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Ta #série, toi et nous : Lost

11 Avr

Parce que c’est l’un des derniers endroits qui nous rassemble. Parce que nous avons plus que jamais besoin d’être ensemble. Et parce que… nous allons passer beaucoup de temps sur le canapé, voici « Ta série, toi et nous ».

Je reçois ici un (e) invité (e) dont j’aime l’écriture, la voix et/ou le regard à partager sa relation avec l’héroïne ou le héros de sa vie. Merci infiniment à Marc Herpoux d’avoir accepté mon invitation

Marc Herpoux, scénariste

Qui est le seul personnage qui peut quelque chose pour toi ?
John Locke, dans « Lost ». Ce simple employé né le 30 mai 1956, d’abord vendeur dans un magasin de jouets, avant de finir assistant dans une entreprise de fabrique de boîtes en carton, ce personnage, oui, peut beaucoup pour moi. John Locke a perdu l’usage de ses jambes après une chute de huit étages. Une chute provoquée par son propre père… et pourtant, il répète en boucle: « Don’t tell me what I can’t do ! » … Lui qui a été abandonné par son père, puis martyrisé par ce dernier une fois retrouvé, deviendra pourtant la figure paternelle de tous les autres naufragés. Une figure à la fois mystérieuse et bienveillante, protectrice et combattante. Il deviendra un professeur pour Walt, un guide pour Charlie, un tuteur pour Claire, un éducateur pour Boone. John Locke prend soin des autres, tout en se montrant autonome et indépendant. Cet être solitaire regarde le monde tel qu’il est. Un monde fait de clair-obscur, en perpétuel équilibre entre le Ying et le Yang. Tu ne peux avoir de nuit sans jour, et de jour sans nuit. Il sait qu’au fond de nous, nous sommes capable du meilleur comme du pire, raison pour laquelle nous avons tous droit à une seconde chance… lui le premier !
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D’accord, il a changé ta vie mais comment ?
John Locke m’a montré à quel point le rationalisme de Jack a ses limites, à quel point la bienveillance de Jack n’est pas une sagesse. « We’re free » répète Jack en boucle, comme pour mieux s’en convaincre. « No », répond John, « We have a destiny. You know that you’re here for a reason. And if you leave this place, that knowledge is gonna eat you alive from the inside out, until you decide to come back ». Personne ne pourra quitter l’île, John le sait. Moi non plus ! Voilà ce que m’a enseigné John. Mais prend la peine de l’écouter, écoute ce qu’elle a à te dire. Si l’île n’a pas de sens en soi, elle peut en avoir pour moi ! Merci John ! Moi qui était plutôt du côté de Jack au début, John m’a ouvert les yeux : Jack est chiant ! Il pleurniche sans arrêt sur l’absurdité de son existence, là où John sait sublimer chaque feuille que l’île porte en elle. John reste admirable, même lorsqu’il s’effondre et tombe à genoux, noyé par le désespoir, suppliant l’île de lui offrir un signe… Et paf ! Voilà que la trappe s’illumine ! Voilà que soudain son regard brille, que son visage rayonne enfin. John n’en demandait pas tant.

 

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Et il pourrait quoi pour la nôtre ?
John nous pousse à continuer, encore et toujours. A continuer de creuser, de chercher, de comprendre. Il sait que la vie n’est qu’un jeu. L’île n’est rien d’autre qu’un plateau de backgammon, parfois un échiquier… au pire un Risk ! A nous d’inventer les règles du jeu… mais toujours à partir de ce que l’île nous donne. John n’a pas la mystique d’un Eko. Il n’est pas prêtre, il n’a rien à prescrire. C’est un simple chasseur. Mais un chasseur hors-pair. Un chasseur qui pousse à chasser. John ne veut pas qu’on le suive. Il ne veut pas de disciple. Il ne prêche rien. Il parle d’ailleurs très peu. Il porte le nom d’un philosophe — John Locke — mais il aurait pu tout aussi bien s’appeler Nietzsche et dire comme lui : « Il m’est autant odieux de suivre que de guider ». John a trouvé son chemin, et nous encourage à trouver le nôtre en répétant inlassablement au fil des épisodes : « To be continued ».

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