Ta #série, toi et nous : Kaamelott

28 Avr

Parce que c’est l’un des derniers endroits qui nous rassemble. Parce que nous avons plus que jamais besoin d’être ensemble. Et parce que… nous allons passer beaucoup de temps sur le canapé, voici « Ta série, toi et nous ».

Je reçois ici un (e) invité (e) dont j’aime l’écriture, la voix et/ou le regard à partager sa relation avec l’héroïne ou le héros de sa vie. Merci infiniment à Maxime Pambet d’avoir accepté mon invitation

Maxime Pambet, comédien 

Qui est le seul personnage qui peut quelque chose pour toi ?
C’est loin d’être le seul mais s’il en faut un, je dirais, Perceval le Gallois, joué par Franck Pitiot dans Kaamelott. Faut faire attention à ne pas se tromper hein, parce que dans le Languedoc les gens l’appellent Provencal (ouais il s’est gouré une fois en disant son nom), mais pour la Bretagne, au sud c’est le Gros Faisan, et au nord c’est juste ducon.
On a facilement tendance à le prendre pour un débile, du fait de ses nombreuses bourdes, conneries et erreurs de langage, mais la série révèle au fur et à mesure un personnage tendre, fidèle, pas dénué d’un certain courage, brillant sous certains aspects, et bougrement attachant. Loin d’être un imbécile, Perceval est plus certainement un naïf, qui vit dans un rapport immédiat et sans filtre avec le monde. Pas d’ironie chez lui ni de second degré, les angles de la carte sont d’abord les quatre coins du papier avant d’être un peuple figuré par des cailloux. On le pense souvent efflanqué de son ami Karadoc, mais je crois qu’au fond son véritable partenaire c’est le Roi Arthur. Son double inversé disons : à la lucidité parfois déprimée de ce dernier s’oppose la joie et l’enthousiasme de Perceval, toujours curieux, désireux d’apprendre, même quand il ne comprend rien. Ils forment à eux deux les deux faces d’une même pièce où se joue toute notre humanité. Pour en revenir à lui, c’est bon vivant, buveur et mangeur, amateur de jeux de sociétés compliqués, passionné par l’astronomie et peu enclin au malheur, jovial par nature, honnête, droit, avec un grand cœur. Un type plutôt agréable à fréquenter donc…

D’accord il a changé ta vie mais comment ?
Je suis de la génération Kaamelott, ces personnages, autant que les Nuls et les Inconnus sont constitutifs d’un imaginaire et d’un certain type d’humour qui a véritablement eu valeur d’éducation pour mes ami.e.s et moi. Ce sont presque des figures familiales ; Perceval c’est tout à la fois un oncle, un frère et un pote dont on se moque avec tendresse, mais qu’on aime follement pour tout ce qu’il est, qualités et défauts compris.
S’il a changé ma vie c’est tout d’abord par les rires qu’il m’a offert. On ne compte plus les phrases et répliques cultes qu’il nous reste de ce dernier, on parle quand même d’un mec qui « connait une technique pour tuer trois hommes en un coup rien qu’avec des feuilles mortes » ! Ensuite ce serait via son rapport à l’enfance, la naïveté de ce dernier est presque une sorte de catharsis inversée pour moi : en étant constamment dans un rapport premier aux choses comme aux mots, il nous invite à déconstruire nos idées reçues et nos grands principes, pour nous en purger nous même par le rire. Une fois commencée cette remise en question, on en vient même à ce se demander s’il ne serait pas au fond le plus intelligent de tous ? Sans aucun doute le plus sensible en tout cas. Comme il le dit lui même : « c’est pas moi qui explique mal, c’est les autres qui sont cons ».

 

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Et il pourrait quoi pour la nôtre ?
Ce sont là des poncifs mais je crois sincèrement que le rire est un des plus beau cadeau que l’on puisse faire à son prochain. Par lui on dédramatise les douleurs de l’existence, et on allège un peu la vie.  Perceval peut tout autant donner à rire qu’à penser, ce qui n’a rien de contradictoire d’ailleurs. Depuis l’antiquité comique et critique ont toujours marché main dans la main. Avec lui on entame une réflexion sur le langage, sur nos lieux communs, nos expressions toutes faites, tous ces moments où nous ne pensons plus véritablement, mais où le langage nous pense et parle à notre place. Enfin par le regard neuf qu’il pose sur le monde et la vie, Perceval nous offre une certaine forme de poésie, qui va de l’étonnement à l’émerveillement, et dont la joie serait le salaire. Par les temps qui courent, garder une âme d’enfant pourrait s’avérer salvateur pour chacun d’entre nous.

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