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ILTVSW craque aussi pour/also loves … Gomorra

25 Jan

FRA/ENGLISH

De temps en temps, la télé devrait oublier les concepts surstylisés, trop de sous-texte et même Freud et son travail. Ne vous inquiétez pas, mon deuxième post de 2015 ne sera pas l’apologie d’une écriture fade et/ou dénuée de fond. Disons que je suis d’humeur à regarder Zola. En langage moins crypté, je prends grand plaisir, ces jours-ci, à voir la réalité sur le petit écran. La réalité telle que définie par Le Petit Robert. Soit : « Caractère de ce qui existe en fait (et qui n’est pas seulement une invention, une illusion ou une apparence) ». Une définition qui prouve que les Real Housewives de n’importe quelle ville sont une imposture cathodique et pas seulement car aucun être humain ne peut survivre plus d’une journée dans de telles panoplies. Autrement dit, la téléréalité a tout de faux. Le réalisme est le vrai cadeau. Comme le démontre Gomorra mon crush sériel de la semaine. Une série sur la mafia napolitaine qui donne une troisième vie au livre de l’Italien Roberto Saviano.

Ne vous méprenez pas, je considère toujours que Tony Soprano et sa famille sont, dans leur genre, l’une des sept merveilles du monde télévisé. Mais Gomorra apporte quelque chose qui n’appartient qu’à elle. Ses scénaristes ont pris une décision très rare à la télévision. Peut-être même inédite. Aucun des personnages dans leur série n’est aimable. Le Mal est le sujet. Ses personnages l’exsudent. Contrairement au traitement de The Wire, monumentale oeuvre réaliste unique en son genre, qui offrait, malgré tout, la possibilité de s’identifier ou, au moins, de vibrer pour quelques uns d’entre eux comme Jimmy McNulty, le flic cabossé.

Dans Gomorra, il n’y a de place ni pour les sentiments, ni pour l’empathie. Stefano Bises, qui a dirigé l’écriture, a confié à ILTVSW : « Nous avons voulu faire un voyage dans le Mal. Nous ne voulions pas utiliser le Bien pour raconter le Mal. C’est le contraire de ce qui se fait d’habitude à la télévision italienne qui a peur des messages négatifs et de leur impact sur les audiences. »

Paradoxalement, ce qui est formidable dans l’écriture de Gomorra, c’est que l’écriture n’est pas une fin en soi. Le sujet est la raison d’être de la série. L’unique objectif est de montrer la Camorra comme l’entreprise qu’elle est. De mettre des images sur les rues de Scampia, l’un des quartiers les plus pauvres de Naples, rongées par la criminalité organisée. L’humaine inhumanité que ses habitants expérimentent, chaque jour, du début à la fin de leur existence. Sans aucune porte de sortie. Prisonniers de la fatalité. Regarder Gomorra, ce n’est pas les aimer. Ni même les comprendre. L’infiniment petit – les personnages – est simplement le meilleur moyen de raconter cette terrible réalité.

La semaine prochaine sur ILTVSW … Oups, pas encore tranché, désolée.

 

Marco d’Amore (Ciro)

 

 

Titre/Title: Gomorra (2014)
Créateurs/Creators: Roberto Saviano, Stefano Bises, Giovanni Bianconi, Leonardo Fasoli, Ludovica Rampoldi.
Cast: Marco d’Amore, Fortunato Cerlino, Maria Pia Calzone, Salvatore Esposito, Marco Palvetti, Domenico Balsamo, Enzo Sacchettino, Elena Starace.
Maths: 12 épisodes/episodes
Chaîne: Sky Cinema en France Canal Plus

 

From time to time, TV should forget about highly stylized concepts, too much subtext and even about Freud and his work. Do not worry my second post of 2015 is not going to be an apology for tasteless and/or meaningless writing. Let’s just say that I am in a Zola mood. In less cryptic words, I feel like watching reality on small screen these days. Reality as in the Oxford dictionary. « The world or the state of things as they actually exist, as opposed to an idealistic or notional idea of them ». A definition that makes Real Housewives of whatever town a total fraud not only because no one could survive more than one day dressed like that. Reality TV is totally missing the point. Realism is the real treat. As demonstrates my this week TV crush Gomorra.

A mafia show from Roberto Saviano’s book. Don’t get me wrong I still think of Tony Soprano’s family as one of the Seven Wonders of the TV world in its genre. But Gomorra brings something of its own. Its writers have made a very rare decision on TV if not a premiere. None of the characters in the show are likable. Evil is the subject. So devilish the characters are. Unlike in The Wire, the major and unique realistic show, in which we still could relate on some level to, say, a broken man as Jimmy McNulty. Or at least feel for him. In Gomorra there is just no room for feelings or empathy.

Stefano Bises, who directed the writing, told ILTVSW : « The show is a trip to Evil. We didn’t want to use the Good to tell the evil. We wanted to do the opposite of what is usually shown on Italian TV where the message must be positive in order to preserve the ratings. »

Paradoxically, the great thing in Gomorra‘s writing is that the writing is not the point. The subject is the point. Mafia as a company is the point. The streets of Scampia one of Naples’s poorest neighborhood are the point. The human inhumanity that people experience over there every day from the beginning to the end of their life is the point. With no exit possibility. Prisoners of fate. Watching Gomorra is not about liking them. Not even about understanding them. The small – the characters – is just the best way to draw the terrible big picture.

Next week in ILTVSW … Oops, not decided yet, sorry.

Retrouvez ce billet dans la sélection hebdomadaire Séries Mania

ILTVSW craque aussi pour/also loves … Togetherness

18 Jan

FRA/ENGLISH

Bonne nouvelle, les gens ! Le fameux « Il n’y a pas de problème car, devinez quoi, il y a toujours une solution » n’est pas uniquement le pitch du prochain hit de Noël de Walt Disney mais, peut-être, la vérité de l’année. Ou, au moins, du mois de janvier. Et même si cela ne devait concerner que la semaine à venir, cela serait, de toute manière, positif. Prenons donc un moment pour l’apprécier.

Surtout ceux d’entre nous qui sommes à la fois tout excités par la nouvelle saison de Girls et totalement déprimés car ce retour signifie également que la série aura une fin, un jour. Et que, c’est mathématique, plus nous regardons d’épisodes plus nous nous rapprochons de l’épilogue. Constat qui subséquemment (oui, j’ai fait mes devoirs pendant les vacances de Noël) implique que nous allons devoir accepter de retourner à la réalité de notre solitaire existence bancale (*) et essayer, tant bien que mal, de survivre dans notre monde étrange. Une perspective tellement triste que des larmes de mélancolie ont noyé celles de mon rhume de saison lorsque j’en ai pris conscience.

Mais si, malgré tout (oui, le changement climatique est une chose effrayante mais ce n’est pas ce que j’ai en tête), j’ai réussi à revenir de vacances avec un grand sourire sur le visage, c’est parce que j’ai une nouvelle formidable à partager. Quand nous aurons fini de nous apitoyer sur notre sort devant une bande de futurs trentenaires, nous aurons le plaisir fou de nous plonger dans les bizarreries de quasi quadragénaires.

Grâce à Togetherness, la nouvelle série HBO, croyez-moi, il n’y aura bientôt rien de plus sexy que de fêter ses 70 ans malgré les dommages collatéraux (mon intuition me dit que l’équation seins/pesanteur est la partie positive du problème). Principalement car, avouons-le, depuis que Carrie Bradshaw a pris sa retraite sur HBO, le sexe n’est plus un truc rigolo. Pour être précis, plus un truc rigolo à pratiquer. Pour une fois, nous le héros de notre vie > le héros du petit écran. Ce qui est assez rare et enfin équitable. En gros, dans Togetherness, notre vie pourrie n’est rien à côté de la sienne. Cela fait un bien fou. Surtout, lorsque l’un des personnages principaux en question est interprété par la divine Amanda Peet.

La meilleure nouvelle apportée par la série est qu’en dépit de la tristesse inhérente (les devoirs, aussi) à l’âge adulte, nous avons toujours l’opportunité d’expérimenter des petits plaisirs de la vie dont nous n’imaginions même pas l’existence. Comme celui de shooter dans une canette vide sur une pelouse entourés de nos amis sous Prozac (ou bientôt) et sans les enfants.

Il faut que tout change pour que rien ne change. Cette réplique célèbre d’un film inoubliable ne doit être vraie qu’envisagée à grande échelle. Car, du point de vue de l’intime, inutile de nous fatiguer à essayer. Toute tentative n’aura aucun effet, positif ou négatif, sur ce qu’est intrinsèquement (😉) l’expérience humaine. Grâce à Togetherness et aux frères Duplass, ses créateurs, nous savons que les truc pourris du quotidien sont la chose que nous avons en commun à 20, 33 ou 42 ans. Rien ne changera cela. Mais cela n’est pas forcément une mauvaise nouvelle car, au bout du compte, c’est aussi cela qui nous rassemble.

La semaine prochaine dans ILTVSW … Oups, pas encore tranché, désolée.

(*) Chéri, pour mon premier post de l’année 2015, je tente la figure de style. Il s’agit là d’une hyperbole. Elle se classe dans la catégorie des amplifications. Rien de personnel, donc.

 

Togetherness © HBO

 

 

Titre/Title: Togertherness (2015)
Créateurs/creators: Jay Duplass & Mark Duplass
Cast: Amanda Peet, Melanie Lynskey, Mark Duplass, Steve Zissis
Maths: 8 épisodes/episodes
Chaîne/Network: HBO, OCS en France

Good news, people ! The « there is no such thing as a problem because guess what, there is always a solution » is actually not only the pitch of the Walt Disney next Chrismas hit but maybe the truth of the year. Or at least of the month. Anyway, it is good news even if just for the week to come so let’s appreciate it. 

For all of us who are both totally excited by the new season of Girls and totally depressed because it means that the show is going to end one day. And mathematically the more episodes we watch, the closer we get to its end. Which subsequently (yes, I did some homework during Christmas break) means that we are going to go back to our fucked up people loneliness (*) trying to make it through the day in our weird world. And that is such a sad perspective that tears of melancholia drowned the tears from my cold when I realized it. 

But if, despite of everything (yes climate change is very frightening but, no, it is not that), I managed to comeback from my vacation with a large smile on my face, it’s because I have an awesome news to share. When we will be done feeling sorry for ourselves in front of a bunch of twenty close to thirty something, we will have the insane pleasure to dive into the forty something weirdness. Thanks to Togetherness, the new HBO show, believe me there will soon not be sexier perspective than the one of reaching 70 despite the collateral damages (my intuition tells me that the boobs issue is the best part of the problem). Mainly because let’s face it on HBO since Carrie Bradshaw retired sex is not anymore a funny fun thing. Meaning it is still funny to watch. Not to experience. And that’s only fair that for once we the heroes of your own life > the hero of the small screen. Meaning that our shitty life is nothing compared to his. It feels great. Especially when one of the characters is played by the absolutely perfect Amanda Peet. 

The best news is that despite the inherent (homework too) sadness of the adult experience we still get to enjoy small things in life that we do not even imagine. Like shooting in a can on a lawn with depressed (or soon to be) friends and without the kids. 

Things need to change in order that nothing changes. A powerful line in an unforgettable movie. Well, that must be a large scale truthness. Because on the intimate level don’t bother to make a change, man. It will have zero effect good or bad on what is intrinsically (😉) the human experience. Thanks to Togetherness and the Duplass brothers, its creators, we now know that this all daily shit is the one thing we have in common at 20, 33 or 42. Nothing is going to change that. But it doesn’t have to be bad news because, at the end of the day, it’s what brings us together. 

Next week in ILTVSW … Oops, not decided yet, sorry.

(*) Darling, in 2015, I am trying something new. It’s a stylistic device called an hyperbole. The point is to exaggerate. It is not to be taken personally. 

ILTVSW pilot LOL: Marco Polo

30 Nov

FRA/ENGLISH

Allô, je voudrais parler à monsieur Underwood ! C’est une urgence ! Sauriez-vous à tout hasard comment joindre ce Shakespeare à qui vous me faites tellement penser ? Non, vous ne savez pas ou non, il n’est pas joignable ? Oh, je vois. C’est vraiment dommage. Parce qu’il pourrait vraiment faire quelque chose pour aider un p’tit gars italien que je viens de rencontrer. Voyez-vous Frank Underwood même si vous n’avez pas été aussi tranchant dans la saison 2 de votre série House of cards, vous demeurez un méchant génial. Un méchant pour adultes. Capable de nourrir une ambition sophistiquée et de négocier subtilement la vie comme une partie de poker. Deux trucs très divertissants à regarder. Et tout à coup, votre boss Netflix qui était également pointu dans le genre comédie – clin d’œil aux filles d’Orange is the new black – donne naissance à Marco Polo (sortie mondiale le 12 décembre). Une série historique supposée jouer dans la même catégorie que la plébiscitée Game of thrones.

Problème, ce pauvre Marco Polo semble perdu dans un océan de scènes bourrées de clichés. Pour résumer scientifiquement l’ampleur des dégâts voir l’équation suivante. Les guerriers aiment le sang => les bons guerriers sont cruels => les très bons guerriers ont besoin de récré => les femmes sont une récréation idéale => les femmes aiment cela sauf celle que l’on veut épouser et qui lance un regard prude mais insistant pour vous faire comprendre qu’elle aussi, elle aime cela, mais pas assez pour accepter ce que les femmes de la récré des très bons guerriers acceptent. O. M. G.

Sin, Sex & Khan

Comment est-il possible avec un budget presque sans limite et une liberté totale de produire une série dans laquelle un guerrier aveugle teste son agilité face à un cobra en colère (ceci n’est pas une métaphore) alors que ses copains qui ne sont pas aveugles s’adonnent au sexe collectif à demi dissimulés derrière des voiles judicieusement traversés par des courants d’air ? Sin, Sex & Khan. Telle pourrait être le slogan de cette série à 90 millions de dollars.

Le but de la série est de ne pas avoir de but et surtout pas celui de questionner le destin asiatique du grand aventurier Marco Polo ou le choc culturel constitué par sa rencontre avec Khan. En fait, ne pas avoir de point de vue paraît être le principal objectif. L’existence d’une intention artistique semble jugée dangereuse pour une série qui, si manifestement, a pour ambition de séduire la frange la plus large possible du public mondial. Un parti pris risqué, finalement. Car Marco Polo ne rappelle pas Game of Thrones mais Rome, une autre série HBO à 100 millions dollars, celle-là. Sauf qu’au terme d’un épisode son héros Lucius Vorenus comptait déjà beaucoup pour moi. Vous auriez énormément à apprendre de lui, Marco. D’accord, il portait la jupette et puisque c’était Rome avant JC, il était beaucoup question de sexe. Mais Rome disait des choses sur les affaires de famille et sur l’amitié. Jetez y un coup d’œil et découvrez comment éviter d’être si terriblement barbant.

Marco Polo (2014 –       )
Créateur/creator: John Fusco
Cast: Lorenzo Richelmy (Marco Polo), Benedict Wong (Kublai Khan)
Maths: 10 épisodes
Chaîne/Network: Netflix

© Netflix – The Weinstein Company

Hello, I need to speak to Mister Underwood ! This is an emergency ! Do you by any chance have the number of that Shakespeare you make me think of ? No, you don’t or no he isn’t reachable ? Oh, I see. That’s too bad. Because he could really do something to help a poor Italian fellow I just met. See, Frank Underwood even though you were not as sharp in season 2, your show House of Cards, you remain a great villain. A grown up designed villain. Which means you had a sophisticated agenda and a subtle way of playing poker with your life. Both things which were very entertaining to watch. And suddenly your boss Netflix which also was edgy in the comedy genre – wink at the great girls of Orange is the new black – gives birth to Marco Polo (worldwide release 12/12/2014).

An historical show supposed to be playing in the same category than the acclaimed Game of thrones. Problem that Marco Polo guy seems lost in an ocean of scenes full of clichés. To put it scientifically : warriors like blood => good warriors are cruel => great warriors need recreation => women are recreation => women like it except the one you marry who will only give you a prudish but insisting look to make you understand she also does but not enough to accept what the great warriors’ women accept to do. O. M. G.

Sin, Sex & Khan

How is it possible with a nearly no limit budget and 100% freedom to produce a show in which a blind warrior is improving his skills against an angry cobra (this it not a metaphor) while his not blind buddies are having collective sex half hidden behind veils moved by a delicate air stream. Sin, Sex and Khan. This could be the tag line of this 90 millions dollars TV show.

The all point of the show is not to have a point of view about the great Marco Polo journey in Asia or the culture shock that resulted from his meeting with Khan. Or any kind of point of view. And I guess the reason for that is that a point of view is considered dangerous for a show that is so obviously seeking for a wide worldwide audience. But at the end of the day not having a point of view seems to be the risky move. See, you do no not make me think of Game of Thrones but of Rome the 100 millions dollars HBO show. Except that after one episode, I already cared about its hero Lucius Vorenus. There is so much you, Marco, could learn from him. OK, he wore a skirt and because it was Rome before JC there was sex (a lot). But the show said a big deal about family business and friendship. Take a glimpse and try to learn how not to be so terribly boring.

ILTVSW guest star: Greg Poehler (VF)

2 Nov

FRANÇAIS

Greg Poehler, le créateur et showrunner deWelcome to Sweden était à Fontainebleau, en juillet dernier, invité par le festival des scénaristes français Série series. ILTVSW a eu la chance de le rencontrer et de discuter avec lui de comédie, d’écriture, de coproduction et de comédies romantiques.

Alors qu’Arte diffuse en ce moment Lilyhammer, une autre série qui raconte le quotidien d’un autre Américain qui a déménagé dans le Nord de l’Europe, il nous a semblé intéressant d’explorer les défis artistiques que représente une aventure de ce genre.

 

 

 

ILTVSW. Dans quelle mesure une comédie doit-elle trouver sa source dans une expérience personnelle pour bien fonctionner?
Greg Poehler. Je ne sais pas si une comédie a besoin d’être personnelle pour fonctionner. Je pense que l’on peut écrire une bonne comédie sur un sujet qui n’a rien à voir avec sa propre vie ou expérience. Cela dit, je pense que c’est plus facile quand c’est un sujet que l’on connaît. Je fais de la stand up comedy en Suède et aux Etats-Unis et en tant que comédien, on apprend rapidement que plus on est authentique, plus on s’inspire de sa propre vie, plus on est apprécié par le public parce que l’on est plus drôle. Je pense également que lorsqu’il s’agit de soi, on est plus concerné et cela rend ce que l’on écrit meilleur à long terme car on est plus vigilant que si l’on écrivait juste une histoire parmi d’autres.

ILTVSW. L’authenticité est donc le facteur le plus important?
Greg Poehler. Je ne sais pas si c’est le facteur clé. Je sais que je voulais créer une série qui donnait une impression de réalité. Quand je regarde la télévision en général, et les comédies en particulier, l’une des choses que je n’aime pas, c’est lorsque l’on sacrifie l’authenticité au profit du rire. Je décroche. Je ne suis pas adepte du style blague après blague. J’apprécie lorsqu’au contraire, on privilégie la réalité, on freine un peu sur la comédie, même si c’est moins drôle, parce que la vie n’est pas une succession de blagues. On peut espérer cependant qu’à long terme, les téléspectateurs s’attachent plus à une série comme ça. Dans les sitcoms classiques, il y a peu de possibilités d’attachement émotionnel, on peut louper un épisode. C’est un autre type de séries et d’expérience pour les téléspectateurs.

 

Le plus souvent, votre série n’existera pas si ce n’est pas vous qui l’écrivez

 

ILTVSW. La plupart des bonnes comédies à la TV sont créées par des comédiens-auteurs, cela apporte-t-il quelque chose de plus?
Greg Poehler. Je suis convaincu que si vous écrivez pour vous même, vous connaissez vos points forts et donc vous écrivez quelque chose qui sera plus drôle pour vous car de la manière dont vous l’interpréterez réellement. Il est quelque fois difficile quand l’on raconte les blagues de quelque d’autre de le faire de manière authentique. De ce point de vue, c’est un considérable avantage de revendiquer un dialogue et de le trouver drôle. Mais cela peut aussi très bien fonctionner avec un scénario très bien écrit par des auteurs très drôles. Peut-être un peu moins bien, quand même (sourire).

ILTVSW. Vous connaissez vos points forts mais également vos faiblesses et peut-être que vous refuserez de vous aventurer sur ce terrain et que cela sera dommage …
Greg Poehler. Effectivement, je ne suis pas certain que l’on ait envie de cela devant la caméra. Le danger serait de ne pas écrire quelque chose qui repousse nos limites. Cela serait peut-être le seul point négatif, effectivement.

ILTVSW. Comment expliquez-vous le fait qu’il y ait autant de comédiens-auteurs dans le domaine de la comédie et si peu dans le domaine du drama?
Greg Poehler. Les gens qui sont dans la comédie ont tendance à être des auteurs qu’il s’agisse de sketchs ou de stand up. Cela va ensemble. Je pense que le plus souvent, et certainement dans mon cas, votre série ne verra pas le jour si vous ne l’écrivez pas. Et vous ne jouerez pas dedans si vous ne l’écrivez pas. Du coup, on voit de plus en plus de gens qui écrivent leurs trucs pour se voir donner une chance. C’est d’ailleurs, le conseil que je donne à quelqu’un qui voudrait se lancer. Ne comptez pas sur les autres. C’est très rare que quelqu’un écrive le rôle parfait pour vous. En plus, quand on a écrit quelque chose dans lequel on veut aussi jouer, c’est plus difficile de nous dire non. Il faut vraiment être très mauvais pour que l’on nous dise non. (rires).

ILTVSW. La comédie n’est pas un genre facile parce que l’humour est quelque chose d’assez subjectif, comment avez-vous surmonté cela dans Welcome to Sweden
Greg Poehler. Nous avions des scénaristes suédois dans la writing room. Les blagues devaient être jugées drôles par nous tous avant de sortir de la pièce.  Cela dit je ne crois pas que l’on puisse trouver une blague ou une série qui fonctionne partout. Il y a peut-être quelques exceptions à cette règle. Au mieux 70% des gens vont l’aimer. 20% la détester. Et 10% dire qu’elle est OK.  C’est le pronostic le plus optimiste. Nous avons essayé d’écrire des trucs drôles qui fonctionnaient sur les Suédois et les Américains de la pièce en espérant que cela marcherait aussi dans d’autres pays.

ILTVSW. Il semble essentiel de savoir jeter des éléments qui nous sont chers pour écrire une bonne comédie, l’avez-vous fait?
Greg Poehler. Je l’ai fait. Mais, il y en avait peu dans cette première saison. Je voulais surtout qu’elle se termine d’une certaine manière mais j’étais le seul. Je me suis battu dans ce sens aussi longtemps que j’ai pu, et puis, il y arrive un moment où il faut se rendre à l’évidence, j’étais seul contre 12 personnes qui disaient toutes que c’était une mauvaise idée. C’est la limite de la confiance en soi et de la fierté, il faut admettre que peut-être les autres ont raison. Je ne sais pas, je pense toujours que j’avais une meilleure idée (rires)! Je voulais finir sur un cliffhanger. Je ne voulais pas que l’intrigue soit résolue. Pour que les téléspectateurs attendent la saison 2. C’est douloureux. Même à 12 contre 1, je me demanderai toujours si mon plan n’était pas le meilleur.

 

 

ILTVSW. Est-il possible que le processus d’écriture collectif tue de temps en temps la créativité à cause d’une règle de majorité?
Greg Poehler. Cela peut être mauvais. Regardez la bonne télévision américaine de ces dernières années. 30 Rock est vraiment la vision de Tina Fey. Louie est l’unique série contrôlée totalement par une seule personne. Et même Breaking Bad de Vince Gilligan entre dans cette catégorie. Ce sont des formats dans lesquels le contrôle du créateur qui est le seul en charge rend les séries meilleures au bout du compte. Il faut bien entendu que cette personne sache ce qu’elle fait et qu’elle ait du talent. Je dois dire que pour quelqu’un qui n’avait rien fait avant, j’ai eu plus de contrôle qu’aucun auteur dans l’histoire de la télé donc je ne peux pas me plaindre de n’avoir eu que 95% de contrôle. Si vous faites confiance aux gens avec qui vous travaillez et qu’ils disent tous la même chose, il faut prendre du recul, réévaluer et comprendre pour quelle raison ils disent non. Cela ne signifie pas que vous aimiez cela mais vous devez l’accepter. Cependant, c’est vrai, le risque existe. Plus il y a de gens impliqués, plus le risque existe. Particulièrement quand il s’agit d’une coproduction entre les Etats-Unis et la Suède. Quand différents pays sont impliqués, vous recevez de nombreuses notes contradictoires. Il faut se faire confiance et rester aussi fidèle que possible à sa vision originale. Je tenais particulièrement, par exemple, à un certain rythme pour la série. Je voulais qu’elle soit subtile. Cela n’a pas été facile mais je crois que nous y sommes parvenus.

ILTVSW. Vous avez choisi le chemin difficile de la comédie romantique …
Greg Poehler. J’ai toujours secrètement aimé les comédies romantiques. Je les regarde souvent tout au fond dans les avions quand personne ne me voit. Je suis souvent frustré, je parle de cinéma, car elles emploient toujours une formule, on voit tout de suite où elles veulent en venir. Donc, j’ai voulu créer une série qui serait une comédie romantique drôle mais qui permettrait aussi de se sentir concerné par les personnages. Cela m’a toujours guidé dans le processus créatif. Je voulais que la série soit tendre. Je suis vraiment beaucoup plus sensible que Mindy Kaling (rires)!

Titre: Welcome to Sweden (2014- )
Créateur: Greg Poehler
Cast: Greg Poehler, Josephine Bornebusch, Lena Olin, Amy Poehler
Chaînes: TV4 (Sweden)/ NBC (USA)

© 2014 ILTVSW

La semaine prochaine dans ILTVSW …  Oups, pas encore tranché, désolée.

ILTVSW guest star: Greg Poehler

26 Oct

ENGLISH

Greg Poehler, the creator and showrunner of Welcome to Sweden was in Fontainebleau last july invited by the French screenwriters festival Série series. ILTVSW was lucky enough to seat with him and talk comedy, writing, coproduction and romantic comedies.

As the French network Arte is this week airing Lilyhammer, another comedy show telling the story of another American moving to the north of Europe, the timing was perfect to explore the challenges of such an artistic adventure.

 

 

 

ILTVSW. How much does comedy need to come from a personal experience to be great?
Greg Poehler. I don’t know if it needs to be personal to be great. I think you can write a great comedy about something which has nothing to do with your life or your experience. I think it is easier if it is something you know. I do stand up comedy in Sweden and in the US and as a stand up comedian you learn pretty early on that the more stuff you can do that’s genuine and about your own life it’s better received by the audience. They appreciate it more and it turns up to be funnier. Also I think if it’s about you and your own experience, you just care more about it and maybe that makes it better in the long run because you really pay more attention than you would be if it was just a random story.

ILTVSW. The genuine factor is the most important thing in comedy writing?
Greg Poehler. I don’t know if it’s a key to comedy. The show that I wanted to make was a show that felt real. When I watch television in general and comedies especially part of the things that I don’t like if when a comedy sacrifices reality and genuineness for laughs. That loses me. I personally don’t like the « jokes, jokes, jokes all the time » style. When you do genuine and real you do have to pull back on the comedy, it becomes less funny because life is not one joke after another. Hopefully in the long run the viewers connect more with a show like that. In a regular sitcom that has jokes all the time you don’t really develop an emotional attachment to it, you don’t need to watch every episode, you can just miss one. It’s a different type of show and viewing experience.

 

 A lot of times you don’t get to make the show unless you write it

 

ILTVSW. A lot of great comedy TV shows are made by actors-writers, do you think it brings something more?
Greg Poehler. I definitely think that if you are writing for yourself you know what your strengths are and you end up writing lines that you know are funnier for you and written in a way that you would actually say them. It’s difficult sometimes when you are telling somebody else’s jokes to deliver them in a way that sounds genuine. In that aspect I think it’s a huge advantage and benefit to have all the dialogue be something that you yourself stand behind and find to be funny yourself. But if you have a script that’s really well written by really funny people I think that could work just as well. Maybe a little bit less (smile).

ILTVSW. You know your strengths but you also know your weaknesses and maybe you do not want to go there …  
Greg Poehler. I don’t know if you want to go there if you are on camera … The danger might be that you wouldn’t write something that stretches your limits, maybe something you couldn’t do. That’s maybe the only downside to it.

ILTVSW. Do you have an explanation to the fact that there are so many acting-writing people in comedy which is not the case in drama?
Greg Poehler. People who are in comedy in general tend to be writers anyway writing their own material weither it would be stand up or sketchs. It kind of goes hand and hand. Also I think, certainly in my case, a lot of times you don’t get to make the show unless you write it. And you wouldn’t be in it unless you write it. More and more you see people having to write stuff for themselves to be able to be given opportunities. That would be my advice to anyone who is trying to make it in comedy certainly is to write stuff for yourself. Don’t rely on somebody else. It is very rare that someone is going to write the perfect part for you. Also when you write something and you bring it to someone and you also want to act in it, it is tougher for them to say no. You have to be pretty bad for them to say no (laughs).

ILTVSW. Comedy is not an easy genre because people do not share the same humor, how did you deal with that with Welcome to Sweden
Greg Poehler. Our process was that we had Swedish writers in the writers room. Our test was all the jokes or scenes had to be funny for all of us before we would allow it to be sent out of that room. I don’t think you can ever find a joke or a show that works everywhere. There are probably some exception to that rule. At best you are going get 70% people liking it. 20% hating it. And 10% saying: it’s OK. That’s about as good as you can do. We tried to find jokes that worked at least for both Swedish and American in the room and hoped it would translate in every country.

ILTVSW. Killing darlings seems essential to write good comedy, did you on your show?
Greg Poehler. I did. I have very few darlings I would say in the first season. I wanted to first season to end a certain way and nobody else wanted it to end that way. I fought for it for as long as I could and then eventually there was a point where it was just me against twelve people who all said no. Your confidence in yourself and pride can only go so far eventually you have to realize OK if everybody thinks this way maybe they are right. I don’t know, I still think I was right (laughs)! I wanted it to end in more of a cliffhanger way. I didn’t wanted it to be resolved. So that season 2 people would be waiting for it. It’s totally painful. I will always wonder even though I was out voted 12 to 1 if my way would have been better.

 

 

ILTVSW. Is there a possibility that the collaborative process in TV writing sometimes kills the creativity because of some kind of a majority rule?
Greg Poehler. It can be bad. Look at the state of good American TV in the past years. You know 30 Rock was very much Tina’s vision, Louie is the only show there is where a person has total control over. Even Vince Gilligan for Breaking Bad. I think you find a format that if there is one person that’s kind of in charge and has real control over the show often times the end result is much better. As long as that person knows what they are doing and is talented. I have to say as someone who has never done anything before I probably had more control than any person ever like in the history of any show so I can’t complain that I only had 95% control. If you trust the people you are working with and they all say no, you have to take a step back and try to reevaluate and understand why they are saying no. You still hate it but you have to at least accept it. That said, there is totally a risk. The more people that are involved the more risk. Especially when you are talking about coproduction between Sweden and the U.S. With different countries involved you get so many conflicting notes and remarks. Ultimately you have to trust yourself and what you want to do and try to stay true to your vision as much as possible. I had a certain pace that I wanted the show to be. A little understated. Not so over the top. It was tough to stay true to what I wanted but I think it worked out.

ILTVSW. Not so easy the rom coms path …
Greg Poehler. I have always secretly liked romantic comedies. I usually watch them on the back of airplanes when no one else is watching and hope no one sees me but I am often frustrated by them, I am talking movies now, because they are often kind of formulaic, you see where they are going right away. So I wanted to make a TV show that was a romantic comedy that was funny but where you still had characters that you were rooting for. That was always the guide for the show. I wanted it to be sweet. I am obviously much more sensitive than Mindy Kaling (laughs)!

Title: Welcome to Sweden (2014- )
Creator: Greg Poehler
Cast: Greg Poehler, Josephine Bornebusch, Lena Olin, Amy Poehler
Network: TV4 (Sweden)/ NBC (USA)

© 2014 ILTVSW

Next week in ILTVSW …  the Greg Poelher interview in French