qu’est-ce l’honnêteté dans le processus d’écriture ?
Paul Abbott. Donner les meilleures répliques à son ennemi car cela pousse à écrire à sa hauteur et donc à être honnête. Beaucoup d’auteurs raconteront l’histoire d’une femme victime d’un accouchement de son point de vue à elle, par exemple. Pourquoi n’essayent-t-ils pas de le raconter du point de vue de la sage-femme ? Soyez la sage-femme. Donnez-lui le meilleur texte. Ensuite, vous serez obligé d’écrire à sa hauteur. Et vous serez surpris de constater combien vous pouvez être honnête sans même en avoir conscience. Il y a un truc à faire. Ecrivez la pire des choses que l’on peut dire à votre sujet et mettez-là dans la bouche de la personne dont vous aimeriez le moins qu’elle soit au courant de cette information. Vous n’avez bien sûr besoin de montrer cela à personne. Faites-vous peur. Mettez le document de côté pendant un mois. Puis écrivez lui en réponse. Vous apprendrez ainsi à utiliser la peur comme un carburant. Quand vous approchez de cet état, vous tremblez d’excitation. Je teste ce de quoi je suis fait tout le temps. Tout le temps. Je me suis effrayé avec des choses que des gens ont dit à mon sujet. Leur répondre, se hisser à la hauteur, nécessite de se forger des muscles que l’on ne peut pas perdre. Une fois que vous l’avez fait, vous êtes accro et vous recommencez. Trop peu d’auteurs le font.

ILTVSW. Est-ce la raison pour laquelle vous n’êtes pas un auteur de genre ?
Paul Abbott. Ouais. Vous pouvez choisir d’écrire le truc d’après ou c’est lui qui vous choisit. Quand vous travaillez beaucoup, vous n’avez pas à choisir ce que vous allez écrire après. Je ne sais pas à quoi cela ressemblerait de ne pas pas le savoir car j’ai beaucoup trop d’idées. Je pense que l’énergie que vous mettez à être un autre dans un drama fait de vous quelqu’un de meilleur. Si vous faites preuve de clémence pour la personne que vous aimez le moins dans l’histoire, vous devez l’écrire encore mieux. Quand je disais que l’on sait quand les choses vont bien, j’adore quand je m’effraie un peu et que j’écris ensuite avec une absolue endurance.  Peut-être que je détesterais ces pages cinq jours plus tard mais je me suis emparé de mes peurs personnelles pour les utiliser comme des outils pour raconter mon histoire. Sans ces peurs, il n’y a pas de bonne scène. Cela ne signifie pas que je me terrifie tout le temps. Mais il est indispensable d’avoir respectueusement peur de quelque chose. J’ai mis longtemps mais aujourd’hui j’ai respectueusement peur des histoires. Rien n’est donné. Je n’ai pas de hobbies. J’écris tout le temps.

Titre : No Offence (2015 –    )
Créateur : Paul Abbott
Cast : Joanna Scanlan, Elaine Cassidy, Alexandra Roach
Chaînes : Channel 4, France 2 (France)

© 2016 ILTVSW – La reproduction partielle ou entière de cet entretien n’est pas légale sans l’accord préalable de ILTVSW

La semaine prochaine dans ILTVSW… Oups, pas encore tranché, désolée.

ILTVSW guest star (VO) : Paul Abbott creator of #NoOffence

28 Fév

Paul Abbott, the creator of Shameless, Hit & Miss and No Offence, was in France last September at the TV Festival of La Rochelle.

ILTVSW was lucky enough to seat with him and talk about writing & fear.

© Channel 4

 

ILTVSW. About No Offence you said you wanted it to be funny but not to be a comedy. What do you mean by that ?
Paul Abbott. We kept making versions of it. They were very funny but it was just rude. Because it was just for the jokes. Comedy is selfconscious and we were trying to « deselfconsciousize » (laughs)…  I think that’s the difference.

ILTVSW. Do you think that too many jokes are bad for the writing ?
Paul Abbott. Yeah, if they are forced. They can be. But, I don’t think the gags make a scene funny, the jokes do. The clarity of the attitude is what makes it funny. We cut loads of gags out. They made it so comedic it stopped being realistic enough to be funny. Life is much stronger than gags. I think we were trying to build the humour into the behavioural side of their nature not in the vocabulary.

 

You can teach people to ear people.

 

ILTVSW. So you spend a lot of time walking around watching people ?
Paul Abbott. Seemingly because I seem to have absorbed quite a lot. But not litteraly picking things from real life but trying to define, for example, just something you see on someone’s face on a bus… Come on write that. Write what ? Nothing happened. But write it, write what you said. Make it come out of your fingers the way you thought it. That’s tough. But you can. And I pratice all the time.

ILTVSW. You have been writing for thirty years did you get better at it ?
Paul Abbott. Scared. Always. You can always blow it. And you can’t be brave if you aren’t scared. It still terrifies me because normally by the time I seat down to write I have sold it. To deal with it I just relish it. I got really good at this. Keep feeding yourself and don’t be rude to people, to your audience. In practicing also. It is in my nature, I am coming from a big family. I wasn’t very bright, I was just the brightest one (laughs). So you learn to keep things to yourself. And keeping things to myself made me explode. Once I learned to write, it was just like burning fuel, fantastic. And the more purely burned honestly, the more fuel, because you just get better at it. At the glue. It is not the architecture of the storytelling, I think anybody can learn storytelling but you can’t teach dialogue. You can’t teach people how to ear people. And to synthesize that for someone else. It is one thing to ear something funny and it is another thing to write it down to tell it to someone else. That is the hardest part of being a good writer.

ILTVSW. There are good days and bad days… How do you deal with that ?
Paul Abbott. Sometimes I just don’t want to do it. But usually you have been paid already so you have to (laughs). I think I have written every single days since I was fifteen. In one way or another. Stories, sketches or things for me. I have had the pleasure of selling a lot of work and see my work coming back. 80 % of what writers write never get seen. I am really fortunate.

 

If you can cut a third you can cut a third again. 

 

ILTVSW. Are you the kind of writer that writes a lot and throw a lot away ? 
Paul Abbott. Two days ago I wrote ten pages in one day. And you go : « Wow, ten pages ! » But it’s worth five at the most. A lot of writers will keep the ten. But I think you have to cut it. Tighten your voice. If you can cut a third you can cut a third again. You just keep triming and tightening your voice. There is a melody that you are trying to communicate to the audience. I think that’s a better guidance than the words. You can smell when it’s going well. I wrote a scene the other day and I said : « Wow, it is fantastic ! » I couldn’t have look vainer. But I wasn’t saying that to anybody else. It was just me. There was nobody. And I kept saying : « Good boy, good boy ! » It was a boring scene that I kind of had to write and it is now one of my favorite scenes. I did ten full drafts of episode one for No Offence. We just didn’t get it right.

ILTVSW. How do know that you are not done ?
Paul Abbott. Because it smells wrong. It just feels wrong and you don’t trust it. So you go to ten. It is one draft too far and then you pull back. I think that is really good discipline. I write about ten versions of each scene. One way or another. I may just be changing the beginning of the entire series two. I have done something wrong and I can’t work it out it is too tighly embroidered. And I go : « What if I just take the first twenty pages off the script and see what happens there ? » It makes me feel liberated. I can see what else I can come up with. I am good at invention but I don’t think enough writers edit their own work. I need editors. I trust them with my heart. But you should edit as well before it gets to them. Otherwise they are technically the writer. If they are the one doing the selective premonition to your work. A lot of lazy writers just give you a hundred pages script and say you work it out. No YOU work it out. In America, you are not allowed to deliver long. Even with a reputation if you deliver a script which is over 120 pages your agent won’t even send it. I quite like that though. I like editing myself. I don’t like to be tolded what to do even by myself. Often my people say : « Take the keyboard of him. It is finished. It’s fine. » At some point the script has to be taken from me.

 

IMG_9588

 

ILTVSW. When you look back do you have the feeling you could have done better work ?
Paul Abbott. Yeah. But surprisingly a lot of the work still stands up. Because if the writing is humanely honest it is timeless. But yeah, loads of things I could have done differently. You just keep learning by your own mistakes.

ILTVSW. What is honesty in the writing process ?
Paul Abbott. Give your enemy the best lines because then you have to write up to them and I think being honest. A lot of writers will tell a story about a woman who has been a victim of childbirth ta da da… as a victim of a childbirth but why don’t they try writing it as the midwife. Be the midwife. Give her the best lines. You writing your own story have to write up to her high calibre. And you surprise yourself by how true you can be without knowing it. There is a thing you can do. You write the worst thing that can ever be said about you and you put it in the voice of the worst person you would ever want to know that information. You don’t have to show this document to anybody else. Scare yourself. Put it away for a month. And write the answers back and you will learn to use fear like fuel. When you know that you have gotten really close to that it makes you crackle with excitment. You are testing what you are made of all the time. All the time. I have scared myself with some lines that some people have said. Writing up to it is like building muscles that you can’t lose. They can’t evaporate. Once you have done that you have become addicted to trying again. Not enough writers do that.

ILTVSW. Is it the reason why you are not a genre writer ?
Paul Abbott. Yeah. You can choose to write something next or it chooses you. When you do a lot of work you don’t have to decide what you are going to write next. I don’t know what it would feel like not to know what I would be writing next because I get too many ideas. I think the amount of power you put in being another person in a drama just makes you a much more decent human being. If you are showing mercy for the person you least like in a story you have to write it better. When I talked of knowing when things were right, you know, I love it when you have scared yourself a little bit and you have written back with absolute stamina. You might hate those pages in five days time. But you have taken your personal fears to use as tools for storytelling. Without the fear, you don’t get the good scene. I don’t mean I terrify myself all the time. But you have got to be respectfully scared of something. It took me a long time but I have learned to be respectfully scared of stories. Nothing is a given. I haven’t got a hobby. I am always writing.

Title : No Offence (2015 –    )
Creator : Paul Abbott
Cast : Joanna Scanlan, Elaine Cassidy, Alexandra Roach
Networks : Channel 4, France 2 (France)

© 2016 ILTVSW – not to be reproduced without a prior authorization from ILTVSW

Next week in ILTVSW, the French version.

ILTVSW guest stars : Eric Benzekri et Jean-Baptiste Delafon #BaronNoir

21 Fév

FRA/ENGLISH

Eric Benzekri et Jean-Baptiste Delafon signent la première série politique française. Les créateurs de Baron Noir ont accepté l’invitation de ILTVSW. De Philippe Rickwaert dépressif à Philippe Rickwaert flamboyant en passant par leur nostalgie d’un certain mâle dominant à la française, les deux auteurs se livrent dans une interview fleuve.

To my readers, exceptionally ILTVSW will only be French speaking this week. Eric Benzekri & Jean-Baptiste Delafon, the French writers & producers of the first French political drama Baron Noir for Canal Plus are the guest stars of the blog today. But as soon as next week things will be back to normal meaning French & English.

 

© Canal Plus

 

ILTVSW. Baron Noir n’est pas la série que vous aviez initialement en tête. Comment et pourquoi a-t-elle évoluée ?
Jean-Baptiste Delafon. Le projet initial était beaucoup plus existentiel. C’était une chronique portrait d’un homme politique qui n’était pas forcément flamboyant. Avec ses moments de creux. Son 15 août sinistre. On était dans quelque chose de beaucoup plus dépressif. Le personnage était déjà Rickwaert mais en plus bizarre. Il en reste beaucoup de ce personnage, d’ailleurs. Mais Canal Plus n’a pas suivi sur cette ligne-là. On nous a dit que le personnage tel qu’il existait dans la première version du pilote était assez minable, comme on peut dire que Soprano est minable, mais pour Baron Noir ce n’était pas un compliment. C’était quelque chose que la chaîne n’était pas prête à faire. Et à mon avis, ils ont eu raison. Ils ont dit : « C’est difficile de faire venir des gens sur la politique. Si en plus on fait une série politique existentielle avec une dramaturgie assez flottante, on ne passera pas. » Les chiffres montrent qu’il y a presque la moitié moins de gens qui viennent que sur Braquo parce que Baron Noir est une série politique. Malgré le casting. Canal Plus a voulu limiter le risque. Je les comprends. La politique plus la dépression, cela faisait beaucoup.

 

Nous avons passé un accord avec Canal Plus, OK on fait de la pure politique mais on surdramatise. 

 

ILTVSW. Comment travaillez-vous ensuite ?
Jean-Baptiste Delafon. La chaîne nous a demandé d’explorer une autre piste. Et si Joël ne s’était pas suicidé ? Nous avons joué le jeu et mis au coeur du récit un enjeu de mystère policier. Cela a été une catastrophe. Cela tenait en un ou deux épisodes. Et puis des tiroirs ne fermaient pas, on avait des casseroles et plus d’espace pour traiter ce que nous avions vraiment envie de traiter. Cela devenait du policier dans un milieu politique. Avec une histoire assez peu intéressante et crédible car on ne tue pas physiquement en politique aujourd’hui en France.

ILTVSW. Comment êtes-vous sortis de cette mauvaise piste ?
Jean-Baptiste Delafon. Le moment où nous nous sommes fait retoquer notre première version existentielle et minable a été très dur. Nous étions furieux. Nous voulions tout arrêter. Nous nous sommes même dit que nous allions faire autre chose. L’orgueil de l’auteur (rires). A Canal Plus, ils nous ont parlé avec beaucoup de douceur. Mais c’est vrai que ce mot minable, qui qualifiait seulement le personnage, on l’a d’abord un peu pris pour notre travail. Finalement, nous nous sommes remotivés pour l’exploration de la deuxième piste. Très vite, les plaques d’immatriculation et les caméras de surveillance nous ont déprimé, nous avons décidé d’être honnêtes et de dire qu’on ne pourrait pas écrire Baron Noir comme ça. Cela a été évident pour les équipes de Canal Plus aussi. Nous avons passé un accord : « OK, on fait de la pure politique mais on surdramatise ». On crame nos vaisseaux. Et Fabrice de la Patellière (directeur de la fiction de Canal Plus, NDLR) a évoqué la possibilité de faire une mini série. Je ne sais pas si c’était volontaire mais cela a été une manière de nous obliger à tout donner. Il y a eu une première phase d’écriture en mode mini série dans laquelle on a musclé considérablement la dramaturgie tout en restant dans une pure série politique. La politique conduisait le récit. Cela a permis de libérer le développement et nous a permis d’avancer assez vite.

 

© Canal Plus

 

 

ILTVSW. Et puis, finalement, lors du lancement de la série certains vous présentent comme le House of Cards française. Ce que n’est vraiment pas Baron Noir
Jean-Baptiste Delafon. Effectivement il n’y a pas grand chose de commun. Ni dans le traitement, ni dans la vision de la politique. Baron Noir est une série dans laquelle le militantisme existe vraiment. C’est très différent d’une partie d’échecs dans les hautes sphères. Nous, on a les pieds dans la gadoue. Nous racontons des histoires très spécifiques à la gauche française à un moment donné de l’histoire de France. Underwood est un psychopathe. Et House of Cards dans la jouissance du cynisme. Il n’y a aucun enjeu de bien public dans cette série. Le bien public est au coeur de Baron Noir. Si Philippe Rickwaert se voyait tel qu’il est réellement, il s’effondrerait. Il est mégalo dans le service du bien public, de l’intérêt collectif, du pays.

ILTVSW. Borgen est beaucoup plus proche… (Eric Benzekri se joint à l’entretien)
Jean-Baptiste Delafon. Nous n’avons jamais parlé de Borgen pendant l’écriture. D’ailleurs, pour être honnête, je n’ai vu que les trois ou quatre premiers d’épisodes et je ne suis pas entré dedans.
Eric Benzekri. Le grand point commun avec Borgen c’est qu’on est ancré vraiment dans un pays. Baron Noir est aussi très locale. Les deux séries montrent qu’il est possible de parler d’un pays en le prenant par le biais politique. Borgen parle superbement du pays et de l’Europe. Nous on voulait parler de la France. Et on a cherché longtemps… Il y a évidemment aussi une parenté avec The West Wing.

J’ai dû voir cinq fois l’intégrale de The West Wing.

ILTVSW. Il y a même deux moments où l’on croit voir un hommage à The West Wing
Eric Benzekri. Il y a une scène dans les cuisines dans The West Wing et dans Baron Noir. C’est logique quand vous discutez de politique à 4 heures du matin, vous avez faim. Très honnêtement, l’hommage est inconscient mais cette série m’a tellement marqué… Nous sommes des éponges. J’ai dû voir cinq fois l’intégrale de The West Wing.
Jean-Baptiste Delafon. Il est impossible de ne pas faire de walk and talk quand on fait une série politique. Même si The West Wing n’avait pas existé, on en ferait. C’est plus un effet de coïncidence. D’ailleurs, aborder une scène en walk and talk est un choix de réalisation. Et Ziad Doueiri, le réalisateur, lui ne connaissait rien en séries. Il était totalement vierge. Il ne s’agit donc pas d’hommages conscients.

ILTVSW. Une bonne série naît d’abord du point de vue d’un auteur. Comment conjugue-t-on les désirs de deux cerveaux ?
Jean-Baptiste Delafon. Comme dans la vie, comme dans l’amour, il faut un peu de chance. Il y a le miracle de la rencontre. Il ne faut pas minimiser cet aspect-là. Nous sommes très amis mais nous nous sommes rencontrés professionnellement d’abord. Baron Noir est le fruit d’années de siphonage et d’émulation. Le troisième Rickwaert est le premier Rickwaert épuré dans un sens. C’est-à-dire délesté de sa dépression. Mais c’est le même.
Eric Benzekri. Exactement. Il a raison.
Jean-Baptiste Delafon. Nous avons conservé l’aspect dominateur, suractif, impactant.
Eric Benzekri. L’aspect viril et sexiste aussi est resté prononcé.

 

Eric est détenteur de l’énergie de Rickwaert.

 

ILTVSW. Comment se concrétise cette fusion intellectuelle ?
Eric Benzekri. Nous sommes ensemble de 9h30 à 18h30. Nous ne faisons que parler. Nous prenons des notes aussi mais elles restent très longtemps minimalistes.
Jean-Baptiste Delafon. Chaque épisode fait ensuite l’objet d’un document point par point de trois pages maximum avant de passer à l’étape du dialogué. Ensuite nous réécrivons énormément.
Eric Benzekri. Pour nous écrire, c’est réécrire.
Jean-Baptiste Delafon. Jusqu’à vingt versions d’un épisode. Il y a même eu des refontes totales pour les épisodes quatre et six. La méthode est celle-là. Le producteur apprend à lire ces documents qui sont très minimalistes. Il se prend la tête. C’est compliqué pour lui. Chaque scène en deux lignes. Il y a une quarantaine de points par épisode. Cela nous permet d’avoir un document très maléable.
Eric Benzekri. En fait, il y a discussion permanente sur tout. Nous sommes sur tous les fronts en même temps. Dans une journée, il peut nous arriver de rester bloqués entièrement sur un point précis de mécanique. Mais, très souvent, nous faisons de la mécanique, puis nous nous concentrons sur un personnage puis nous passons encore à autre chose…
Jean-Baptiste Delafon. Nous ne décidons de rien si nous ne sommes pas tous les deux convaincus. C’est une manière de travailler très fusionnelle et en même temps nous avons nos sensibilités et nos petits avantages comparatifs.

ILTVSW. Quels sont-ils ?
Jean-Baptiste Delafon. Eric est détenteur de l’énergie de Rickwaert. De son hyper violence. Mais je l’ai canibalisé aussi. Il amène ce personnage-là. Après, il y a quelque chose qui m’est plus spécifique c’est vraiment dans l’écriture elle-même. La musicalité que j’apporte de façon un peu plus spécifique à la base. Mais là encore, il m’a énormément siphonné cela. Eric était fasciné par ce style et moi par son apport à lui. Il y a donc un mélange d’un truc très anguleux sur le personnage et d’une tonalité dans l’écriture.
Eric Benzekri. En fait, je ne pourrais pas écrire le Baron Noir avec quelqu’un d’autre. On peut nous adjoindre des auteurs, on en a besoin. Moi j’ai besoin de Jean-Baptiste pour faire du Baron Noir. Nous, on aime dire que c’est une série d’auteurs. Dès que j’ai commencé à travailler avec Jean-Baptiste je l’ai aimé en tant qu’auteur. Souvent quand on travaille une scène, il y a de la compétition et c’est super excitant. Je ne peux pas envoyer une scène moyenne à Jean-Baptiste. Nous avons une volonté d’excellence d’abord parce que nous travaillons à deux.
Jean-Baptiste Delafon. Dans la saison 1, il y a quelques scènes qui illustrent parfaitement cette compète. La scène avec François Boudard dans l’épisode un. Elle est surboostée dans le langage. C’est très extrême ce qu’ils disent.
Eric Benzekri. Oui le « Il a un dossier gros comme ma bite »…
Jean-Baptiste Delafon. Tout cela survient en fin d’écriture. Nous savons très bien que si nous étions du matin au soir sur le mode, je la ramène, cela ne fonctionnerait pas. Cela nous est arrivé de nous le dire d’ailleurs.

 

© Canal Plus

 

ILTVSW. Baron Noir est une réussite mais la série repose tellement sur Rickwaert que si vous n’aviez pas bénéficié du bon Rickwaert, elle aurait pu être totalement loupée. En avez-vous eu conscience ?
Eric Benzekri. Tout le temps, tous les jours. A l’écriture et pendant le tournage. Cela dit assez vite, nous avons senti que le fait de nous appuyer sur un personnage était le point fort de la série.
Jean-Baptiste Delafon. Notre série précédente, La Présidentielle, qui n’a pas été mise en production, était une série à deux personnages qui étaient d’ailleurs un petit peu les deux faces de Rickwaert, c’est un truc qu’on s’est dit récemment. La politique, c’est compliqué, si en plus on part sur plusieurs personnages, en huit épisodes, c’est injouable… Finalement, un seul personnage central, c’était un moindre risque. L’idée, c’était un mec qui emporte tout.

ILTVSW. Est-ce l’impuissance en politique finalement votre sujet ?
Eric Benzekri. Oui. C’est de cela dont Baron Noir parle. Impuissance sur la question européenne, sur la réforme de l’éducation, des idéaux… Tout s’écroule tout le temps.
Jean-Baptiste Delafon. Ce qui demeure c’est la dimension initiatique de la politique comme apprentissage d’un regard sur le monde, émancipation intellectuelle. Mais, aujourd’hui, on est à l’image du pays.

 

Ce qui compte, ce n’est pas le réel, c’est la crédibilité. 

 

ILTVSW. Dans la série vous mettez un nom sur un parti politique, le PS, dans quelle mesure une série politique doit-elle coller au réel pour être bonne ?
Eric Benzekri. Ce qui compte, ce n’est pas le réel, c’est la crédibilité. Il est important de nommer les choses donc c’est le parti socialiste et c’est Mediapart. Cela comptait.
Jean-Baptiste Delafon. Je pense que cette dimension documentaire sur le monde est l’une des promesses de la série contemporaine. Cette strate est nécessaire. Nous travaillons à partir de cela. Nous tentons de transcender pour mieux dire le réel. Pour comprendre le monde dans lequel nous vivons.

ILTVSW. Dans quelle mesure avez-vous eu le final cut sur la série ?
Jean-Baptiste Delafon. Le final cut était collégial.
Eric Benzekri. Si on disait non, c’était non.
Jean-Baptiste Delafon. De même que si Ziad disait non.
Eric Benzekri. Si, sur une proposition de coupe, nous disions non droit dans les yeux en étant méchants, c’était non. En fait, tout était une question de négociations entre Thomas Bourguignon (NDLR, le producteur), Ziad et Canal Plus.
Jean-Baptiste Delafon. Cela faisait du monde. Il nous est arrivé de rester sur deux répliques pendants des heures.
Eric Benzekri. Mais Baron Noir est notre série. Nous en sommes hyper fiers. Et nous l’assumons à 100 %.

ILTVSW. La réalisation est moins forte que l’écriture de la série… Confier son bébé à un réalisateur, c’est forcément impressionnant ?
Jean-Baptiste Delafon. Moi, je trouve que Ziad a réussi des trucs incroyables.
Eric Benzekri. Le mec fait les huit épisodes.
Jean-Baptiste Delafon. Nous n’avions pas le pouvoir de direction artistique. Nous avons travaillé avec un réalisateur de cinéma qui a de l’autorité et de la maturité. Nous avons donc plus travaillé en mode auteurs-réalisateur à la française. Sauf qu’on était vraiment là, qu’on a mis des limites et qu’on l’a accompagné en permanence. Pas du point de vue esthétique mais sur le sens des choses.
Eric Benzekri. C’est difficile de confier sa série à un autre mais cela s’est très bien passé. Vraiment, nous avions très très peur au début.
Jean-Baptiste Delafon. Même de Ziad sur certains aspects parce que c’est un dingue dans le bon sens du terme.
Eric Benzekri. Dans un moment de tension, il y a eu cette formule. On a dit : « Ecoute Ziad, tout ce qui est le texte est à nous, tout le reste est à toi ». Il a répondu : « Attention, ce que tu dis là, c’est très grave. C’est beaucoup tout le reste. » Moi, je pense que le reste n’est rien. Car la série, c’est la primauté à la narration. Donc, quand tu as le texte et que tu en es garant tous les jours sur le plateau, en fait, tu peux trouver de bons compromis. Moi, je ne suis pas réalisateur. Jean-Baptiste l’est plus que moi et je pense que cette transmission du bébé au réalisateur est plus difficile pour lui. Cela va le devenir pour moi maintenant.
Jean-Baptiste Delafon. Il y a vraiment une donnée qu’il faut considérer par ailleurs. La production en France est de l’artisanat total. La création ne bénéficie pas d’un outil industriel qui s’est construit depuis des décennies comme aux Etats-Unis.
Eric Benzekri. Cela dit Baron Noir est plus que notre bébé. Nous avons tout donné. Tous nos talents sont dans la série. Nous sommes capables de faire une saison 2 et une saison 3.

 

Piccoli qui clope, c’est cela qu’on veut.

 

ILTVSW. Kad Merad est formidable dans la peau de Rickwaert mais il était loin d’être un choix évident… Aviez un droit de veto sur le casting ?
Jean-Baptiste Delafon. Kad a fait des essais. Et c’était plié. Il a passé deux scènes dont celle dans laquelle il arrive à convaincre Mehdi, le leader étudiant. Moi, j’ai eu des frissons en le voyant jouer. J’ai pensé à mon père, à plein de choses. Avec Eric, nous sommes des fans de Sautet. D’un certain cinéma des années 70. Du mâle dominant à l’ancienne mais à la Française.
Eric Benzekri. Piccoli qui clope, c’est cela qu’on veut nous.
Jean-Baptiste Delafon. J’étais très angoissé le matin des essais et très heureux le soir. J’ai senti cela traverser.

ILTVSW. C’est un phénomène très minoritaire mais certaines voix reprochent à la série en dépeignant ce qu’elle dépeint de prendre le risque de faire monter le FN…
Eric Benzekri. Il y a un danger à parler de politique tout le temps puisque le FN est haut. Face à cette situation, il y a deux choix. Soit on ne parle plus de politique et on laisse la place au FN. Et donc on va passer de 20 % à 30% de 30 % à 40 % et de 40 % à 51 %, voilà. Soit on parle de la politique, on dit ce qu’elle est et on donne les prises pour changer la vision qu’on en a. Nous pensons qu’avec Baron Noir nous ne faisons pas une série qui flingue la politique. Au contraire, c’est une série qui l’humanise. A partir de là, c’est une bonne clé pour les gens qui veulent combattre le FN. Mais, nous ne faisons pas de tract.
Jean-Baptiste Delafon. La plupart des gens pensent que les hommes politiques sont pourris. Nous, on affirme qu’ils sont pourris mais pas seulement. Infuser sur le pas seulement, c’est déjà cela. Dans ce pas seulement, il y a de la sincérité, de l’humanité, de la construction intellectuelle.
Eric Benzekri. Il n’y avait pas de série politique en France. La politique était réservée aux politiques et aux journalistes politiques. Cela crée un petit choc. Les citoyens, les auteurs, les artistes doivent s’en emparer. Sinon, ce n’est pas sain. Ce n’est pas citoyen. Baron Noir permet de s’interroger autrement. Nous ce qu’on aime dans l’écriture sérielle, c’est qu’elle donne à réfléchir.

ILTVSW. Vous êtes vous posé la question de la responsabilité dans un climat où la classe politique traditionnelle souffre d’un discrédit ?
Jean-Baptiste Delafon. Il y a évidemment plein de moments où nous nous sommes pris la tête, angoissés. Evidemment, la question de la responsabilité s’est posée dans la pratique de l’écriture. L’idée de casser les urnes, de taper du pognon dans une caisse, ce n’est pas par plaisir… Il n’était pas question de décrire un monde où on a le sentiment que la justice est aux ordres de la politique totalement. Ce n’est pas vrai. Certains magistrats sont sous influence mais d’autres non.
Eric Benzekri. En fait, ce que dit la série, c’est que nous sommes dans un état de droit. Ce qui est très important. Nous n’avons jamais cessé de nous poser cette question de la responsabilité. Nous ne sommes pas des pyromanes.

© 2016 ILTVSW – La reproduction partielle ou entière de cet entretien n’est pas légale sans l’accord préalable de ILTVSW.

La semaine prochaine dans ILTVSW … Oups, pas encore tranché, désolée.

%d blogueurs aiment cette page :