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ILTVSW craque aussi pour … / also loves : 1992

27 Sep

FRA/ENGLISH

C’est donc vrai, tout arrive. Même à la télévision européenne. Même lorsqu’on l’attend le moins. Cette semaine 1992 la série italienne termine sa course sur OCS et cela a été une expérience puissante pour la critique de TV que je suis. La série nous a emmené dans les coulisses de l’opération « Mains Propres » qui s’est déroulée cette année-là, en Italie. Une vaste campagne anti corruption qui a fait la peau à la vieille politique. Un sujet qui pourrait faire l’objet d’une année entière d’étude sur les bancs d’une fac de science politique. Une année cruciale qui a changé le visage de l’Italie et lancé la carrière de Sylvio Berlusconi. Et nous savons tous ce qui s’est passé ensuite, mais là n’est pas mon sujet.

Alessandro Fabbri, Ludovica Rampoldi, Stefano Sardo, les scénaristes de la série, nous ont offert une écriture précise et généreuse. Non seulement, ils sont parvenus à capturer ce moment d’histoire mais ils ont fait bien plus que cela. Ils nous ont donné des clés pour comprendre un tournant majeur en Europe. Quand le divertissement est devenu la politique ou la politique, le divertissement. Ils l’ont fait avec finesse, sans condescendance et sans jamais oublier que les personnages sont le sang et la chair d’une série.

Le sujet de 1992 n’est ni les bons, ni les méchants. Le sujet de la série, c’est le choix. Nos choix et les raisons pour lesquelles nous les faisons. 1992 met des images sur l’avénement de l’individualisme, la naissance de l’autopromo permanente et son impact sur notre société. Le résultat est formidable. Dans la tradition du travail de David Simon, une tradition dans laquelle raconter des histoires est important pas seulement pour ce qu’elles nous permettent de ressentir mais, surtout, parce qu’elles nous donnent à réfléchir.

Série made in Italy. Intelligente et brillante. Potentiel BFFF : total. À regarder pour aimer, pour pleurer, pour réfléchir.

La semaine prochaine sur ILTVSW … Oups, pas encore tranché, désolée.

 

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Titre/Title : 1992
Créateurs/Creators : Alessandro Fabbri, Ludovica Rampoldi, Stefano Sardo
Cast : Stefano Accorsi, Guido Caprino, Miriam Leone, Domenico Diele.
Maths : 1 saison/Season
Chaîne/Network : Sky Italia / OCS (France)

Waiting can be worthwhile. Good things actually do happen. Even on European TV. Even when you least expect it. 1992, the Italian show, is ending this week in France and, man, this was an incredible experience for the French TV critic that I am. The show walked us through the political events that happened in 1992 in Italy. The operation « Mani Pulite », or « Clean Hands » in english, when judges decided to go after corruption and took down the old political system. A subject that could be taught during an entire year in a public affair degree. A very important year that has changed the face of Italy and started the political career of Silvio Berlusconi. Meaning they went for clean and, well, we all know what happened next. But that’s not my point. 

My point is Alessandro Fabbri, Ludovica Rampoldi & Stefano Sardo, the writers of the show, made 10 episodes of pure magic. Not only they have succeed to capture history staying true to the facts but they did way more than that. They gave us the keys to understand a major shift in Europe. When entertainment became politics or the other way around. And the writers did so without ever being patronizing or forgetting that characters are the flesh and blood of a TV show.

In 1992 it’s not about the bad guys and the good guys. It’s about the choices people make. About the reasons they make them. And about understanding the rise of individualism and the birth of self branding and their impact on our society. The result is awesome. Very much in David Simon’s tradition to tell stories that matter not only because they make you feel but above all because they make you think. 

Made in Italy TV show. Smart and powerful. BFFF potential : total. To watch to love, to think, to cry.

Next week in ILTVSW … Oops, not decided yet, sorry.

ILTVSW Pool Party 2015

19 Juil

FRA/ENGLISH

Well, my friends, the time has come. To raise the roof and have some fun. Throw away the work to be done. Let the music play on. Play on, play on. Everbody sing, everybody dance. Lose yourself in wild romance. We’re going to party. Karamu, fiesta, forever. Come on and sing along ! Alllllllllll night long … Eh ben oui, enfin plutôt… eh ben non, pas de bal de promo cet été sur ILTVSW mais une pool party ! La conjugaison du réchauffement climatique et du principe de réalité.

Grâce aux premières étoiles de l’été et à quelques Mojitos, Lubiie de Lubie en série, Astiera de Séries addict so what?, Yann de Séries, le blog !, Jérémy de Time of the season et Stéphane des Plumes asthmatiques ont plongé sans hésiter, un immense merci à eux !

Plonger avec des stars de la blogosphère séries, juste ce qu’il fallait pour ne pas me laisser abattre par le blues de fin d’année. Surtout qu’ils ne sont pas venus seuls mais avec leurs personnages préférés.

Promis, on vous a concocté une pool party dans les règles de l’art. Prom queen, drames & love story … Come on ! Et bel été à tous !

To my readers, exceptionally ILTVSW will only be French speaking this week. The blog is hosting a TV Pool Party with French TV bloggers. But as soon as next week things will be back to normal meaning French & English. English speaking bloggers you are welcome to contact me to guest post. Happy summer to you all !

 

 

ILTVSW. C’est la fin de l’année qui sont les prom queen & king 2014?

Astiera. Sans conteste, il s’agit de Noah et Alison, dont l’histoire d’amour m’a fait vibrer dans la première saison de The Affair. J’ai tout de suite plongé avec eux dans leurs eaux troubles et passionnées. Ils m’ont fait pleurer, ils m’ont attendrie, ils m’ont enflammée !

Lubiie. Annalise Keating de How to get away with murder, une femme belle, talentueuse et qui en impose : une reine dans l’âme. A ces côtés, peut-être pas aussi fier mais certainement l’homme de l’année, Saul Goodman ou Jimmy pour les intimes de Better call Saul.

Jérémy. Cette année, la reine, c’est Maura Pfefferman de la formidable Transparent. Femme née dans un corps d’homme. Bouleversante, hilarante, elle le mérite, c’est son année. On ne peut pas l’oublier avec sa grande taille, sa démarche particulière et ses vêtements un peu trop larges, mais c’est avant tout sa bienveillance et son courage que l’on retient. Je vais inventer un drôle de couple. Le roi de la promo cette année, c’est Alex Pappas de Togetherness. Il est finalement assez complémentaire avec Maura. La même gentillesse et douceur. Ce qui touche avant tout chez Alex c’est sa lose, qui provoque immédiatement la compassion. On a envie de le prendre dans nos bras, d’être son pote, un vrai bon gars. Un loser magnifique. Cette fois Alex, t’es le roi.

Yann. Pour ce duo, je ne retiendrai qu’une personne. Loin de moi l’idée de tricher mais sa dualité, qui n’en est finalement plus une, lui permet de l’emporter aisément dans mon choix ! Morton L. Pfefferman est un homme ou plutôt devais-je dire était un homme. Il, enfin elle, est désormais une femme qui se nomme Maura. Dans Transparent, elle se livre avec un mélange de pudeur, de sincérité et d’intense émotion. On comprend alors comment un Parent peut s’affirmer Trans tout en restant le guide spirituel d’une famille et en particulier pour ses enfants qui se cherchent. Mais pardonnez moi car j’en oublie déjà l’emploi du féminin. Vite chère Maura, j’ai hâte de te retrouver !

Stéphane. L’incontestable prom queen de cette saison c’est Jane Villanueva interprétée par l’excellente Gina Rodriguez dans Jane The Virgin. Elle a ravi mon petit coeur de sériephile dès son premier sourire. Pour le prom king, c’est un peu plus serré mais je crois que je dirai Cary Agos et son interprète Matt Czuchry. Sa prestation dans la première partie de la saison 6 de The Good Wife est juste impressionnante ! Ils forment un beau couple, je trouve.

 

 Lena Dunham, tu m’as un peu déçu cette année …

 

ILTVSW. Forcément, certains n’ont pas été à la hauteur de leur réputation & d’autres ont montré un potentiel que l’on ne soupçonnait pas…

Astiera. En bonne whovienne (même si je suis récemment convertie et que ma conversion a été hérétique), j’ai dû dire adieu à Eleven, mon Doctor et apprendre à laisser la place dans mon coeur à Twelve, son successeur. Mais si cette 8e saison est bien moins ratée que la précédente, je dois l’admettre, Twelve n’a pas encore trouvé sa place dans mon coeur, malgré quelques fulgurances, dont Steven Moffat, malgré tous ses défauts, a le secret. Mais je serai tout de même au rendez-vous de la saison 9, je n’ai pas encore dit mon dernier mot ! Côté grosse déception, j’appelle la saison 2 de Sleepy Hollow : des personnages secondaires sacrifiés ou crées sans aucune cohérence pour disparaître aussi vite, une intrigue inintéressante, alambiquée, bref, le charme n’a guère opéré. Les derniers épisodes laissent présager une reprise en main et une saison 3 dans l’esprit si fun de la première saison, on y croit !  Même son de cloche du côté de la saison 3 d’Elementary : les scénaristes nous ont pondu un trio bancal et avorté assez platement, cantonnant Sherlock et Watson à des gimmicks. Là encore, la fin de saison annonce une direction intéressante. Côté « très agréable surprise alors que sur le papier, j’étais franchement pas séduite », je vote pour Outlander et The 100. La première est tout sauf une romance cul cul la praline et présente des personnages féminins et masculins très intéressants, dont la sexualité est montrée de façon très intéressante. La fin de saison va très loin et est à contre-courant de ce que l’on voit si souvent (n’est-ce pas GOT ?). La deuxième est tout sauf une série pour ados décérébrés et propose là encore des personnages féminins et masculins variés, intelligents et traités à égalité. J’ai dévoré les deux premières saisons et n’en peux plus d’attendre la 3e qui n’en finit pas de se faire attendre !!!

Lubiie. Les Girls n’ont pas été au top cette année tout comme celles d’Orange is The New Black qui se sont un peu laissées aller par rapport à l’année dernière. Une baisse d’intensité qui profite à la pépite australienne de Wentworth. Prison moins glamour mais des nanas qui déchirent derrière les barreaux. Et du côté de Westeros, rien de folichon excepté peut-être la fin de cette saison presque salvatrice ? Matt Leblanc et la Veep ont été encore plus drôles et voir leurs frasques permet d’égayer les lundis moroses. Les espions de The Americans ont mené à bien leurs missions encore une fois, toujours aussi mystérieux que fascinants. En parlant d’espion, un frenchy Malotru a lui aussi assuré dans Le bureau des légendes. Tout comme l’équipe de Laure Berthaud qui est montée d’un cran dans Engrenages. Par ailleurs, le peps de Kimmy Schmidt a été communicatif et la troublante famille Rayburn, de Bloodline, a révélé des secrets aussi inavouables que croustillants.

Jérémy. Lena Dunham, tu m’as un peu déçu cette année avec cette quatrième saison de Girls un peu fade et paresseuse, mais je t’adore quand même va … tu gardes ton regard de Droopy un peu fou et ton phrasé reconnaissable entre mille. Mais j’espère que tu vas un peu sortir de ton petit confort quand même, pour ton bien, celui de ta série et surtout le nôtre, car nous sommes de gros sérievores égoïstes! Pas si éloigné que ça de Lena Dunham, il y a Mindy Kaling dont la troisième saison de The Mindy Project m’a un peu laissé sur ma faim. La magie opérait moins qu’en saison 2, même si le couple formé par Mindy et Danny est le plus mignon de l’univers. La fantaisie semblait un peu forcée, les seconds rôles pas toujours bien utilisés -un défaut récurrent. J’aime toujours Mindy d’amour, mais bon… Par contre surpris par deux vétérans des networks, Grey’s Anatomy et The Big Bang Theory, qui dans leur genre respectif, continuent de faire le boulot, proposer des variations intéressantes, et demeurent passionnantes à suivre, même au bout de 8 et 11 saisons. Puis il y Sense 8, dernière claquasse en date, qui prend le parti de l’humanisme candide et de l’amour.

Yann. Sur le front de la déception, j’attendais mieux en ce qui concerne la tendance à la mode : les adaptations de comics. Des séries comme The Flash, Gotham ou Constantine ne m’ont pas convaincu. En ce qui concerne les bonnes surprises, je ne m’attendais pas à la force d’American Crime, à l’inventivité de Man Seeking Woman, à la loufoquerie du P’tit Quinquin, ni à la générosité de Sense8. Ces quatre là sont pour moi d’authentiques coups de coeur de la saison !

Stéphane. Je dois avouer que j’ai été surpris par Téa Leoni cette année. Je la connaissais pour avoir été Mme Duchovny qui a forcé David à prendre ses distances avec The X-Files (du moins dans mon souvenir) et pour avoir été la Fille à Scandales donc quand j’ai vu qu’elle était le premier rôle d’une série qui avait tout pour me plaire, j’avais peur. Eh bien, elle a prouvé que j’avais tort. Alors oui, il lui a fallu quelques épisodes pour rentrer dans le costume de Madam Secretary mais au final, Téa s’est imposée et elle livre de belles performances tout en émotions. Du côté des ceux qui n’auraient pas été à la hauteur, j’ai beau me creuser la tête mais personne ne me vient à l’esprit. Je pense que c’est une bonne chose, non ?

 

Maura Pfefferman – Transparent © Amazon

 

ILTVSW. Il y a aussi ceux qui ont quitté l’antenne pour toujours et que l’on pleurera au moins pendant les dix prochaines années, c’est atroce !

Astiera. Evidemment, je ne peux pas ne pas parler de Mad Men. Mon histoire d’amour avec Mad Men a été tumultueuse, teintée de passion dévorante et de désillusion. Durant les trois dernières saisons, je pensais bien que plus rien ne raviverait la flamme si vibrante des débuts. Et puis, il y a eu les derniers épisodes. Et puis, il y a eu les larmes sur mes joues et le sourire sur mes lèvres durant le dernier épisode. Et histoire de faire le grand écart, j’ai également dit adieu à mes petits chouchous d’Atlantis. Oui, oui, la série de la BBC qui revisite sans complexe (et sans vergogne) la mythologie grecque. Il est certain que l’émotion ne fut pas la même à Atlantis que sur Madison Avenue, surtout que les scénaristes nous ont pondu une fin ouverte et à cliffhanger, espérant sans toute sauver la série de l’annulation…

Lubiie. Madame Leslie Knope, Parks and Recreation, je vous serai à jamais reconnaissante de m’avoir fait croire que la politique pouvait être au service du peuple. J’aimerais que de fiction vous deveniez réalité mais est-ce possible ? En 2017 ? Du moins, vous avez créé l’illusion et pour ça, un énorme Merci ! Goodbye Don Draper et vos comparses. Mad Men n’est plus ! Un grand vide dans le paysage sériel…

Jérémy. Je dois être le seul, mais assez triste de voir Forever annulée par ABC. C’était un procédural honnête et attachant, qui comblait le vide laissé par The Mentalist dans le même genre. Je suis assez friand de ces séries inoffensives qui respirent la télévision à l’ancienne. Le casting était très bon et le scénario proposait une simple mais émouvante réflexion sur l’amour, la mort et la famille. Puis également bien remonté contre Sundance Channel après l’annulation de The Red Road après 2 saisons. On ne parlait pas beaucoup des amérindiens à la télé, il y avait les formidables Jason Momoa et Julianne Nicholson et cette ambiance de soap sombre et mystérieux.

Yann. AMC m’a tué, de cette petite mort du sériephile ! Alors oui, la fin de Mad Men est à la hauteur d’une série remarquable mais à la question « Est-ce que la série avait encore des choses à dire ? » Je réponds par un tonitruant OUI, Mad Men pouvait et devait continuer ! Son créateur, Matthew Weiner, et ses scénaristes auraient très certainement brillé même en laissant les années 60 derrière eux. Adieux donc à Don, Peggy, Pete, Joan, Roger, Betty… je ne vous oublierai jamais.

Stéphane. Leslie Knope n’est plus. Ron Swanson n’est plus. Raylan Givens n’est plus. Boyd Crowder n’est plus. Cela fait des mois que les séries sont terminées et pourtant je suis encore hanté par leurs series finales. Je vais mettre un sacré bout de temps pour me remettre de la fin de Parks and Recreation et de Justified ! Non, je ne pleure pas… j’ai une poussière dans l’oeil !

 

 C’est tellement nul que c’est génial !!!

 

ILTVSW. L’été, c’est aussi le moment de retrouver ou de se faire des nouveaux copains alors qui on invite au barbecue?

Astiera. Sans aucune hésitation : Henry, Freddie et Dean de Cucumber !! Je n’attendais pas grand-chose en commençant cette série protéiforme signée Russell T Davies explorant la communauté LGBT de Manchester. Eh bien, j’ai été complètement conquise et j’ai adoré passer plusieurs semaines en leur compagnie. Ils m’ont fait rire et pleurer. Ils m’ont interrogée. Ils étaient mes meilleurs potes. J’invite également mes petits Musketeers préférés, histoire d’apporter un peu de panache, même si Athos risque fort de siffler tout l’alcool. Mais on lui pardonne, il est tellement irrésistible lorsque son âme est torturée !

Lubiie. Pour bavarder entre copines, rien de mieux que les Devious Maids Carmen, Rosie, Zola y Marisol. Toujours impliquées dans des histoires invraisemblables, c’est un guilty pleasure de connaître les derniers potins d’un été sur l’autre. Soyons plus sérieuse avec Daniel Holden qui revient dans Rectify avec son regard intense et toujours aussi captivant d’une année sur l’autre. Puis, le docteur Masters et sa collaboratrice Virginia donnent toujours envie d’en apprendre plus scientifiquement parlant dans Masters of Sex. Coté nouveautés, le club de The Astronaut Wives paraît valoir le coup d’être intégré tout comme ces Narcos même s’ils sont dangereux ou bien ce héros Nick Wasicsko de Show Me A Hero…

Jérémy. Je dois dire que je suis super content de retrouver mon nanar estival The Last Ship. On se retrouve entre amis, comme un petit rituel, des chips, des boissons fraiches, et des rires bien gras. C’est tellement nul que c’est génial. Dans le même genre pendant l’automne j’ai Once Upon a Time. Bon, sinon, j’aime les bonnes séries et cet été on va être servi ! BoJack Horseman revient plus dépressif que jamais, Rick et Morty vivront de nouvelles aventures délirantes, tandis que Daniel Holden reviendra me faire pleurer pour une saison 3 de Rectify. Je sens que je vais me régaler !

Yann. Cette période estivale est l’occasion de retrouver True Detective. Le terme de retrouvailles n’est peut être pas le plus adapté. Un nouveau lieu, de nouvelle têtes et une histoire renouvelée, elle aussi. Pourtant, pas de doute possible, me voilà encore happé par récit d’une noirceur extrême. Me voilà encore absorbé dans des mystères chaque semaine… J’entendais quelqu’un dire récemment que l’irruption du débat et des théories étaient le propre des grandes séries ! Du côté des nouveautés, le pilote de Mr Robot est une belle réussite. Pourvu que la suite soit du même tonneau et nous tiendrions enfin une oeuvre juste et prenante sur le hacking !

Stéphane. Si on fait un barbecue cet été, j’invite forcément tous mes copains de Major Crimes. Je les adore ! Provenza, Flynn, Buzz, Captain Raydor, Sykes, Rusty, Tao, Julio, ils sont là chaque été et c’est un plaisir de les retrouver sous le soleil de Los Angeles même si ce sont à chaque fois des histoires macabres qu’ils m’apportent. Il y a une humanité qui se dégage de ce show, c’est juste magnifique. Sinon je veux bien rencontrer le Elliot de Mr Robot ! Le personnage est juste fascinant ! Et on peut inviter aussi tout le cast de UnReal, j’ai plein de choses à dire à Constance Zimmer !

 

Don Draper – Mad Men © AMC

 

 

ILTVSW. Et la rentrée alors, on a hâte de faire connaissance avec qui ?

Astiera. Je triche car je les connais déjà, mais j’ai tellement hâte de retrouver Mulder et Scully !!!!!!!!!!!!!!

Lubiie. Intriguée par Heroes Reborn par nostalgie de la saison 1 et une pointe de curiosité même si je ne me fais pas tellement d’illusion sur le résultat final. Chaque année, ma confiance est donnée aveuglément à la talentueuse Shonda Rhimes, productrice de The Catch avec Mireille Enos en héroïne. Le super-héros de cette année est une fille, c’est Supergirl qui devra faire ses preuves car côté costume, elle n’assure pas pour le moment. De réputation, Blindspot, Wicked City et Blood and Oil suscitent de l’intérêt. Puis, mon coup de cœur CW va pour Crazy ex-Gilfriend dont le visuel sympathoche donne envie au premier abord. Enfin, envie de grandeur avec Versailles pour le côté frenchy !

Jérémy. À la rentrée, je n’attends personne en particulier, je veux juste être bousculé, ému, je veux vibrer, je veux de l’intelligence et de l’audace ! Et comme chaque année, j’ai le fol espoir de voir les networks sortir de leur torpeur. Avec l’annulation d’Hannibal, on a un début de réponse…

Yann. Je ne vous cache pas que les nouveautés annoncées du côté des networks ne me séduisent pas au vu des bandes annonces. Si j’étais vous, je miserai plutôt sur le retour de Fargo (FX) qui se transpose à Sioux Falls !

Stéphane. Je dois dire que je me suis peu renseigné sur les séries de la rentrée. J’essaie une nouvelle technique d’approche. Donc pour le coup, je n’ai hâte de faire connaissance avec personne. En revanche, j’ai hâte retrouver pas mal de monde, tous les copains qui reviennent pour une nouvelle saison.

Il faut que l’Académie m’appelle, j’ai plein de bons conseils à leur donner !

ILTVSW. Lesquels de nos BFFF méritent un Emmy?

Astiera. Joshua Jackson The Affair qui porte les traits Cole avec force et émotion. Mads Mikkelsen Hannibal qui est à la fois terrifiant et diablement attirant. Keri Russell et Matthew Rhys The Americans qui ont magistralement habités une saison 3 absolument parfaite.

Lubiie. Ils sont regrettés et pour leur dernière round, le Emmy goes to… Leslie Knope et Don Draper.

Jérémy. J’ai envie de donner tous les Emmys du monde à Anson Mount de Hell on Wheels. On ne parle que très peu de cette série et encore moins de son interprète principal, mais c’est un cowboy à l’ancienne beau, ténébreux et maudit. Un peu l’équivalent dark de Timothy Olyphant de Justified. Il a l’accent chantant du sud, le regard bleu acier d’une tristesse infinie et il porte sur ses épaules une très belle série. Dans un tout autre registre, on trouve Bob Odenkirk, le formidable Saul Goodman de Breaking Bad qui a maintenant sa propre série. Il y a beaucoup plus dans ce personnage que le simple avocat véreux et Odenkirk le joue à merveille. Bon et comme d’habitude, donnez tout à Jon Hamm, Elisabeth Moss, Louis C.K, Julia Louis-Dreyfus ou Jeffrey Tambor.

Yann. Je donnerai toutes les statuettes possibles à Mad Men et à son cast. C’est un peu « cliché » de récompenser pour l’ensemble de son oeuvre mais c’est précisément ce que je souhaite.

Stéphane. Je crois que je donnerai un Emmy à mes prom queen & king, ils les méritent amplement ! Puis un autre aussi à Rose McIver, la Liv Moore de iZombie. Et un à Jay Baruchel aussi ! Et Timothy Olyphant et Amy Poehler ! Carrie Coon, Amy Brenneman et Justin Theroux de The Leftovers mériterait aussi d’en avoir. Comme Allison Janney pour sa saison brillante dans Mom ! Bref, il faut que l’Académie m’appelle, j’ai plein de bons conseils à leur donner !

 

Saul Goodman – Better call Saul © AMC

 

Pour combattre le blues du lendemain de fête, vous pouvez aussi retrouver mes talentueux invités sur Twitter…

 

@Lubiie auteure de Lubie en série

@astiera auteure de Séries addict so what?

@yann_k auteur de Séries, le blog!

@JeremyCoifman auteur de Time of the season

@serieseater auteur des Plumes asthmatiques

 

La semaine prochaine dans ILTVSW… Oups, pas encore tranché, désolée.

ILTVSW craque aussi pour … / also loves : The Honourable Woman

28 Juin

FRA/ENGLISH

La nuit dernière, j’ai fait un rêve étrange. J’étais avec une vieille femme qui me racontait des histoires aussi complexes que fascinantes. Des trucs sur le genre humain. Sur les choix que nous sommes contraints de faire pour rester vivants. La tentation de la faiblesse à laquelle nous devons résister. La bravoure que nous découvrons en nous lorsque des questions de vie ou de mort nous sont posées.

Et puis, je me suis réveillée. Et j’ai réalisé qu’en dépit de ce que nous raconte l’industrie hollywoodienne, trente-sept ans est loin d’être un âge canonique pour une femme. Et j’ai souri. Me souvenant du voyage incroyable que je venais de faire grâce à Nessa Stein de la série The Honourable Woman. Et de la magnifique performance de son actrice principale, Maggie Gyllenhaal, trente-sept ans, qui a offert une bonne partie d’elle-même pour devenir la femme d’affaires israélo-britannique supporter de la paix qu’elle y incarne.

Le plus souvent les histoires sont racontées pour divertir. Plus rarement, elles relèvent du champ magnétique. Tellement singulières qu’elles impriment pour longtemps notre mémoire. La série de Hugo Blick, qui débute cette semaine en France sur Canal Plus, appartient indiscutablement à la seconde catégorie. En tricotant brillamment, dans les codes du thriller, le drame personnel d’une femme et la complexité du conflit au Moyen-Orient, le créateur signe une série unique.

Série made in the UK. Magnifique et puissante. Potentiel BFFF : total. À regarder pour aimer, pour sourire, pour pleurer, pour réfléchir.

La semaine prochaine sur ILTVSW … Oups, pas encore tranché, désolée.

Maggie Gyllenhaal (Nessa Stein)

Titre/Title : The Honourable Woman
Créateur/Creator : Hugo Blick
Cast : Maggie Gyllenhaal (Nessa Stein), Andrew Buchan (Ephra Stein), Lubna Azabal (Atika Halibi)
Maths : 1 saison/Season
Chaîne/Network : BBC, Sundance / Canal Plus (France)

Last night I had a strange dream. I was chatting with an old lady. And she was telling me a complex and fascinating story. Stuff about mankind. About the choices we have to make to stay alive. The temptation of being weak individuals we need to resist to. The bravery we discover in ourselves under life and death circumstances.

And then I woke up. And I realized that despite what the Hollywood industry is telling us, 37 is far away from old for a woman. And then I smiled. Remembering myself the incredible journey I had just gone through thanks to Nessa Stein from the show The Honourable Woman. And the incredibly powerful actress Maggie Gyllenhaal, 37 years old, who gave a huge part of herself to become the bristish-israeli peacemaker and businesswoman. 

Most of the time, storytelling is entertaining. Sometimes it is magnetical. As in singular and deeply impressed in our memory. The Hugo Blick TV show starting this week on Canal Plus in France belongs to the latter category. Brilliantly weaving, in the thriller genre, the personal drama of a woman with the complexity of the Middle East conflict, the creator offers an intense TV show.

Made in the UK TV show. Beautiful and powerful. BFFF potential : total. To watch to love, to smile, to think, to cry.

Next week in ILTVSW … Oops, not decided yet, sorry.

Retrouvez ce billet dans la sélection Séries Mania

ILTVSW guest star: Bruno Gaccio

24 Mai

FRA/ENGLISH

Bruno Gaccio, auteur et découvreur de talents à la tête de La Fabrique pour Canal Plus, a accepté l’invitation de ILTVSW à l’occasion du lancement de la saison 3 de Hard. De la naissance des projets, à son rapport avec les scénaristes, en passant par le lien étroit entre la dramaturgie et le golf, jusqu’au miracle que constitue une série réussie, il se livre dans une interview fleuve et gastronomique.

To my readers, exceptionally ILTVSW will only be French speaking this week. Bruno Gaccio, the French writer & producer for Canal Plus, where he helped to reveal new writers, is the guest star of the blog today. But as soon as next week things will be back to normal meaning French & English.

 

 

ILTVSW. Vous avez longtemps été à la tête de La Fabrique de Canal Plus, chargé de découvrir et d’aider de nouveaux talents à éclore. Hard, dont la saison 3 débute dans huit jours, est l’une des séries qui y est née. Existe-t-il un processus de création idéal ?
Bruno Gaccio. Le processus de création idéal n’existe pas. Dans l’industrie de la télévision, la création peut venir de n’importe où. De l’intuition de quelqu’un qui pense qu’un sujet peut intéresser un public, par exemple. Dans le cas de Hard, cela naît d’un échec. Nous avions fait Les interminables avec Gilles Galud (producteur à la tête de La Parisienne d’Images, NDLR). C’était une série avec que des vieux. Des vieux qui étaient condamnés à mort s’ils n’avaient pas de quoi gagner leur vie. Donc, les personnages faisaient à peu près n’importe quoi y compris du cinéma porno. La série traitait de la mort, de la pauvreté, de l’impossibilité de s’en sortir. C’était déprimant donc elle n’a pas fonctionné. Avec Gilles, le lendemain des résultats, on était déprimé, on buvait du café, on fumait des cigarettes dans son bureau et on rigolait en se disant : « Le prochaine fois, on ne met que des nanas de 20 ans à poil. Puisque c’est ce qu’ils veulent, on va leur donner et on fera un succès ». Et puis, en réfléchissant au pourquoi on s’était planté, j’ai dit : « Pourquoi, on ne fait pas une comédie romantique qui se passerait dans l’univers du porno ? ». Voilà comment un producteur et une chaîne peuvent trouver une idée.

 

Un auteur doit tout te donner

 

ILTVSW. Cela n’aurait pu rester qu’un concept, comment êtes-vous parvenus à lui donner l’épaisseur et la fantaisie qui caractérisent, en plus, la série ?
Bruno Gaccio. Nous nous sommes dits qu’un acteur porno n’était pas qu’une machine à baiser, c’était un être humain. Ce type ou cette femme pouvait donc tout à fait être amoureux de quelqu’un, rentrer le soir chez lui épuisé, se poser devant la télé comme on le fait tous quand on est crevé sans réfléchir à rien. La question que nous nous sommes ensuite posée est : comment vit-on cette situation ? On ne peut pas créer pour rien, on crée pour une chaîne. Cette chaîne est la première à avoir diffusé du porno donc elle était tout à fait légitime pour produire une série comme Hard sans que cela soit incongru. Le support était le bon, l’idée n’était pas mauvaise, nous avions une structure pour le faire, qu’est-ce qui nous en empêchait ? Nous avons lancé un appel à projets. Nous en avons reçu 110. Très vite, nous nous sommes dits que nous aimerions retenir celui d’une femme car si nous ne mettions que des mecs autour d’une table, cela serait une catastrophe. Nous en avons retenu deux celui de Cathy Verney et celui d’un autre scénariste. Elle a été la mieux disante notamment parce qu’elle vient d’un milieu bourge et que sa façon de traiter les à-côtés, les verrines, la vallée de Chevreuse … était bien meilleure. Elle ne connaissait rien au porno, c’est nous qui l’avons alimentée.

ILTVSW. La Fabrique a accueilli de nombreux nouveaux auteurs, comment avez-vous travaillé avec eux ?
Bruno Gaccio. Pour moi, il y a des étapes. Les premières semaines, il faut dire aux auteurs : « Fais ce que tu veux. Je veux tout ce qu’il y a dans ta tête donc il y a zéro limite ». Il faut qu’ils osent tout. Il faut qu’ils rendent tout : des scènes, des notes, des dialogues, des personnages … Dans le désordre, ce qui est important, c’est de tout mettre sur la table. Un auteur doit tout te donner. Je sais que je travaille pour la télévision et qu’il devra faire 26, 52 ou 90 minutes. Il ne peut pas me donner un film de deux heures, ni un court métrage. Mais ça, je n’ai pas à lui dire. Une fois que tout sera sur la table, on fera des réunions assez longues pour voir ce qui va dans la direction qu’il a choisie. Sauf qu’il y a un support, la télévision qui a une ligne éditoriale, qui veut certaines choses et pas d’autres. Mon rôle est d’emmener l’auteur dans ce cadre sans qu’il s’en aperçoive et sans le brimer parce que s’il nous livre quelque chose qu’on ne peut pas diffuser, il aura travaillé pour rien et nous on aura perdu de l’argent. Tout le travail, c’est ça.

 

 

 

ILTVSW. Et ce désordre finit un jour par prendre du sens …
Bruno Gaccio. Ce qui nourrit l’histoire fait que le personnage naît. Et, à un moment du processus, une évidence surgit. C’était comme ça que cela devait être. C’est évident. Les auteurs reconnaissent ce moment-là et les producteurs, aussi. Ils disent : « Cette femme est comme ça, elle a tant d’enfants, elle fait ce métier-là ». Pour Hard par exemple, tout ce qu’elle fait, c’est pour nourrir sa famille. La seule chose qui la pousse, c’est d’être autonome.

ILTVSW. Si c’est évident pourquoi y-a-t-il des séries évidemment réussies et d’autres moins réussies ou même ratées ?
Bruno Gaccio. J’explique cela très facilement. C’est un peu comme au golf, si ton club est ouvert d’un degré à droite ou à gauche, à l’arrivée ta balle va être vingt-cinq mètres à droite ou vingt-cinq mètres à gauche. Dans le processus créatif, c’est pareil. Si tu rates un petit peu le début, tu construis sur du bancal et, à la fin, tu es à côté de la plaque. Nous, on a réussi, allez, je vais dire, un projet sur trois. Pour un qui était acceptable, il y en avait un réussi et un raté. Le pire, c’est peut-être l’acceptable. Le raté, c’est pas grave, tu es allé au bout et tu t’es planté. Alors que dans l’acceptable, tu es 10% à côté de tout, donc pas loin. Tu te dis l’idée est bonne mais quand tu vois l’idée, c’est trop tard. Il y a toujours quelqu’un qui voit venir ces 10%. Si ce n’est pas moi, c’est de ma faute car je n’ai pas écouté. Si c’est moi, c’est de ma faute car je n’ai pas réussi à les recadrer. Quand tu crées une série, entre  l’idée et ce qui arrive sur l’écran, il y a un nombre incroyable de filtres. Un auteur qui travaille, des dialoguistes qui vont venir aider, des script doctors qui vont mettre leur nez dedans puis un styliste qui ne voit pas la même chose … Et le producteur qui ne doit pas bouffer sa marge. Ensuite, tu as un réalisateur qui a une vision. Avec Gilles, on avait raccourci le circuit de décision. La chaîne travaillait avec les auteurs. Ce qui ne se passe jamais. Ils voient les showrunners, les producteurs, jamais les auteurs, je pense que c’est une erreur. Il faut être dans la pièce avec les auteurs. A la limite, le chef de projet devrait être le showrunner car c’est le seul moyen d’obtenir une unité.

 

 

ILTVSW. Donc, il faut admettre que le risque est toujours l’une des variables …
Bruno Gaccio. Le processus créatif ne fonctionne pas à chaque fois. Pour que ça marche, il faut un alignement de planètes formidable. Il faut que l’idée soit bonne et que le sujet soit le bon, c’est le plus important, plus que l’écriture. Ensuite, il faut trouver la bonne personne pour qu’elle l’écrive dans l’air du temps pour que les gens puissent l’accepter. Il faut après que le réalisateur comprenne qu’il n’est pas le maître du projet mais le serviteur du projet. S’il commence à vouloir faire de l’art, tu es mort. En France, la législation, lui donne le statut d’auteur et il le croit. Ces cons de techniciens ont cru qu’ils étaient des auteurs. Certains d’entre eux le sont, évidemment. Mais ils sont très rares. Dans les contrats, ils sont engagés comme techniciens mais ils n’acceptent pas de l’être. Alors cela donne des trucs comme dans une scène où un personnage est en colère, un réal qui veut que cela soit joué « tout en douceur ». Quand tu tombes sur un réal comme ça, c’est fini, tu ne peux rien faire parce que c’est son plateau et toi, tu fermes ta gueule. Tu essayes ensuite de rectifier au montage mais tu n’arrives pas à le faire car tu n’as pas les bonnes prises. Donc, tu es 10% à côté partout.

ILTVSW. Comment avez-vous choisi les auteurs qui ont fait partie de La Fabrique ?
Bruno Gaccio. Nous n’avons jamais travaillé sur un projet. Nous avons sélectionné des gens qui avaient quelque chose de particulier. Après on leur a dit : « Ton histoire de scarabée qui tombe amoureux d’une araignée homosexuelle, on n’est pas très convaincu mais si tu remplaces le scarabée par un unijambiste et qu’au lieu d’une araignée homosexuelle, tu mets un héron … » C’est selon ce que l’auteur a dans la tête que tu détermines toi, producteur, que c’est intéressant ou non de payer pour ça. Il y a une part de risques que tu limites à ta vision des choses. Si je crois en quelqu’un, je paye pour voir. Si je perds, c’est pas grave parce que j’y croyais.

 

Je sais que je vais mourir et que Dieu n’existe pas

 

ILTVSW. Vous avez souvent été les chercher sur le terrain de la comédie  …
Bruno Gaccio. Je suis personnellement profondément désespéré. Je sais que je vais mourir et je sais que Dieu n’existe pas. Ça fait deux paramètres un peu lourds. La comédie, c’est un point de vue. Je pourrais traiter les choses de façon dramatique ou intellectuelle mais je préfère les traiter en comédie parce que c’est mon point de vue. Mon travail consiste à apprendre à connaître quelqu’un, ce qu’il a en lui et, surtout, ce qu’il est capable de donner. Tu vas commencer à travailler autour d’un projet, ça dure quelques semaines et puis après, tu bois un verre. Tu demandes : « T’es marié ? Comment ça se passe ? Tu es désespéré ? Optimiste ? Pessimiste ? Qu’est-ce que tu penses de la politique ? Et ses blessures remontent. Ces blessures, elles disent la profondeur de quelqu’un et de ce qu’il est capable de te donner. Plus il va profond, plus il va te donner des choses profondes. Si c’est quelqu’un de totalement superficiel, il va te donner des choses superficielles, probablement des clichés. Il ne s’agit pas d’agiter les bras, ni de faire le malin. Tu as des gens authentiquement drôles et d’autres qui se forcent à l’être. Ça, tu le devines en discutant avec les gens.

ILTVSW. Finalement, il y a peu de séries singulières en France et de nombreux auteurs talentueux. Comment l’expliquez-vous ?
Bruno Gaccio. Il y a beaucoup de talent en France chez les auteurs, il y en a peu chez les producteurs. Je pense que nous ne manquons pas d’auteurs mais de producteurs. De producteurs capables d’être producteurs artistiques c’est-à-dire capables d’aider quelqu’un à accoucher. J’ai rencontré des gens capables de payer un auteur pour qu’il travaille mais qui sont incapables de se mettre à table avec lui. Picoler avec lui, fumer des clopes avec lui et lui dire « tu fais de la merde » et que l’auteur ne lui en veuille pas. Je ne suis pas le producteur sur Hard mais j’ai dit à Camille Pouzol, si tu travailles toute seule dans ton coin et que tu m’envoies des textes, cela ne marchera pas. Je vais mettre huit jours à écrire la note de lecture, tu vas mettre trois jours à pleurer et à réécrire, on va perdre un temps fou. Je lui ai dit : « Dès que tu écris un truc, tu viens au bureau, on travaille. Tu n’arrives pas à faire un truc, tu viens, tu as réussi un truc et tu le trouves bien, tu viens. Tu es tout le temps là ». Nous avons travaillé un an comme ça parce que je suis auteur et que je sais coacher des auteurs. Je sais tirer d’eux ce qu’ils ont de meilleur. Nous manquons de producteurs capables de faire ça.

Titre : Hard
Créatrice : Cathy Verney
Scénariste saison 3 : Camille Pouzol
Cast : Natacha Lindinger, François Vincentelli, Charlie Dupont, Stephan Wojtowicz, Fanny Sydney, Michèle Laroque.
Chaîne : Canal Plus

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La semaine prochaine dans ILTVSW … Oups, pas encore tranché, désolée.

ILTVSW pilot crush : American Crime

8 Mar

FRA/ENGLISH

Un pilote formidable, au fait, c’est quoi ? Il y a deux réponses à cette question. Si la série est ce que l’on appelle en France une série d’auteur, référence directe au cinéma du même nom, il s’agira d’un épisode, diffusé sur une chaîne du câble, explorant une nouvelle manière d’écrire ou de mettre en scène au service d’une prémisse pointue souvent perturbante et toujours singulière. Une proposition artistique radicale miroir du passé de son créateur. Combien d’années Matthew Weiner est-il resté en tête à tête avec Don Draper avant de se voir offrir la possibilité de lui donner vie et combien de saisons a-t-il passées depuis en sa compagnie ? Mais un pilote formidable peut aussi être un épisode dans lequel l’ego de l’auteur n’est pas central. Un objet moins intime pour lui dans lequel seul le sujet est la star, sans feux d’artifices, sans glamour, ni coquetteries d’écriture.

American Crime, qui débute mardi en France sur Canal Plus Séries, appartient à la seconde catégorie. Cela ne signifie pas qu’elle n’a pas d’objectif créatif. John Ridley, son auteur, Oscar de la meilleure adaptation pour le scénario de 12 years a slave, a au contraire beaucoup à exprimer. Il a décidé de nous transporter au cœur d’un crime américain. Un crime dont la victime est blanche et dont les suspects ne le sont pas. Autrement dit, de l’examiner au travers du prisme racial. Ce n’est pas au crime que s’intéresse Ridley. Son anthologie ne zoomera donc pas sur le point de vue des flics ou des avocats. Ce qui passionne Ridley, c’est l’onde de choc qui va frapper ceux dont la vie va changer à jamais. Les proches de la victime. Les proches des suspects. La communauté à laquelle ils appartiennent.

Une bombe à retardement psychologique et sociétale 

Dès la première minute, American Crime opère comme une bombe à retardement psychologique et sociétale. Un parti pris finement souligné par des acteurs qui font un travail tout en retenue sur l’émotion forcément hystérique qui submerge les personnages qu’ils incarnent. Comment résister à une pareille pression ? Peut-on échapper au poids des préjugés ? Et la race ? Et la religion ? Et les classes ? Trois mots très chargés aux États-Unis.

Pour essayer d’explorer ces enjeux, la série se concentre sur l’infiniment petit. On a alors l’intuition qu’American Crime a l’ambition de parler des États-Unis d’aujourd’hui en posant une question à la fois fondamentale et culottée : est-il possible de vivre ensemble ? « Cela a été passionnant pour moi d’essayer de créer une série sur la foi, dit John Ridley dans une interview accordée à Variety. La foi dans les systèmes, la foi dans la religion, la foi dans l’autre ».

Vue d’ici, American Crime nous rappelle tristement que ce n’est pas demain, ni après-demain, que nous pourrons regarder une série française comme celle-là sur une chaîne généraliste. Les diffuseurs, qui savent mieux que personne ce qui est bon pour nous, ont décidé que nous n’apprécierions pas de nous plonger dans une série qui questionne notre société et les challenges qu’elle affronte. C’est vrai, comme si nous en avions besoin …

La semaine prochaine sur ILTVSW … Oups, pas encore tranché, désolée.

 

© ABC

 

Titre/Title : American Crime
Créateur/Creator : John Ridley
Cast : Felicity Huffman, Timothy Hutton, Penelope Ann Miller, W. Earl Brown, Benito Martinez, Caitlin Gerard, Regina King.
Chaîne/Network : ABC, Canal Plus Séries (France)

What is a great pilot ? Basically there are two answers to that question. If the show is what we would call in France an author show linking TV to the author movie tradition, it’s going to be an episode exploring new ways of writing and/or directing with an edgy or disturbing but always unique premise. Often radical TV, it says a lot about the creator personal backgrounds. Those are mainly cable shows. Think of how long Matthew Weiner lived with Don Draper before actually be given the possibility of bringing him to life and how many years he has spent with him since … 

But a great pilot can also be an episode where the writer ego is not central. A far less intimate matter. An episode where the subject is the star without the fireworks, the glam or the show off of its writing. American Crime belongs to the second category. It doesn’t mean that the show, debuting this tuesday in France on Canal Plus Séries, has no creative purpose. John Ridley, his writer, best adapted screenplay Oscar for 12 years a slave, has on the contrary a lot to say. He has decided to walk us through an american crime where the victim is white and the suspects are not. In others words through the prism of race. Ridley really doesn’t care about the crime itself. So he is not telling his anthology story from the cops or the lawyers point of view but from the one of those whose lives are directly impacted. The victim’s people. The suspect’s people. And the community they live in. 

A psychological and societal ticking time bomb

From minute one, American Crime is a sort of a psychological and societal ticking time bomb. Its cast is doing a great job working on its inner emotions. How do you resist under that kind of pressure ? Can you free yourself from the weight of prejudices ? What about race ? What about religion ? What about class ? Three words highly charged in America. The show is focusing on the small scale. And we have the intuition it will try to portray America nowadays asking an essential and daring question : can people still live together ? “That was very exciting to me, to try to do a series that was about faith: faith in systems, faith in religion, faith in each other », said Ridley about his ambition in Variety

Viewed from France, American Crime also sadly reminds us that it’s not tomorrow or even the day after, that we are going to see a show like that on French TV because broadcasters, who know better than ourselves what is good for us, have decided that we wouldn’t like to watch a series that is questioning our society and the challenges it faces. We really don’t need that, do we?

Next week in ILTVSW … Oops, not decided yet, sorry.

Retrouvez ce billet dans la sélection hebdomadaire Séries Mania